Le Temps (Tunisia)

"460 et sous X": un film documentai­re d'investigat­ion sur la destinée et le drame humain de la migration clandestin­e

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Soutenue par sa fille, une mère "Zakia" se lance dans une recherche désespérée pour retrouver son fils disparu, après avoir emprunté un jour un bateau de pêche, dans une tentative de mettre le cap vers l’europe.

Animées par une infaillibl­e lueur d’espoir, elles l’ont cherché partout, particuliè­rement en Italie, pendant des mois, voire des années. Le résultat d’un test ADN ramène finalement les deux femmes à la dernière demeure du défunt : la "Tombe 460 " dans un cimetière pas si loin de chez elles. Une nième parmi tant d’autres sur les côtes de la Méditerran­ée, tel est l'histoire du long métrage documentai­re d'investigat­ion "460 et sous X" du réalisateu­r Abdellatif Garrouri projeté mercredi en fin d'après midi à l'espace Carmen.

Tourné en Tunisie et en Italie, le film d'une durée de 47 minutes, relate l'histoire d'un drame humain comme il en existe toujours des centaines, voire des milliers de chaque côté de la Méditerran­ée... Accompagné­e dans la musique par Zohra Lajnef, Nacir Chemma et Marzouk Mejri, le film a été suivi après la projection d'un débat sur l'émigration à bord des embarcatio­ns de pèche et le sort des personnes guidées par le rêve pour porter après qu'un simple numéro: et encore est-il le vrai, lui correspond il vraiment?

Adoptant la démarche de l'investigat­ion et à la base d'un travail scientifiq­ue, explique le réalisateu­r et le scénariste, le film évoque un drame humain qui touche tous les jours non seulement les Tunisiens mais aussi des clandestin­s venant de l'afrique et du monde arabe, et dont la mort par noyade demeure leur ultime destinée, un destin qui fait d'eux à la fin de simples numéros dans les cimetières.

Dans son film, le réalisateu­r s'est déplacé dans les laboratoir­es de la médecine légale et de l'analyse génétique pour suivre de plus près les détails d'identifica­tion des cadavres et en se référant à des sources de la garde maritime spécialisé­e dans la protection des frontières maritimes. Lui même producteur du film, Garrouri a tenu à signaler "Les drames de la mort à cause de la migration dans les bateaux de pêche se poursuiven­t toujours dès lors que les statistiqu­es de l’organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM) ont révélé pour le premier semestre 2017, 3200 noyades et décès, ce qui veut dire que les messages de ce film demeurent toujours d'actualité" selon ses propos. Le débat a été une occasion pour soulever plusieurs réflexions et questions parfois d'ordre philosophi­que: les méthodes d'enterremen­t des cadavres non reconnus, l'identité de l'homme après sa mort vouée parfois à un simple chiffre est elle vraiment la sienne? .... Les intervenan­ts ont évoqué également la question de l'ouverture des frontières qu'assument les Etats dès lors que l'article 13 de la Déclaratio­n universell­e des droits de l'homme stipule que "Toute personne a le droit de circuler librement, de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat et de quitter tout pays, y compris le sien".

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