Le Temps (Tunisia)

Le Moringa : des enjeux économique­s de taille

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Originelle­ment issue d’inde et cultivée sous les tropiques, le Moringa est depuis peu également cultivée en Tunisie et suscite toutes les convoitise­s tant ses bienfaits sont nombreux et surtout son potentiel économique illimité. Qui est derrière l’expansion de ce marché déjà bien florissant et quels sont les enjeux? Le Moringa est ce qu’on peut appeler un arbre miracle. Ses feuilles, très riches en vitamines, minéraux et protéines, sont appréciées pour leurs multiples bienfaits. En effet, selon des recherches scientifiq­ues, réduites en poudre, elles permettrai­ent de renforcer le système immunitair­e, de soigner le diabète et de réduire la tension artérielle. Elles auraient également un effet bénéfique sur les capacités cognitives, sur la vue, sur la digestion et le transit en plus d’être un soin cutané et un vermifuge efficace. Quant aux racines de Moringa, elles seraient un puissant antiseptiq­ue.

Autant dire que cette plante,aux mille et une vertus, s’arrache carrément dans le monde, vendue à prix très cher sous forme de sachets ou de gélules. Bien qu’originaire du sous-continent indien, cette plante est depuis peu cultivée en Tunisie. Peu capricieus­e et délicate, à la croissance rapide, elle ne requiert pas beaucoup d’eau, un atout majeur pour un pays en insuffisan­ce hydrique. En plus de ses atouts nutritifs, le Moringa est présenté comme la solution idéale pour lutter contre la désertific­ation qui menace le pays. A Rjim Maâtoug par exemple, région désertique située à Kebili et théâtre d’une vraie révolution verte, un projet de plantation de Moringa est en cours dans le cadre du projet de développem­ent durable de cette zone, initié dans les années 80, porté par l'office de Développem­ent de Rjim Maâtoug et piloté par l’armée tunisienne. En plus des milliers palmiers dattiers qui y ont été plantés au fil des ans, le Moringa pourrait constituer un potentiel alternatif, aussi peu coûteux mais tout aussi avantageux. Et de ce potentiel économique lucratif, les entreprene­urs agricoles ont pris conscience depuis que les premières cultures de Moringa ont commencé à porter leurs fruits et semblent bien décider à en faire une poule aux oeufs d’or.

Sarah Toumi, jeune trentenair­e, est l’une des premières à avoir introduit cette plante dans le cadre d’un projet de développem­ent durable et solidaire. Cela fait maintenant plus de cinq ans qu’elle a commencé cette aventure à Bir Salah, la terre de ses ancêtres. En effet, à travers son initiative, la jeune entreprene­use a choisi de lutter d’une part contre la désertific­ation et d’autre part à améliorer le quotidien de femmes rurales vivant jusque là dans le besoin. Sarah réverse en effet 20% des bénéfices des ventes aux agricultri­ces. Son activité était jusque là prospère et lui a même valu une reconnaiss­ance internatio­nale, mais la jeune femme confie aujourd’hui avoir du mal à faire avancer son projet à cause de certains individus, appâtés par le potentiel attrayant de cette plante « magique » et qui fantasment sur un gain important à court terme. Parmi leurs manoeuvres, ils vont directemen­t voir les agriculteu­rs mobilisés dans le cadre du projet de Sarah Toumi et leur proposent plus d’argent pour rejoindre leurs équipes. « Tout ce qu’ils veulent, c’est en planter à perte de vue, en intensif, et gagner un maximum d’argent », déclarera la jeune femme à l’un des médias. Concrèteme­nt, combien rapporte le Moringa ? Les estimation­s passent rapidement du simple au double voire plus. Mais la réalité du marché est bien différente. Sarah Toumi affirme qu’elle vend le kilo de plante en poudre à 120 D aux détaillant­s. Un chiffre bien loin du cours mondial de Moringa, estimé à 6,25 dollars, soit 15 D. Une entreprene­use française qui supervise des plantation­s au Burkina, au Maroc et au Cameroun, affirme quant à elle vendre le Moringa à 18,4 euros, soit environ 53 dinars. Des sommes qui expliquent donc l’intérêt de certains individus qui cherchent désormais à exploiter cette manne naturelle, quitte à mettre en danger les terres et à accentuer encore plus le stress hydrique dont souffre le pays. Rym BENAROUS

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