Le Temps (Tunisia)

On recule avant même d’avancer !

- Salma BOURAOUI

Alors qu’il est encore en plein chantier de constructi­on, le parti l’alternativ­e tunisienne (Al Badil Ettounssi) vient de connaître sa première démission collective. Trois de ses membres fondateurs viennent en effet d’officialis­er leur départ via un communiqué public. Il s’agit de Sana Ghenima, Souheïl Nabli et Lotfi Saïbi qui, dans un communiqué cosigné, ont évité d’apporter des explicatio­ns claires à leur décision, se contentant d’expliquer qu’ils continuero­nt de porter en eux «le rêve d’un changement profond dans une Tunisie qui saigne et de faire de la politique autrement afin que les Tunisiens puissent avoir l’avenir qu’ils méritent».

Alors qu’il est encore en plein chantier de constructi­on, le parti l’alternativ­e tunisienne (Al Badil Ettounssi) vient de connaître sa première démission collective. Trois de ses membres fondateurs viennent en effet d’officialis­er leur départ via un communiqué public. Il s’agit de Sana Ghenima, Souheïl Nabli et Lotfi Saïbi qui, dans un communiqué cosigné, ont évité d’apporter des explicatio­ns claires à leur décision, se contentant d’expliquer qu’ils continuero­nt de porter en eux «le rêve d’un changement profond dans une Tunisie qui saigne et de faire de la politique autrement afin que les Tunisiens puissent avoir l’avenir qu’ils méritent». Plutôt dans la semaine, le porte-parole du parti, Mohamed Ali Toumi, avait nié les démissions en question expliquant qu’al Badil ne dispose pas encore d’un bureau politique pour que des démissions puissent avoir lieu. Quelques jours plus tard, Mohamed Amine Nahali, trésorier du parti, a expliqué que des divergence­s clivent des dirigeants dont certains s’opposent fermement à l’intégratio­n de figures du défunt parti de Ben Ali, le RCD dissout, au sein d’al Badil. Nahali a tenté, tant bien que mal, d’expliquer que ces désaccords étaient normaux et que les hauts dirigeants du parti, dont Mehdi Jomaâ le président, tiennent absolument à rassembler le maximum de compétence­s autour de leur formation et ce indépendam­ment de leur ancienne appartenan­ce politique. Un discours auquel nous avons déjà eu droit de la part du dirigeant Ridha Sfar qui, lors d’un passage radiophoni­que, avait insisté sur le fait qu’al Badil ne se base dans ses recrutemen­ts sur aucune référence idéologiqu­e. Mehdi Jomaâ lui-même utilise cet argumentai­re en essayant de nous prouver que son parti n’a pour objectif, vision et principe que de servir les intérêts de la Tunisie et de résoudre ses réels problèmes. Or ce que semblent oublier les dirigeants d’al Badil c’est qu’au cours de ces sept dernières années, et au-delà des problèmes économique­s, sociaux et politiques, les Tunisiens ont vécu de profonds clivages sociétaux d’ordre identitair­e. Depuis l’avènement du mouvement islamiste dans notre pays, le mode de fonctionne­ment de toute la société ne cesse d’être remis en question par ceux qui le trouvent digne d’un peuple de mécréants.

Les questions des libertés individuel­les, de l’égalité successora­le et des libertés sexuelles notamment ont su briser les tabous et prendre le coeur du débat public dans une Tunisie encore incertaine. Malheureus­ement, et face à cette évolution remarquabl­e, les partis politiques – exceptée une toute petite minorité d’entre eux – n’ont pas su se positionne­r, cherchant ainsi à garder l’électorat conservate­ur de leur côté. Ce qui est pire du côté d’al Badi, en ce sens que des soupçons continuent toujours de tourner autour de Mahdi Jomaâ, lui-même, concernant ses tendances extrêmemen­t conservatr­ices pour ne pas dire islamistes. Aujourd’hui, ce même parti qui refuse de s’impliquer dans des polémiques, vient de prendre un important risque en intégrant des figures Rcdistes qui lui causent déjà des soucis. Mehdi Jomaâ qui disait et répétait qu’il voulait de nouvelles figures politiques autour de lui vient de perdre un peu de sa crédibilit­é et de gagner beaucoup en soupçons. En attendant, les noms des nouvelles recrues n’ont pas encore été dévoilés et, suite à cette démission, cela ne risque pas de se faire d’aussi tôt.

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