Coup de folie catalan
Ce vendredi, le point de nonretour a été franchi. Carles Puigdemont et ses ayatollahs de l’indépendantisme ont engagé leur ex-pays sur le chemin hautement périlleux d’un affrontement. Le mouvement catalan se veut pacifique, ses leaders disent vouloir agir avec dignité, dans le respect de la démocratie. Mais on peut désormais craindre le pire. Car derrière la majorité tronquée et le vote illégal du parlement catalan, il y a une population profondément divisée, à peu près par la moitié. Et dès ce week-end, ces forces chauffées à blanc, raidies par des semaines de confrontations verbales, vont se retrouver face à face avec le risque évident que le bras de fer ne dégénère. Les ennemis sont irréductibles. Et 5000 policiers anti-émeute de la garde civile stationnés sur des ferries n’attendent que l’ordre de Madrid pour remettre au pas la province. Se heurteront-ils aux 17 000 policiers catalans, les Mossos d’esquadra, qui devront choisir leur camp? Quel que soit le scénario envisagé, le danger est réel et la confusion totale. Un coup de folie en vérité. Les authentiques et légitimes aspirations d’autonomie d’une partie de la population catalane se sont transformées en un combat aux accents totalitaires foulant au pied les droits démocratiques des peuples dont Carles Puigdemont pourtant se rengorge. Folie économique aussi de Catalans aveuglés par les feux de leur combat. Plus de 1500 entreprises ont déjà fui la province pour se mettre à l’abri. Laisser croire que cette dernière pourrait rejoindre l’union européenne tient de l’imposture. L’UE et ses membres n’en veulent pas. Ils l’ont dit, répété. Affaiblie par le Brexit, Bruxelles craint plus que tout les divisions contagieuses. La Catalogne est au bord du gouffre. Elle menace d’y entraîner un pays historiquement meurtri qui redoute le retour des vieux démons.
Les sécessionnistes peuvent-ils revenir sur leur pas? Les chances sont minces. Le retour de bâton de Madrid, qui a annoncé la mise sous tutelle de la Catalogne, n’aura d’autres effets qu’excitants. Aucun doute que Carles Puigdemont compte làdessus pour radicaliser encore son mouvement. Entretenant l’illusion d’une possible victoire, il marche vers un sombre destin au mépris du peuple espagnol, mais surtout des Catalans, en première ligne du désastre annoncé.