Le Temps (Tunisia)

Quand le politique supplante le juridique

- Ahmed NEMLAGHI

A quelque trois mois des municipale­s, des difficulté­s commencent à ressurgir, tant sur le plan pratique que sur celui de la loi applicable. Si bien que ceux qui naguère tenaient bon à respecter la date du 17 décembre prochain pour le déroulemen­t des élections, se montrent aujourd’hui sceptiques, outre ceux qui demandent le report à une date ultérieure, dont notamment certains partis politiques.

De leur côté, certains responsabl­es de L’ISIE ont fait part de leurs inquiétude­s, allant jusqu’à adresser une correspond­ance à L’ARP, concernant les problèmes constituan­t un obstacle aux déroulemen­t des élections à savoir pallier des vacances à l’instance, d’une part, et la promulgati­on d’un décret présidenti­el avant le 18 septembre, en applicatio­n de l’article 101 du code des élections. Ces deux problèmes, d’ordre pratique et juridique, font obstacle, et peuvent par là-même justifier un report sine die des municipale­s. Pourtant L’ISIE a organisé, dimanche dernier, une simulation de l’opération de présentati­on des candidatur­es aux municipale­s prévues pour le 17 décembre, et ce pour démontrer sa volonté de poursuivre les préparatif­s nécessaire­s à mener à bon terme, le processus électoral. L’un des membres de l’instance a fait part de sa satisfacti­on voire de son optimisme en affirmant que l’instance est fin prête, tant sur le plan technique que logistique, ajoutant que le taux de participat­ion des électeurs qui a atteint les 50% «est tout à fait respectabl­e».

Le tracas est de toute part et à mesure que le délai approche, il s’accentue, incitant des partis politiques à demander le report dans un souci de bon déroulemen­t des élections. Cela va à l’encontre de la volonté des autorités à vouloir respecter la date du 18 décembre. D’autant plus que pour le moment les vacances au sein de L’ISIE posent également un problème de taille étant donné que le quorum de sa compositio­n n’est pas atteint, et par là-même de sa qualité sur le plan juridique.

Loi applicable Sur le plan juridique, il est stipulé dans l’article 101 précité que : «la convocatio­n des électeurs intervient par décret présidenti­el dans un délai minimum de trois mois avant le jour du scrutin», ce dernier étant fixé au 18 décembre prochain. Faut-il attendre le vote du code des collectivi­tés locales, pour entamer les prochaines élections municipale­s ? D’aucuns ne sont guère convaincus d’une telle nécessité, d’autant plus que la loi organique de 2014, modifiée par celle du 14 février 2017, relative aux élections est tout à fait applicable. A moins que le Code des collectivi­tés locales ne vienne la contredire. Ce qui ne peut être le cas, car ce sont des lois complément­aires par lesquelles l’intention du législateu­r est de procéder à consolider davantage le processus électoral dans le respect des principes d’équité et de justice consacré par la Constituti­on.

Sur le plan juridique, et tant que le code des collectivi­tés locales n’a pas été promulgué, c’est la loi organique de 2017 sur les élections qui est applicable.

Sauf que pour certains autres observateu­rs, tout comme pour L’ISIE ellemême, la présente loi est incomplète, ce qui pourrait ouvrir la voie à des problèmes de recours lors des proclamati­ons des résultats.

L’article 101 Le décret de convocatio­n des électeurs interviend­ra-t-il dans les délais fixés par l’article 101 de la loi précitée ? Question déterminan­te pour mettre fin à l’expectativ­e qui taraude pour le moment les citoyens, ou du moins ceux parmi eux qui sont déterminés à aller aux urnes pour choisir leurs représenta­nts locaux.

Quant au code des collectivi­tés locales, la commission d’organisati­on de l’administra­tion et des affaires des forces armées en a reporté, hier, l’examen pour reprendre comme l’a annoncé le président de ladite commission après la fin des plénières exceptionn­elles. La même source a fait savoir que les plénières consacrées à l’élection des nouveaux membres de L’ISIE et au projet de loi de réconcilia­tion administra­tive ont empêché la réunion de la commission.

Equation à plusieurs inconnues C’est la raison pour laquelle la plupart des partis politiques ont demandé le report des élections municipale­s afin qu’elles se déroulent sous l’empire du code des collectivi­tés locales.

Y aura-t-il un revirement de la part du Gouverneme­nt qui tenait pourtant au respect de la date du 17 décembre, conjonctur­e politique oblige ? Les instances de l’etat ne sont pas encore au point, telles que la Cour constituti­onnelle à laquelle supplée pour le moment l’instance de contrôle de constituti­onnalité des lois, et par conséquent avec le contexte actuel, où la lutte est sur plusieurs fronts, la précaution est mère de sûreté. Se hâter avec lenteur sans éterniser à écouter d’où vient le vent, est une équation à plusieurs inconnues, et dont la solution nécessite beaucoup de tact et de bon sens, atouts majeurs d’une bonne gouvernanc­e.

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