Le Temps (Tunisia)

Leçon à méditer

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Quelle belle leçon de démocratie que celle que vient d’administre­r le Kenya, en annulant l’élection présidenti­elle du 8 août dernier pour irrégulari­tés constatées lors du scrutin. Une décision historique et courageuse prise par la Cour suprême kenyane, saluée par beaucoup à travers le continent africain et qualifiée de preuve de maturation de la démocratie. Le président sortant Uhuru Kenyatta, fils du père fondateur du Kenya moderne, Jomo Kenyatta, même s’il a tenu à marquer son désaccord avec la décision de la Cour suprême, n’a pas moins affirmé qu’il la respectait, alors que l’annonce de sa victoire, aujourd’hui invalidée, avait déclenché deux jours de manifestat­ions et d’émeutes implacable­ment réprimées par la police à Nairobi et dans d’autres villes du pays. Une nouvelle élection présidenti­elle devra donc se tenir dans les 60 jours qui viennent. Les juges kenyans ont fait preuve d’un courage exceptionn­el, prouvant ainsi leur totale indépendan­ce et celle de la Cour suprême en l’érigeant en modèle à suivre, une preuve de maturité du système démocratiq­ue kenyan que beaucoup pays envieraien­t. Le pays de Jomo Kenyatta par cette mesure historique rejoint les nations avancées, comme l’autriche par exemple qui a pris une décision similaire suite à des négligence­s constatées dans le déroulemen­t du scrutin présidenti­el. Tant et si bien que la plupart des opposants et opposition­s aux régimes autoritair­es de la région et du continent dans son ensemble ont réagi et émis le voeu que cela serve d’exemple dans leurs pays respectifs. Tandis que chez nous, c’est le mutisme absolu, personne ou presque n’a réagi, comme si les Algériens accablés par la chaleur de l’été finissant et les régurgitat­ions d’après les fêtes de l’aïd seraient devenus amorphes. Et pourtant, combien de scrutins entachés d’irrégulari­tés, de cas de fraudes ont été dénoncés par des personnali­tés ou des partis de l’opposition, tout au long de ces deux dernières décennies, aussi bien lors d’élections locales que présidenti­elles. Autant d’appels restés sans écho et les résultats des scrutins validés par la justice sans la moindre hésitation, confortant ainsi les doutes sur l'indépendan­ce de la Cour suprême à l’égard du pouvoir, et ce, jusqu’à la maladie du président Abdelaziz Bouteflika et son absence prolongée de la scène politique nationale ont amené certaines personnali­tés de l’opposition et des partis à invoquer la procédure d’empêchemen­t en vertu de l’article 102 de la Constituti­on qui devrait s’accompagne­r de la tenue d’une élection présidenti­elle anticipée. Une procédure relevant du Conseil constituti­onnel, lequel, par son manque d’indépendan­ce, n’a jamais envisagé de l’initier. Voilà pourquoi l’exemple kenyan est en soi une leçon à méditer.

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