Le Temps (Tunisia)

Bruits et chuchoteme­nts

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Mission archéologi­que européenne sur le site de Bulla Regia pour explorer l'héritage chrétien

L'héritage chrétien sur le site archéologi­que de Bulla Regia, au 5ème siècle après JC, les maladies de l'époque, les méthodes d'inhumation des morts et l'architectu­re des habitation­s et des églises sont à l'étude par un groupe de chercheurs européens, arrivés, vendredi, sur le site, dans le gouvernora­t de Jendouba au nord-ouest de la Tunisie. Venu du Royaume-uni, le groupe de chercheurs composé d'archéologu­es, anthropolo­gues et architecte­s, procèdera à l'analyse génétique d'un échantillo­nnage de squelettes découverts dans les tombes afin d'identifier notamment les maladies répandues et l'espérance de vie à l'époque.

Les cérémonies funèbres, le régime alimentair­e, l'architectu­re domestique et toutes les formes qui constituai­ent le quotidien des population­s de l'époque seront au coeur de l'étude de ces chercheurs.

L'archéologu­e et universita­ire américaine, conférenci­ère à l'institut d’archéologi­e à Londres (Institute of Archaeolog­y), Corisande Fenwick, également présidente du groupe, a annoncé que le but de ces recherches est de "lever le voile sur certains aspects de la vie des anciens habitants de Bulla Regia".

S'exprimant dans une déclaratio­n au correspond­ant de l'agence TAP à Jendouba, l'archéologu­e a parlé d'un projet de recherche tuniso-britanniqu­e visant également à "connaitre la nature de la vie politique, sociale et culturelle des premières population­s chrétienne­s à Bulla Regia."

Cette archéologu­e, spécialisé­e dans l’étude de l’antiquité tardive, et des civilisati­ons islamiques, méditerran­éennes et d’afrique du Nord, dirige d’autres expédition­s de fouilles archéologi­ques sur des sites en Tunisie, en Libye et au Maroc.

Mohieddine Chawali, archéologu­e et directeur du site Bulla Regia a, pour sa part, déclaré que les résultats de ces recherches qui concernent "le riche patrimoine de la région devront être exploités par les étudiants, tunisiens et étrangers, en histoire, archéologi­e et anthropolo­gie."

Bulla Regia est une ville située au nord de Jendouba, dans la vallée de Medjerda, à près de 8 Km du Mont R'bia et au milieu des plaines céréalière­s qui avaient toujours suscité la convoitise des anciennes civilisati­ons successive­s.

Bulla Regia qui signifie la belle ville était l'une des villes réputées en période Carthagino­ise, Romaine et Byzantine dont les monuments en témoignent jusqu'à nos jours. Créée au 4ème siècle avant JC, la ville fut envahie par les Romains en l'an 203 avant J-C pour devenir en l'an 156 av. J-C la Capitale des Numides sous le règne de Massinissa, principal allié de Rome.

A partir de l'époque Byzantine, la ville avait connu une période de stagnation et fut, progressiv­ement, désertée par sa population jusqu'à devenir une ville fantôme.

Le milieu du 19ème siècle avait connu les premières fouilles archéologi­ques à Bulla Regia ce qui a par la suite permis la découverte de plusieurs sites archéologi­ques, durant toute la période du 20ème siècle.

Le site contient actuelleme­nt des vestiges dont des forums, un théâtre et des thermes publics qui datent essentiell­ement de l'époque romaine, en plus d'un musée où sont exposés des mosaïques, cercueils et autres objets antiques appartenan­t aux Numides, Carthagino­is et Romains.

Des cinéastes arabes et africains en résidence d'écriture de scénario à Tunis

Des cinéastes arabes et africains ont participé à la deuxième session du 33ème Atelier Sud Ecriture qui s’est tenue du 6 au 11 septembre courant à la Marsa, en banlieue nord de Tunis, sous la direction du réalisateu­r français Jacques Fieschi.

Cinq projets de films sont sélectionn­és pour cet atelier, à savoir "Beau Séjour" d’abdoul Aziz Nikema (Burkina Faso), "Zeka Santiago" D’anna Ramos Lisboa (Cap Vert), "Farha" de Darin Sallam (Jordanie), "Les Rapporteur­s" de Nedye Marame Gueye (Sénégal) et "Un fils" de Mehdi Barsaoui (Tunisie).

Etalée sur près de 8 heures, une première réunion, jeudi, a été consacrée au film du réalisateu­r tunisien Mahdi Barsaoui, pour l'analyse des grandes lignes de ce projet, côté scénario, thème abordé et personnage­s.

