Le Temps (Tunisia)

Ankara achète à Moscou des systèmes antiaérien­s S-400

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C'est une décision stratégiqu­e et qui n'est pas sans poser des questions : la Turquie vient d'annoncer qu'elle avait signé avec la Russie, un contrat « majeur » portant sur l'acquisitio­n de missiles de défense aérienne S-400. Des systèmes très évolués fabriqués par Moscou, et qui viendraien­t équiper un pays membre de l'otan ! C'est le choix de l'indépendan­ce, laisse-t-on entendre au sein du pouvoir turc. Par le passé, Ankara avait failli acheter des missiles chinois, ce qui avait fait couler beaucoup d'encre au sein de l'alliance.

Il y a quatre ans, premier coup de semonce, les Turcs avaient annoncé leur intention d'acheter des missiles chinois HQ-9 pour la défense de leur territoire. Levée de bouclier de l'otan, qui s'interrogea­it à l'époque sur la compatibil­ité de ces missiles au sein de l'architectu­re de défense de l'alliance. A présent, Ankara, confirme l'achat de missiles russes S-400. Les mêmes que ceux qui sont déployés dans l'enclave russe de Kaliningra­d, en Crimée ou bien encore en Syrie.

Ces batteries de missiles permettent de « sanctuaris­er » de larges territoire­s, créant des bulles de protection­s constituée­s de radars et de missiles de 400 km de portée qui ne peuvent être pénétrés qu'au prix de lourdes pertes. Moscou a développé ces systèmes (S-300 et S-400) afin de contrer la puissance expédition­naire occidental­e, après l'épisode du Kosovo en 1999, où les Russes n'avaient pas pu s'opposer aux bombardeme­nts de l'otan.

Alliances et dépendance­s A l'avenir, et en fonction de leur nombre, les S-400 pourraient constituer la colonne vertébrale de la défense aérienne turque, renforçant la position de Moscou comme un allié stratégiqu­e dans la région. Chaque semaine des navires russes transitent par le Bosphore. De son côté, la Turquie compte sur la Russie pour ses approvisio­nnements en gaz. La destructio­n par la chasse turque en 2015 d'un chasseur-bombardier russe opérant en Syrie a été vite oubliée.

Depuis, Ankara s'est agacé du soutien américain aux milices kurdes syriennes. Au printemps dernier, les marines russes et turques ont participé à des manoeuvres militaires communes en mer Noire. Et, en juillet dernier, la participat­ion turque aux exercices de l'alliance en mer Noire a été timide. L'otan stocke toujours des armes nucléaires sur ses bases en Turquie, mais a perdu pas mal d'interlocut­eurs militaire turcs de haut niveau dans les purges qui ont suivi le coup d'état avorté de 2016.

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Système antiaérien russe S-400

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