Clinton en a fini avec les candidatures, pas avec la politique
USA
Hillary Clinton, dont le récit de campagne paraît aujourd’hui aux Etatsunis, a annoncé ce week-end qu'elle ne serait plus candidate à une fonction élective mais qu'elle souhaitait rester engagée sous une autre forme dans la vie politique. Selon son éditeur, Simon & Schuster, ses mémoires de campagne, "What Happened" ("Ça s'est passé comme ça"), décrivent ce que fut la compétition contre Donald Trump, les erreurs qu'elle a commises, la façon dont elle a vécu la défaite "traumatisante et dévastatrice" du 8 novembre et "la manière dont elle a trouvé la force de se ressaisir par la suite". Hillary Clinton, qui aura 70 ans le mois prochain, y évoque le sexisme et la misogynie subis en tant que première femme candidate d'un grand parti américain, mais aussi "une attaque sans précédent sur notre démocratie par un adversaire étranger". Des milliers de courriels internes du Parti démocrate ont été piratés et publiés en ligne pendant la campagne. Les agences du renseignement américain ont conclu à l'implication d'agences russes dans le vol de ces correspondances, en vue d'affaiblir sa candidature. Moscou s'en défend. Celle qui fut tour à tour First Lady (1993-2001), sénatrice de New York (2001-2009) et secrétaire d'etat sous le premier mandat de Barack Obama (2009-2013) ambitionnait de briser le "plafond de verre" et de devenir la première femme présidente des Etats-unis. Mais elle a payé lourdement son appartenance au sérail et son image négative. Plus brutalement qu'en 2008, lorsqu'un novice du nom de Barack Obama l'avait battue aux primaires démocrates, c'est un outsider aux antipodes de son expérience et de son CV qui l'a renvoyée à ses ambitions perdues.
La présidentielle 2016 ? "une émission de téléréalité"
Dans une interview diffusée dimanche par CBS, groupe propriétaire de son éditeur, l'ex-candidate démocrate a annoncé que sa carrière de femme politique "active" était derrière elle mais pas son engagement.
"J'en ai fini avec les candidatures. Mais je n'en ai pas fini avec la politique parce que je suis littéralement convaincue que l'avenir de notre pays est en jeu", a-t-elle dit lors de cette interview. Elle dit aussi avoir eu, au soir du 8 novembre, lorsque sa défaite était devenue inéluctable, "le sentiment d'avoir laissé tomber tout le monde". Sans l'avoir imaginée. "Je n'avais pas préparé de discours de défaite, j'avais travaillé sur un discours de victoire", a-telle déclaré. De Donald Trump, elle dit qu'il a réussi à mobiliser la fibre nostalgique de "millions de Blancs". Des soupçons d'ingérences extérieures dans la campagne, elle juge que "les forces qui étaient à l'oeuvre en 2016 étaient différentes de tout ce que j'avais vu ou lu auparavant. C'était la 'tempête parfaite'". Au chapitre de ses propres erreurs, Clinton juge qu'avoir utilisé un serveur de messagerie privé lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine fut la plus handicapante. Cette affaire des courriels, révélée avant même qu'elle ne se porte candidate à l'investiture du Parti démocrate, a été un poids pendant toute sa campagne.
"Je n'ai jamais pu m'en sortir. Et cela n'a jamais cessé", a-t-elle dit sur CBS.
L'affaire, qui avait été une première fois classée sans suites judiciaires à l'été 2016, a été relancée fin octobre 2016 par l'ex-directeur du FBI James Comey qui a fait état, onze jours avant le scrutin, de nouveaux éléments susceptible de relancer l'enquête - une semaine plus tard, le FBI jugeait inutile de rouvrir ses investigations.
Au final, Hillary Clinton juge que la présidentielle de 2016 a été une "émission de téléréalité" qui a conduit à l'élection d'un président qui, une fois dans le bureau Ovale, a reconnu que c'était bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. "Eh bien, oui, parce que ce n'est pas un show, c'est du réel", a-t-elle dit sur CBS.