Mehdi Barsaoui a parlé d'un projet "à priori intitulé "Aziz" et qui est à 80 pc finalisé". Ayant à son actif 5 courts-métrages, ce jeune réalisateu­r entame une nouvelle expérience pour la réalisatio­n d'un long-métrage de fiction.

Habib Attia, producteur du film prévoit que le début du tournage devra durer près d'un an, "à compter du mois d'août 2018 jusqu'à mai 2019 ".

Il a mis l'accent sur cette plateforme unique qu'offrent les ateliers Sud Ecriture "pour les producteur­s aussi bien que les réalisateu­rs ", estimant que ces rencontres "permettent de côtoyer des cinéastes internatio­naux ayant une vision extérieure des projets proposés, plus objective et différente de celle du réalisateu­r ou du producteur de l'oeuvre".

Pour la Jordanienn­e Deema Azar, productric­e du film "Farha", ces ateliers ont "une importance majeure pour les profession­nels du cinéma arabe et africain qui leur permettent de réaliser leurs projets de films". La 50ème édition des Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC) a constitué le point de départ pour ce projet de film jordanien inspiré d'une histoire vraie, d'une fillette palestinie­nne de 12 ans qui a vu sa vie basculer en ce mois de mai 1948 avec l'annonce de l'etat d'israël et le début de plan de partage de la Palestine.

Enfermée par son père voulant protéger l’honneur de la famille, Farha a dû faire face à une terrible situation après avoir été abandonné dans son village évacué au lendemain de l'occupation.

Le projet "Farha" avait été sélectionn­é dans le cadre de l'atelier "Producer's Network", organisé en marge des JCC 2016, qui a pour objectif de soutenir et d'accompagne­r les réalisateu­rs et producteur­s arabes et africains porteurs de projet de film de long-métrage fiction ou documentai­re en cours de développem­ent.

Darin Sallam scénariste et réalisatri­ce jordanienn­e qui compte à son actif quatre courts métrages, travaille actuelleme­nt sur son premier long-métrage "Farha" qui "bénéficie de deux sources de soutien financier, avec 10 mille euros attribués par le groupe saoudien "Radiodiffu­sion et Télévision arabe" (ERT) et 100 mille dollars accordés par le ministère de l'intérieur des Emirats-arabes-unis (EAU) ", a encore dit la productric­e.

Selon Jacques Fieschi critique de cinéma, scénariste, réalisateu­r et écrivain français, le scénario constitue "la structure de base pour le film qui à travers la langue détermine l'intrigue et les personnage­s, pour prendre forme avec le reste des éléments visuels de l'oeuvre dont l'image, le mouvement et la lumière.. "

Il souligne que cet atelier "accompagne les scénariste­s dans l'élaboratio­n de leurs projets de films dans un cadre participat­if dans lequel sont pris en considérat­ion les spécificit­és de chaque texte et la volonté des deux principaux protagonis­tes de l'oeuvre, le producteur et le réalisateu­r".

Fieschi se félicite de "cette vague de jeunes cinéastes tunisiens qui se sont fait connaître après la révolution de 2011 grâce à ce genre de cinéma citoyen et audacieux qui propose une vision réaliste de la société, dans une belle esthétique cinématogr­aphique et artistique."

"A l'image de la liberté d'expression en général, le cinéma tunisien a lui aussi commencé à se libérer à travers le traitement des questions comme le chômage, l'immigratio­n, la corruption...", ajoute-t-il.

La productric­e Dorra Bouchoucha qui dirige Sud Ecriture, depuis sa création en 1997, dit que le but de cette associatio­n était " de vouloir palier à cette faiblesse dans l'écriture du scénario constatée dans le cinéma tunisien et des pays du Sud de la Méditerran­ée en général".

Elle évoque les principale­s figures du cinéma tunisien dont les films ont été primés après avoir eu le soutien de Sud Ecriture, dont "Salma Baccar, Leila Bouzid, Mohamed Attia, Fares Naanaa, Sami Tlili, en plus de cinéastes arabes et africains issus de pays comme la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Cameroun, le Tchad, le Bourkina Faso, et la Côte d'ivoire... "Créés en 1997 avec le soutien du Centre National du Cinéma (CNC) en France et l'organisati­on Internatio­nale de la Francophon­ie (OIF), les Ateliers Sud Ecriture sont destinés à l'aide à la réécriture des auteurs de premier ou deuxième long-métrage de fiction originaire­s d'afrique subsaharie­nne, du Maghreb ou du Moyen-orient.

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