Daïr az Zour libérée des griffes de Daech
L’armée gouvernementale syrienne et ses alliés ont repris au groupe terroriste de l’etat islamique le contrôle total de Daïr az Zour, la ville la plus importante de l’est de la Syrie, a confirmé hier une source militaire syrienne et les médias d’etat. «Les forces armées, en coopération avec les forces alliées, ont entièrement libéré la ville de Daïr az Zour des griffes de l’organisation terroriste Daech», a déclaré cette source militaire. La reprise de la ville avait été annoncée jeudi par l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le Hezbollah chiite libanais faisait état hier matin de bombardements sur le secteur d’al Haouika, l’ultime quartier tenu par L’EI.
L’etat islamique tenait l’essentiel de la ville depuis 2014 à l’exception d’une large poche où étaient retranchés l’armée syrienne et 93.000 civils depuis 2013. L’armée syrienne, appuyée par l’aviation russe et par des milices chiites iraniennes et le Hezbollah chiite libanais, est passée à l’offensive début septembre, brisant l’encerclement de l’enclave avant de progresser dans le reste de la ville. Daïr az Zour était importante pour L’EI parce qu’elle est située près de la frontière avec l’irak, où le groupe djihadiste contrôlait également d’importants territoires. Avec l’avancée de l’armée syrienne vers l’est ces derniers mois, l’etat syrien, et les FDS, ont pu reprendre le contrôle des gisements d’hydrocarbures. Daech contrôle aussi une petite poche dans la province de Hama, dans l’ouest de la Syrie, et une enclave assiégée au Sud de Damas, où il est opposé à des groupes d’insurgés syriens. Parailleurs, neuf personnes ont été tuées hier dans une localité du Golan syrien, dans l’explosion d’une voiture piégée conduite par un terroriste, a rapporté l’agence de presse officielle Sana. «Un kamikaze terroriste du Front alnosra a fait exploser une voiture piégée (...) à la périphérie de la localité de Hader, tuant 9 personnes et blessant 23 autres», selon Sana, en référence à l’ex-branche d’al-qaïda en Syrie. Le groupe terroriste qui se faisait autrefois appeler Front al-nosra dirige aujourd’hui la coalition de Tahrir al-cham.
Située dans le sud-ouest syrien, non loin du Golan occupé par Israël, la localité de Hader est dominée par la communauté druze et a été attaquée à plusieurs reprises par les terroristes ou des groupes rebelles. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Attaque chimique: projets de résolution US et russe à L’ONU Deux projets de résolution, l’un russe, l’autre américain, sont en concurrence à L’ONU pour renouveler la mission d’enquête internationale sur les armes chimiques en Syrie, avec l’enjeu majeur d’un possible arrêt de leur travail dans ce pays. La tension est exacerbée entre les deux grandes puissances sur le renouvellement du mandat des enquêteurs de L’ONU et de L’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) qui arrive à échéance le 16 novembre. Il y a une semaine, leur rapport sur l’attaque le 4 avril au gaz sarin à Khan Cheikhoun (plus de 80 morts), une ville contrôlée par des rebelles et jihadistes, a mis le feu aux poudres. Il a confirmé ce que disaient depuis longtemps les Occidentaux, à savoir que Damas était responsable de cette attaque menée avec un avion militaire. Et suscité la fureur de la Russie, premier soutien du régime syrien, qui assure que le sarin retrouvé à Khan Cheikhoun provient de l’explosion d’un obus au sol et non d’une attaque aérienne syrienne.
Le projet de texte russe enjoint le groupe d’experts appelé JIM «d’envoyer une équipe d’enquêteurs aussi vite que possible à Khan Cheikhoun» et «de renvoyer immédiatement une nouvelle équipe sur la base Al-chaayrate pour y prélever des échantillons environnementaux». A l’opposé de cette approche, le projet de résolution américain, transmis également aux membres du Conseil de sécurité, prévoit un renouvellement pour deux ans du mandat du JIM. Il souligne «la profonde inquiétude» du Conseil après le dernier rapport des enquêteurs impliquant la responsabilité de Damas dans l’attaque du 4 avril.
Pour plusieurs diplomates, l’enjeu de la bataille en cours à L’ONU entre Washington et Moscou n’est autre que la survie du groupe d’experts créé à l’origine par les deux grandes puissances pour enquêter sur des cas d’utilisation de chlore. Selon des diplomates, les enquêteurs sont saisis aujourd’hui d’une soixantaine de dossiers en Syrie et une suspension ou un arrêt définitif de leur travail à partir du 16 novembre affecterait considérablement leurs expertises et compétences.