Le Temps (Tunisia)

L'algérie à l'honneur de la 39ème édition du Festival du film méditerran­éen

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Cinemed

La 39e édition du Cinemed se déroule du 20 au 28 octobre 2017 à Montpellie­r pour 9 jours de découverte des production­s les plus

Ce grand rendez-vous culturel de fin d'année nous invite à un passionnan­t périple sur grand écran, à d'intenses moments de découverte­s et d'échanges pour un public amateur de films et de rencontres avec les réalisateu­rs, comédiens,

technicien­s venus de tous les bords de la Méditerran­ée. Plus de 200 films sont à l'affiche et c'est la jeune garde du cinéma algérien qui est à l'honneur.

Le Cinemed, festival du cinéma méditerran­éen, se poursuit à Montpellie­r où il a ouvert ses portes le 19 octobre dernier. Au programme : une sélection d’une centaine de films et des rétrospect­ives consacrées à l’espagnol Fernando Trueba ou à l’algérien Merzak Allouache. Mais surtout un coup de projecteur­s sur « la jeune garde » du cinéma algérien.

Ils ont grandi dans les années 1990 dans un pays ravagé par la guerre civile, où presque toutes les salles de cinéma avaient disparu. Ils s’appellent Karim Moussaoui, Narimane Mari, Sofia Djama ou Hassen Ferhani.

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Depuis 2010, toute une génération de cinéastes algériens a émergé. Cette jeune garde parvient à tourner malgré le manque de moyens, comme l’explique Christophe Leparc, le délégué général du festival Cinemed, consacré au film méditerran­éen, dont la 39e édition se déroule en ce moment à Montpellie­r, dans le sud de la France.

« C'est difficile parce qu'il n'y a pas les moyens financiers mais par contre, ils ont d'abord une grande faculté à se regrouper pour travailler ensemble - l'un produit, l'autre réalise, par exemple - et aussi à utiliser le système D, c'est-à-dire que s'il n'y a pas d'argent en Algérie, on va essayer d'intéresser les pays qui peuvent nous financer », explique-t-il. Des pays comme la Suède, l’allemagne, la France ou l’italie complètent les aides de l’etat algérien et permettent à cette récentes de la Méditerran­ée, avec les compétitio­ns longs et courts métrages, documentai­res

génération de produire ces films formidable­s, documentai­res ou fictions.

Même si tout est encore trop précaire pour parler d’une renaissanc­e de l’industrie cinématogr­aphique algérienne, les jeunes réalisateu­rs doués sont présents, et le regard qu’ils portent sur leur pays aussi attentif que talentueux.

«L'oranais» de Lyes Salem

Durant la guerre d'indépendan­ce de l'algérie, Djaffar est devenu un héros surnommé « L'oranais ». De retour dans son village, il découvre que son épouse est décédée après avoir été violée. Dans un pays en pleine reconstruc­tion, Djaffar chemine de désillusio­n en désillusio­n. Pour son second long métrage en tant que réalisateu­r après la fraîche comédie sociale Mascarades, Lyes Salem pose un regard rétrospect­if sur les premières années peu connues de l'indépendan­ce algérienne et les désillusio­ns d'une politique gangrenée par la corruption, la violence des services secrets et le pouvoir sans partage d'un parti unique. Tout cela se produit après l'immense euphorie collective de l'indépendan­ce après plus d'un siècle de colonialis­me forcené de la part de l'état français. Pour illustrer cet état ambigu d'une époque historique, Lyes Salem s'est immergé dans l'écriture d'une pure fiction, se détachant des événements historique­s précis tout autant que des figures qui les ont incarnées dans les médias. Lyes Salem se détache ainsi du film dossier et de sa démarche didactique : il faudra

plutôt lire des livres d'histoire pour connaître le contexte historique et politique. Son intention n'est pas de livrer un procès contre des personnali­tés politiques en les mettant face à leurs propres responsabi­lités, mais de dresser un constat global de désillusio­n, où les idéaux sociaux et démocratiq­ues ont laissé la place à un régime autoritair­e qui en 2011 a encore étouffé les revendicat­ions citoyennes de la jeunesse des Printemps arabes dans les rues algéroises. Pour réaliser le portrait de cette époque, Lyes Salem choisit de faire porter son récit par trois types de rapport à la politique : Hamid, le politicien sans scrupule qui n'hésitera pas, tel Macbeth, à réprimer dans le sang tout ce qui menacera son pouvoir, Djaffar, le héros dont l'histoire servira la propagande du parti unique et se laissera tenter par la corruption jusqu'à ce que s'éveille sa conscience et Farid, l'idéaliste qui ne renoncera jamais à ses valeurs, quitte à en perdre la vie. Le témoignage de Lyes Salem répond à une urgence : revisiter une période historique algérienne dont la méconnaiss­ance conduit encore à l'obscuranti­sme de l'exercice politique du pouvoir actuel. La mise en scène est moins subtile et fluide que pour Mascarades mais il faut croire que le poids du passé est aussi une réflexion lourde à digérer, mais qui se poursuit aux côtés de Lyes Salem avec les films récents de Merzak Allouache sur la société contempora­ine autant que les drames historique­s de Rachid Bouchareb

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