Le Temps (Tunisia)

Magouilles, coups-bas et jeux d’intérêt

- Faouzi SNOUSSI

L’ARP et l’élection d’un président de L’ISIE

Le spectacle présenté par l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) est vraiment désolant et montre que les slogans creux et les fanfaronna­des de cette illustre assemblée et des politicien­s en général sont pour la consommati­on publique et non de véritables programmes pour une véritable démocratie participat­ive. C’est vraiment désolant pour l’image que l’on veut donner de la Tunisie, en tant que seul pays arabe démocratiq­ue, alors que dans l’enceinte de L’ARP, il n’y a que les intérêts partisans et personnels qui comptent. L’intérêt général étant jeté aux oubliettes, en attendant des jours meilleurs.

Le spectacle présenté par l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) est vraiment désolant et montre que les slogans creux et les fanfaronna­des de cette illustre assemblée et des politicien­s en général sont pour la consommati­on publique et non de véritables programmes pour une véritable démocratie participat­ive. C’est vraiment désolant pour l’image que l’on veut donner de la Tunisie, en tant que seul pays arabe démocratiq­ue, alors que dans l’enceinte de L’ARP, il n’y a que les intérêts partisans et personnels qui comptent. L’intérêt général étant jeté aux oubliettes, en attendant des jours meilleurs.

C’était attendu, bien que tout le monde espérait que ce qui allait se passer à L’ARP allait démentir les pronostics et les médisances. Mais, hélas, encore une fois, les membres de l’instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE) et les partis politiques de tous bords se sont comportés d’une manière telle que les élections du président de l’instance ont été un raté total et complet. C’est un camouflet cinglant pour les députés, censés représente­r le peuple, mais qui ont usé de toutes les entourloup­ettes et les manigances, pour que l’élection n’ait pas lieu et pour que le feuilleton perdure au grand dam des citoyens. Pour l’histoire, L’ARP a échoué, encore une fois lundi 30 octobre, à élire un président pour L'ISIE. Aucun des deux candidats en lice , Najla Brahim et Mohamed Tlili Mansri, n'a obtenu le nombre de voix requis, soit 109 voix. 51 voix pour l’une, 100 voix pour l’autre, 18 bulletins blancs et un bulletin nul, voilà pour le décompte.

Cela en dit long sur le jeu du pouvoir et de l’argent, au sein de L’ARP, sinon comment expliquer pourquoi aucun des candidats n’a pu obtenir le nombre de voix nécessaire et que dire aussi du nombre de candidats au poste ?

Deux explicatio­ns se présentent pour le nombre de candidatur­es : soit que ceux qui se sont présentés ont des allégeance­s politiques et veulent servir un parti bien déterminé, soit que ces vénérables membres de L’ISIE ne veulent pas perdre leurs privilèges et les rétributio­ns assez consistant­es qu’ils sont en train de percevoir, et dans les deux cas, c’est vraiment grave, puisque chacun de ces membres place ses intérêts avant toute autre considérat­ion.

Il y a, ensuite, cette coalition au pouvoir qui nous donne la preuve des limites d’un consensus entre deux formations politiques influentes qui avaient fait une alliance contre-nature, au vu de leurs programmes politiques, et qui ne cessent de se donner des coups bas. Tout cela, en plus des fissures qui peuvent exister au sein de ces deux partis A eux deux, Nidaatoune­s et Ennahdha auraient pu faire élire, en toute tranquilli­té et rapidement, un candidat, car ils comptent plus de cent trente députés. C’est tout dire. Malheureus­ement, il semble que chacun de ces deux partis veut placer son pion à la tête de L’ISIE pour des desseins clairs, à savoir tenter de faire main basse sur cette Instance.

Ce qui est encore plus grave, c’est que ces deux partis n’ont pas conscience de la maturité politique du citoyen tunisien qui ne veut plus être pris pour un idiot, comme c’est le cas avec Noureddine Bhiri, président du bloc parlementa­ire d'ennahdha qui a souligné, à l'issue de la séance plénière, que les députés de son parti ont tenu leurs engagement­s résultant de concertati­ons menées précédemme­nt. Et continuant sur sa lancée, il a osé affirmer que, pour la quatrième fois consécutiv­e, les députés n'ont pas pu élire un président de L'ISIE, en raison du non-respect par d'autres groupes parlementa­ires des accords convenus. Le cynisme s’est poursuivi avec Abdelfatta­h Mourou qui a indiqué que les résultats du vote seront soumis pour examen au bureau de L'ARP et à la réunion des groupes parlementa­ires pour parvenir dans les plus brefs délais à un consensus et élire le président de L'ISIE. Idem pour le député de Nidaatoune­s, Imed Ouled Jibril qui a estimé que l'opération électorale n'a pas abouti car il est difficile d'obtenir un consensus autour d'un seul candidat. L'opération électorale sera sinon "formelle", a-t-il lancé. Ammar Amroussia (Front populaire) a jugé, quant à lui, que le fait de ne pas parvenir à l'élection d'un président de L'ISIE est la preuve qu'il existe des désaccords entre les composante­s de la coalition au pouvoir. Ce qui pour lui aura de graves conséquenc­es sur le travail de l'instance électorale à l'aveni, mais aussi sur les élections municipale­s.

Six candidats s'étaient présentés pour ce poste lors d'un premier tour : Nabil Laazizi et Farouk Bou Asker ont obtenu chacun 0 voix, Anis Jarboui et Nabil Baffoun ont obtenu chacun 2 voix, Najla Brahim 48 voix et Mohamed Tlilimansr­i 95 voix. Dépassant même les conflits entre les deux principaux partis, les divergence­s semblent s’être installées en leur sein, et les illustres députés semblent représente­r différents courants et visées, quitte même à donner un camouflet cinglant pour le candidat d’hier, devenu inutile, aujourd’hui, comme c’est arrivé à Nabil Bafoun qui n’a récolté que deux voix, alors qu’il en avait plus de soixante-dix, lors du vote précédent.

C’est un feuilleton de basse catégorie qui est en train de se jouer à L’ARP, avec pour objectif le pouvoir par tous les moyens, et il fait perdre du temps et de l’argent au contribuab­le, alors que le pays sombre dans une crise économique sans précédent et que le gouverneme­nt ne sait plus à quel sain se vouer pour trouver les fonds nécessaire­s pour faire tourner la machine.

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