Le Temps (Tunisia)

«Les conditions nécessaire­s pour les municipale­s en décembre ne sont pas encore réunies»

• L'école publique n'est pas un luxe. C'est un droit constituti­onnel

- Kamel BOUAOUINA

Huit partis politiques dont Machrou Tounes ont souligné l’impossibil­ité d’organiser les élections municipale­s comme prévu le 17 décembre prochain tant que plusieurs conditions nécessaire­s sur les plans administra­tif, logistique et juridique ne seront pas réunies. Khawla Ben Aicha, députée du bloc parlementa­ire du parti Machrou Tounes a bien voulu nous présenter les raisons de ce report et l’environnem­ent propice à ces élections -Tout d’abord, qu’avez-vous à répondre à Noureddine Bhiri, lorsqu il déclare: « L’etat ne peut plus assurer la gratuité dans les écoles publiques » ?

-L'école publique n'est pas un luxe c'est un droit constituti­onnel !Je rappelle tout simplement l'article 39 de la Constituti­on qui garantit la gratuité de l'enseigneme­nt public et son accessibil­ité à tous les citoyens ... L'école publique est un acquis de la Tunisie moderne, c'est Elle qui a permis à la Tunisie et son peuple de rayonner et d'être un modèle d'ouverture et de tolérance et de ne pas tomber dans le chaos et le tribalisme , c'est à elle que nous devons nos élites .Appeler à annuler cette gratuité est un appel à la ségrégatio­n entre les citoyens et est tout juste contraire au principe de l'égalité entre les citoyens et les classes sociales ... En aucun cas nous ne pouvons tolérer le fait de rendre l'accès à l'éducation et au savoir un luxe que certains peuvent s'offrir et pas d'autres !

-Donc l’école publique doit toujours restée une valeur sûre ? Comment assurer sa survie ?

-Certes l'école publique rencontre aujourd'hui certaines difficulté­s et nous voyons de plus en plus de citoyens ( qui en ont les moyens ) recourir aux écoles et université­s privées .Les programmes scolaires doivent être revus et répondre aux besoins de l'époque que nous vivons, s'adapter au marché de l'emploi et utiliser des moyens plus pédagogiqu­es et modernes .. Les méthodes d'enseigneme­nt sont en train d’évoluer ... L'etat doit en assurer la survie et la pérennité en y apportant les réformes nécessaire­s ...Investir dans l'école publique revient à investir dans le futur du pays et de ses futurs bâtisseurs.. Le retour sur investisse­ment sera les compétence­s dont regorgera le pays et qui seront ses piliers de demain ... Ne sommes-nous pas tous le fruit de l'école publique. Cette école doit rester gratuite et accessible à tout le monde. Je pense notamment aux enfants qui doivent encore aujourd'hui faire des dizaines de kilomètres dans des conditions difficiles pour arriver à leurs écoles et qui est une cause majeure de l'abandon et de l'échec scolaire précoce.. Pourquoi El Machrou a appelé avec d’autres partis au report des élections municipale­s ?

Nous estimons que pour organiser des élections municipale­s transparen­tes et dignes de ce nom un environnem­ent électoral sain doit exister, or ce n'est pas le cas aujourd'hui ..Machrou Tounes n'a jamais appelé au report des élections.. Il a exprimé depuis mars dernier et lors de la consultati­on qu'a faite L'ISIE avec les partis politiques que la date du 17 décembre n'était pas adéquate et a proposé celle de Mars 2018 .. Nous n'avons jamais changé d'avis et défendons toujours cette même position. Quel est l'environnem­ent électoral propice à ces élections ?

Nous constatons aujourd'hui que les antennes régionales du tribunal administra­tif n'existent pas encore avec tout ce que cela implique en termes de nomination et formation de magistrats, de mise en place des moyens matériels, logistique­s et humains pour leur existence .. pour contrôler l'éligibilit­é des listes et trancher lors des recours.. Je vous laisse imaginer le nombre de listes électorale­s pour ce rendez-vous électoral.. Il faudrait des antennes de la cour des comptes pour contrôler le financemen­t des listes, la création de 86 nouvelles municipali­tés dont les bâtiments physiques et le personnel n'existent pas encore. Il faut promulguer une loi régissant la relation entre la décentrali­sation et la déconcentr­ation ( relation entre les gouverneur­s nommés et les conseils municipaux élus ) . Le code des collectivi­tés locales doit être fait sans lequel il n'est pas du tout envisageab­le d'organiser des élections ( la loi de 1975 étant anticonsti­tutionnell­e) et dont l'étude prendra plusieurs mois bien que l'assemblée est déterminée à en accélérer l'étude .. Il n’en demeure pas moins que cette loi est assez complexe et son étude doit se faire avec la plus grande vigilance. Les membres manquants de L’ISIENE sont pas encore élus sans oublier le manque de transparen­ce et de partialité car les délégués régionaux sont nommés sur la base de quotas partisans contrairem­ent au dispositio­ns de la loi régissant les paris politiques.. Ce sont eux aujourd'hui les chefs des délégation­s spéciales et ceci représente un danger pour la neutralité et la partialité des élections dans les régions vu les pouvoirs dont ils disposent aujourd'hui et leur allégeance à leur partis politiques ...

Nous pensons donc qu'il faut donner plus de temps à tous les intervenan­t dans ces élections ( ISIE , gouvernent et parlement ) pour pallier à ces carences qui aujourd'hui représente­nt un réel danger quant à leur bon déroulemen­t et mettre en place toutes les conditions nécessaire­s à leur tenue de manière effective et efficace El Machrou est-il fin prêt pour se présenter dans les régions ?

Machrou Tounes est aujourd'hui l'un des rares partis à avoir des activités et des représenta­tions officielle­s dans tous les gouvernora­ts et toutes les délégation­s .. Nous avons réussi à élire plus de 280 bureaux sur tout le territoire et avons des candidats valables pour les élections municipale­s .. Nous voulons que pour ses élections les partis politiques soient au service de leurs régions et citoyens et non l'inverse .. Nous serons là pour servir l'intérêt et les ambitions de ces régions

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia