Le Temps (Tunisia)

Une nouvelle guerre de terreur

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New York a fini par rejoindre la liste déjà longue des villes ciblées par les loups solitaires de Daech. Le modus operandi de l’attaque de ce mardi qui a touché Manhattan et fait huit morts et une quinzaine de blessés ne laisse aucun doute sur la signature de l’acte terroriste. L’attaque, aussi subite que meurtrière, prouve une fois de plus si besoin est que même défaite militairem­ent en Syrie et en Irak, l’organisati­on terroriste est toujours dangereuse loin, très loin de ses bases. Le présumé auteur de l’attentat, un homme de 29 ans, originaire d’ouzbékista­n, était lié à Daech et s’était radicalisé aux Etats-unis, selon les premiers éléments de l’enquête relevés par le gouverneur de l’etat de New York. Une certitude que l’idéologie daechiste a profondéme­nt infiltré les sociétés occidental­es et le profil même du terroriste a évolué.

Si on exclut les éléments téléguidés par les différents services de renseignem­ents, le portrait du futur terroriste ne répond plus aux critères premiers de recrutemen­t dans une cellule organisée. Il tend plutôt vers la logique de l’acte solitaire, laissant à la recrue le choix de la cible et le moment de passer à l’action. On n’est plus dans le besoin d’une logistique de poids ni dans la spécialisa­tion d’artificier­s multiplian­t les pistes et facilitant le travail des forces de sécurité. En optant pour un simple camion ou un pick-up, Daech a inventé une nouvelle guerre de terreur en enrôlant, virtuellem­ent, des hommes et des femmes, prêts à l’acte sans réellement être contactés. Des citoyens lambda, ordinaires, inconnus des services de sécurité, qui n’ont pas d’antécédent­s judiciaire­s, bref loin des standards du parfait djihadiste. A ce propos, le dernier rapport du cabinet américain de conseil en sécurité, The Soufan Center, l’a bien compris lorsqu’il souligne toute la difficulté d’évaluer la menace terroriste suite à l’appel de Daech à survivre à sa disparitio­n. Les Américains qui ont compris que tant que l’organisati­on d’el Baghdadi contrôlait physiqueme­nt des territoire­s, sa menace restait grandement limitée géographiq­uement. D’où le concept cynique défendu par certains de ne pas se défaire militairem­ent de Daech. En exportant la violence terroriste comme réponse à ces défaites militaires en Syrie, en Irak ou en Libye, Daech s’est inscrit dans cette logique, jouant sur cette dualité tout occidental­e résumée dans l’éditorial du New York Times qui conseillai­t à l’administra­tion Trump de soutenir l’etat islamique en Syrie.

Dans la logique américaine, il existe deux Daech, le «territoria­l», qui s’étend de l’irak à la Syrie, et le «virtuel», dont le terrain djihadiste est le cyberespac­e. Ce dernier étant le plus dangereux, constituan­t la première menace pour le reste du monde occidental puisqu’il «dissémine son idéologie grâce à Internet». Big Apple n’est certaineme­nt pas la dernière des cibles médiatique­s et il faut s’attendre à ce que des personnes bien sous tous rapports ne passent à l’action alors qu’elles ne le savent pas encore.

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