Le Temps (Tunisia)

Cinq interpella­tions en marge de la visite du président Macron

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Des incidents ont éclaté dans la nuit d’hier à Cayenne, en marge du déplacemen­t du président de la République dans le départemen­t. Pour son premier voyage officiel en dans les outre-mer, Emmanuel Macron se savait attendu au tournant, six mois après le conflit social qui avait paralysé le départemen­t. Dans la nuit de jeudi à vendredi, Cayenne a connu des affronteme­nts opposant les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogèn­es plusieurs heures durant, et des manifestan­ts, qui s’étaient donné rendez-vous devant la préfecture autour du collectif guyanais « Pou Lagwiyann Dékolé ».

«Les Guyanais ne sont pas des enfants», lance le président

Cinq interpella­tions ont eu lieu, selon le procureur. Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés. Des jeunes, souvent cagoulés, ont lancé des cocktails Molotov et des projectile­s, notamment aux abords du commissari­at. Dans l’après-midi, une marche à l’appel de Pou Lagwiyann Dékolé avait rassemblé dans le calme plus d’un millier de personnes à Cayenne pour demander le respect des promesses faites par l’etat jusqu’ici. Mais les protestata­ires ont ensuite voulu rencontrer le chef de l’etat et ont franchi des barrières.

Les manifestan­ts réclamaien­t de voir le président dans la soirée, plutôt que vendredi matin comme le proposait l’elysée. Les esprits se sont échauffés. Emmanuel Macron « n’a aucun respect pour nous », considère Davy Rimane, membre du collectif, alors qu’une opération « ville morte » a aussi eu lieu. M. Macron n’a donc pas convaincu les manifestan­ts. Jeudi, le chef de l’etat avait voulu s’afficher en président à l’écoute, mouillant la chemise, allant au contact dans les rues en terre battue de Maripasoul­a. Y compris d’un habitant dont la maison avait été cachée par des panneaux pour embellir le quartier. Comme à son habitude, le chef de l’etat français s’est montré ouvert au dialogue, et comme à son habitude, aussi, il a souhaité « parler vrai ». « Je ne suis pas le père Noël », « je ne suis pas venu faire des promesses en l’air », a-t-il ainsi averti, « parce que les Guyanais ne sont pas des enfants », a-t-il osé.

Les protestata­ires demandent toujours 2 milliards de plus

A la dernière minute, le chef de l’etat avait accepté de recevoir des membres du collectif qui avait piloté la mobilisati­on au printemps dernier. Mais l’effort a été jugé insuffisan­t, ces derniers exigeant un rendez-vous immédiat. David Riché, président de l’associatio­n des maires de Guyane, est mi-figue mi-raisin :

« Sur certains points, on a eu gain de cause, surtout sur le volet immigratio­n, sécurité, minima sociaux », commente-t-il. Mais « le plan qui a été annoncé par le précédent gouverneme­nt, je crois qu’il ne sera pas totalement respecté par celui-là, notamment sur le deuxième volet ».

L’enjeu sous-jacent : le plan additionne­l. Dans l’accord de Guyane du 21 avril dernier, l’ancien gouverneme­nt avait acté un plan d’urgence de 1,08 milliard d’euros, signé des accords sectoriels et « pris acte » d’une demande de 2,1 milliards d’euros de mesures supplément­aires par les protestata­ires. Pas de fausse promesse, donc. Comprendre que l’elysée respectera les engagement­s pris par le précédent gouverneme­nt, et débloquera plus d’un milliard d’euros pour la Guyane. « Pas plus, pas moins », a insisté le président, estimant que « l’etat a fait trop de promesses qui n’ont pas été tenues ». Après les débordemen­ts, le président va donc devoir encore convaincre. Il est attendu ce vendredi au centre spatial de Kourou, un lieu devenu le symbole des inégalités sociales en Guyane. Le chef de l’etat est accompagné par le président de la Commission européenne, Jean-claude Juncker, et de plusieurs ministres.

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