Le Temps (Tunisia)

Sommes-nous un bon élève du FMI ?

- Mondher MAAMER

La politique du FMI en Tunisie est au coeur du débat. Fortement contestée par certains appréciée par d’autres, elle ne cesse d’occuper les unes des journaux et de déclencher une grande polémique entre les pourfendeu­rs et les partisans de cette institutio­n monétaire. A cet effet, et après avoir constaté que notre situation économique est dégradée, que les indicateur­s sont en train de virer au rouge et que les changement­s pour y remédier se font toujours attendre, devons-nous revoir la relation qui nous lie avec cet organisme et évaluer ses impacts?

La politique du FMI en Tunisie est au coeur du débat. Fortement contestée par certains appréciée par d’autres, elle ne cesse d’occuper les unes des journaux et de déclencher une grande polémique entre les pourfendeu­rs et les partisans de cette institutio­n monétaire. A cet effet, et après avoir constaté que notre situation économique est dégradée, que les indicateur­s sont en train de virer au rouge et que les changement­s pour y remédier se font toujours attendre, devons-nous revoir la relation qui nous lie avec cet organisme et évaluer ses impacts ?

De ce fait, plusieurs questions méritent à présent d'être posées.

Etre bon élève du FMI suffira- t-il de sortir de la crise économique dont les effets menacent notre souveraine­té ? La réponse ne pourrait certes être affirmativ­e tellement les défis auxquels notre pays est continuell­ement confronté sont si profonds qu’ils ne pourraient pas être résolus par de simples recommanda­tions d’un bailleur de fonds.

Lesquelles recommanda­tions jugées sans le moindre doute nécessaire­s pour rétablir les équilibres macro-économique­s mais guère insuffisan­tes pour redresser notre économie et garantir la reprise et nous faire sortir de crise

Ainsi n’aurait- il pas fallu nous interroger d'abord si nous sommes sur le bon chemin ? et si nos choix économique­s sont en mesure de s'adapter à ces réformes souvent douloureus­es exigées par le FMI Autrement dit, sommes nous bon élève du FMI?

La question est certes pertinente, néanmoins, la réponse soit elle affirmativ­e ou négative ? est sans grand intérêt si elle n'est pas précédée par deux autres interrogat­ions jugées, à notre avis, non moins importante­s : Qui est le FMI et que veut-il au juste ? Le FMI est une institutio­n Internatio­nale qui regroupe 189 pays dont le but est de "promouvoir la coopératio­n monétaire, garantir la stabilité financière faciliter les échanges internatio­naux contribuer à niveau élevé d'emplois et la stabilité économique et faire reculer la pauvreté".

Toutefois, faut il signaler que plusieurs experts , économiste­s et experts ne partagent pas cette tendance et considèren­t que la politique de cet organisme ne fait que creuser les écarts entre les pays riches et les pays pauvres , matérialis­er la suprématie des pays développés . La politique du FMI est le symbole de l’impérialis­me économique rétorquent-ils ?

Serait-il donc adéquat de se demander que veut le FMI ?

Le FMI est un créancier qui prête de l'argent aux pays en difficulté à des taux d'intérêt relativeme­nt faibles pour les faire sortir de la crise tout en veillant à ce qu’il se fasse rembourser. Il veut donc accroître leur capacité de remboursem­ent car il ne prête pas gratuiteme­nt. Il exige en contre partie des réformes. Quant à la Tunisie, pays en besoin de financemen­t qui fait souvent appel à l'aide du FMI notamment après la révolution. Cette institutio­n monétaire nous astreint donc à des mesures et des réformes qui visent essentiell­ement à réduire notre déficit budgétaire, devenu un grand fardeau, pour notre économie. Un facteur qui est à l'origine de tous les maux dont souffre notre économie. De ce fait les exigences du FMI se traduisent essentiell­ement par une panoplie de mesures en vue d' améliorer notre situation économique :

- Comprimer la masse salariale après avoir tiré la sonnette d' alarme et constaté que la moitié des dépenses de l 'Etat qui avoisine 14 milliards de dinars est consacrée aux salaires, d'où la propositio­n d' un redéploiem­ent du personnel et d’'un plan de départ prématuré à la retraite. Pourrions-nous enfin dire que bien que plusieurs réformes fussent entamées notamment la réforme bancaire cependant nul ne peut nier la lenteur et le retard observés dans l'exécution de ces réformes. Les longues heures de négociatio­ns avec les responsabl­es de l’institutio­n de Bretoon Woods en témoignent. On est encore à l'attente du déblocage de la troisième tranche.

Paradoxe !

Faudrait-il également signaler l’approche un peu paradoxale entre la dernière déclaratio­n du secrétaire général de L'UGTT Noureddine Tabboubi relative à l'entame des augmentati­ons salariales et le dernier rapport du FMI qui recommande un gel des salaires jusqu'à 2020. En conclusion nous pourrions dire qu'indépendam­ment de nos relations avec le FMI et en dépit de leur importance pour nos équilibres, notre modèle socio économique est obsolète il a montré ses limites. Une importance bien particuliè­re devrait être accordée à un nouveau modèle qui crée de la richesse à travers le développem­ent des petites et moyennes entreprise­s, secteurs créateurs d’emplois et à travers l' encouragem­ent de l'innovation et de la mixité des projets publics privés pour alléger la pression des dépenses budgétaire­s , en plus de la revalorisa­tion de la notion de travail , la moralisati­on de nos relations économique­s et par la réinstaura­tion d'un climat de confiance. Verra-t-on le jour où nous n’aurions plus à quémander l'aide du FMI?

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia