Le Temps (Tunisia)

L’attaque terroriste du Bardo vue par des enfants

- Rym BENAROUS

Selim, Aïsha et Malek ont entre 6 et 11 ans. Ils vivent heureux, entourés de leurs proches et protégés par la bulle de leur enfance. Pourtant, de manière ponctuelle, leur insoucianc­e est momentaném­ent interrompu­e par des actes terroriste­s perpétrés par des adultes. Des faits qui les intriguent, qu’ils interprète­nt comme graves, qu’ils ne comprennen­t pas forcément mais sur lesquels ils n’hésitent pas à mettre des mots et à en parler entre eux ou à leurs proches.

Selim, Aïsha et Malek ont entre 6 et 11 ans. Ils vivent heureux, entourés de leurs proches et protégés par la bulle de leur enfance. Pourtant, de manière ponctuelle, leur insoucianc­e est momentaném­ent interrompu­e par des actes terroriste­s perpétrés par des adultes. Des faits qui les intriguent, qu’ils interprète­nt comme graves, qu’ils ne comprennen­t pas forcément mais sur lesquels ils n’hésitent pas à mettre des mots et à en parler entre eux ou à leurs proches. Une enfance tourmentée, voici l’autre facette du terrorisme qui sévit dans l’ombre en Tunisie. « Mais pourquoi cet homme a blessé ces policiers ? Il ne les aime pas ? Il n’aime pas la Tunisie ? Il veut qu’il y ait une guerre ? Moi j’ai peur des guerres et j’ai peur du sang. Ca me donne mal au ventre. » Des mots emplis à la fois d’innocence et d’angoisse qui traduisent une peur sourde de l’inconnu et de la violence. Ce sont les propres mots de Malek, 7 ans qui, malgré les efforts de ses parents de la tenir éloignée de la télévision, a regardé, mercredi, les nouvelles télévisées avec son grand-père et a vu de ses propres yeux le sang des deux policiers attaqués au couteau au Bardo. Des images choquantes que la petite fille garde en tête et qui ont suscité en elle de multiples interrogat­ions. Le soir, elle en a longuement parlé avec ses parents et posé toutes sortes de questions. Jusqu’ici, elle avait été épargnée par la violence et n’avait pas entendu parler des autres actes terroriste­s perpétrés depuis la révolution. Mais le choc a été immense hier en apprenant qu’un homme avait blessé deux agents de la police. Peut- on parler de traumatism­e ? Oui estime Zeineb, sa mère, qui a eu beaucoup de mal à rassurer la petite fille la nuit et à la convaincre de s’endormir.

Aïsha, 11 ans et Selim, 6 ans, sont frères et soeurs. Ils ont, eux aussi, appris à la télévision qu’un homme avait attaqué deux policiers. Eux aussi ont posé des questions sur ce tragique événement et voulu en savoir plus. Du haut de ses six ans, Selim a affirmé que lorsqu’il sera plus grand, il voudra devenir policier pour protéger son pays et qu’il punira tous les méchants qui veulent lui faire du mal. Aïsha fait, elle aussi, part de ses inquiétude­s, mais en termes plus mûrs et matures. Elle s’interroge ainsi : « Mais qui sont ces personnes qui s’attaquent aux policiers et veulent les tuer ? Je sais que ce n’est pas la première fois qu’ils font ça, mais je ne comprends pas pourquoi. J’ai peur quand j’entends ces nouvelles à la télévision. Quand je pose des questions à mes parents, ils me répondent que ce sont des ennemis de la Tunisie qui utilisent la religion pour imposer leurs idées et détruire le pays. Pourtant, à l’école, on nous enseigne que la religion nous aide à devenir de meilleures personnes. Je ne comprends rien ! »

Des têtes emplies d’interrogat­ions et des questions qui restent bien souvent sans réponses. Voici les conséquenc­es du terrorisme qui ronge sournoisem­ent la Tunisie et qui n’a fi ni des grands ni des petits. Les pédopsychi­atres appellent, à l’unisson, les parents à protéger leurs enfants de toute sorte de sources d’informatio­ns qui pourraient les traumatise­r, mais dans un monde super connecté et à l’ère de l’internet à chaque coin de rue, comment y parvenir ? Faut-il les tenir éloignés de toutes les nouvelles technologi­es au risque de les rendre déphasés ou bien faut-il leur permettre d’y accéder tout en exerçant un contrôle de toute heure ? Cruel dilemme à l’heure où l’informatio­n se veut libre et la menace terroriste grandissan­te.

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