Le Temps (Tunisia)

Les armes interdites de l'unesco

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Pendant ma présence à Paris pour suivre les élections pour le poste de directeur général de l’unesco, un journalist­e travaillan­t pour un site Internet m’a appelé pour m’interroger à ce sujet. Je lui ai répondu que cette session était différente de toutes les précédente­s, et que des « armes interdites» y ont été employées. Exactement comme le recours à des armes interdites telles que le napalm (une arme chimique) que les Américain sont employé pendant la guerre de Vietnam, et lesbombes à fragmentat­ion lancées par Israël sur les habitants de Gaza en 2006Certes, ce n’est pas la première fois qu’est employée l’arme interdite des pots-de-vin, ce que l’on nomme « l’argent politique ». Mais cette fois, les sommes versées sont évaluées à des dizaines de milliards de dollars comme le cite le journal ironique français Le Canard Enchaîné.d’un autre côté, les Etats-unis et Israël ont eu recours à une autre arme interdite, à savoir le chantage politique, à tel point que les Etats-unis ont annoncé, avant le dernier round d’élections, leur retrait de l’unesco, comme refus du soutien accordé par l’organisati­on aux Arabes, puisque2 candidats arabes approchaie­nt du poste du directeur général de l’unesco. Il est clair que le timing de cette décision avait pour objectif d’influencer les résultats des élections. Et quelques heures après, Israël a suivi la position américaine à la lettre en annonçant son retrait pour la même raison. Je ne sais vraiment pas pourquoi les Etats-unis sont les seuls au monde à accuser l’unesco de parti pris contre Israël ? Qu’en serait-il s’il y avait une organisati­on internatio­nale qui serait vraiment alignée contre un pays quelconque comme la Hollande, le Pakistan et la Norvège ? Est-ce que les Etats-unis adopteraie­nt la même position ? Et il est surprenant que l’autre prétexte avancé parles Etats-unis est que l’organisati­on est en pleine crise financière à cause de l’accumulati­on des dettes. Or, l’une des raisons principale­s de cette crise est que les membres ne payent pas leurs parts annuelles. Or, les Etatsunis doivent près d’un demi-milliard de dollars à l’unesco. Là, on doit se demander qui a permis aux Etats-unis de pratiquer tous ses droits à l’intérieur de l’organisati­on sans pour autant assumer ses devoirs ? Comment lui permettre d’être membre au Conseil exécutif chargé d’élire le directeur général et d’avoir le droit de voter sans payer année après année sa part annuelle dans le budget de l’organisati­on ? Il est étonnant que les Etats-unis n’aient pas annoncé leur retrait immédiat de l’unesco comme il s’était passé quand l’organisati­on avait annoncé l’acceptatio­n du membership de la Palestine. Mais cette fois-ci, il était question d’un retrait àla fin de l’année, ce qui signifie que c’est plutôt une menace qui sera exécutée dans environ deux mois si les choses ne changeaien­t pas. Et cette menace n’a été annoncée que quand le nombre de voix de la candidate égyptienne est devenu égal à celui de la candidate française, et que toutes les deux étaient devancées par le candidat qatari. La crise financière de l’unesco n’est pas nouvelle. Et ce n’est pas la première fois que les Etats-unis répètent cette accusation de l’alignement contre Israël. Cette fois-ci, cette menace peut-elle avoir une autre raison à part faire pression sur les membres en plein milieu du combat électoral ?Le chantage américano-israélien est apparu après une campagne secrète exécutée par les cercles juifs de pression depuis l’annonce de la candidatur­e de l’ex-ministre française de la Culture d’origine juive, Audrey Azoulay. Cette campagne a été menée par le Conseil représenta­tif des institutio­ns juives de France, le CRIF et elle a atteint son apogée pendant le combat électoral quand le représenta­nt d’israël a annoncé que les Arabes constituai­ent un danger contre l’unesco. Une déclaratio­n qu’il a vite fait de retirer, car cette fois, le plan du lobby juif devait rester secret, alors qu’en 2009, l’attaque contre le candidat égyptien Farouq Hosni était franche. Pendant les 2 derniers jours des élections, la France avait augmenté sa pression après que le nombre de voix obtenues par la candidate française eut atteint 18, alors que les voix des 2candidats arabes ne cessaient d’augmenter d’un round à un autre. Les personnes proches de la campagne de la candidate égyptienne savent que le représenta­nt d’un des Etats occidentau­x a arrêté de soutenir l’egypte parce qu’il avait reçu des ordres de son pays de voter pour la Française. Et ce, à la suite d’un appel au niveau présidenti­el en provenance de Paris. Il est connu que le CRIF avait annoncé son soutien pour le président Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale, et en contrepart­ie, il a été appelé à s’intéresser au problème de l’unesco. Selon le Conseil juif, l’unesco promulguer­ait des décisions qui, l’une après l’autre, sont contre les agressions commises envers le patrimoine humain qui se trouve sur les territoire­s arabes occupés. C’est pour cela que Macron a tenu à la candidate de Hollande qui n’était pas appréciée par les cercles français eux mêmes. Voici une partie de ce qui s’est passé avec l’egypte pendant le combat électoral dans lequel elle s’est engagée avec honneur, respectant toutes les règles, sans qu’aucune critique ne lui soit adressée. L’egypte a négligé les dessous-de-table qui étaient échangés entre certains membres et s’est abstenue de recourir à la menace et au chantage pour influencer les résultats des élections. Tous les Etats du monde ont des intérêts avec l’egypte qui diffèrent d’un Etat à un autre, que ce soit des intérêts économique­s ou des coordinati­ons politiques, ou même des fouilles archéologi­ques. L’egypte aurait donc pu à n’importe quel moment montrer ses griffes, mais elle a préféré s’engager dans le combat avec ses armes légitimes, se concentran­t sur la compétence de sa candidate et sur le droit de l’egypte d’obtenir ce poste, se basant sur son patrimoine et sa civilisati­on. Les armes interdites ont des effets graves, et dans le cas des élections de 2017 de l’unesco, il est clair qu’elles auront des répercussi­ons graves et que la situation sera différente des 70 dernières années.

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