Le Temps (Tunisia)

L'ultime bataille contre Daech, se joue dans la ville de Boukamel

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Syrie

Le groupe Etat islamique se retranchai­t hier dans la ville syrienne de Boukamal où doit se jouer l’ultime bataille contre Daech chassée de la majeure partie des zones occupées pendant trois ans en Syrie et en Irak voisin. En 24 heures, L’EI a perdu deux importants fiefs: du côté irakien, Al-qaïm, et surtout du côté syrien, Deir Ezzor, dernière grande ville sous son contrôle dans les deux pays voisins. Acculés dans une zone à cheval entre l’est de la Syrie et l’ouest de l’irak, les combattant­s du groupe jihadiste font face à des offensives des deux côtés de la frontière. Hier, l’armée syrienne intensifia­it sa campagne militaire en vue de s’emparer de la ville de Boukamal, située dans la province de Deir Ezzor tout près de la frontière irakienne. Bien que Boukamal soit une ville moins grande que Deir Ezzor, sa capture priverait L’EI du dernier fief urbain de son «califat» autoprocla­mé en 2014 et désormais effondré.

Dans l’est syrien, «il ne reste plus à L’EI que Boukamal et une trentaine de villages de part et d’autre du fleuve de l’euphrate», explique à L’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH). Dès vendredi, des camions transporta­nt des dizaines de jihadistes fuyant Al-qaïm ont traversé la frontière en direction de Boukamal, selon L’OSDH. La frontière est tellement poreuse que des unités paramilita­ires irakiennes du Hachd al-chaabi l’ont traversée pour pourchasse­r L’EI selon L’OSDH avant d’être repoussées par les jihadistes. Les forces du régime syrien progressen­t, elles, vers Boukamal «et sont désormais à moins de 30 km de la ville», d’après L’OSDH qui dispose d’un large réseau de sources à travers la Syrie en guerre.

Appuyées par les raids aériens de l’allié russe et par des milices étrangères au sol, elles avancent du côté ouest de Boukamal, à partir de la «T-2», une station de pompage de pétrole en plein désert.

L’EI s’était emparé de la quasi-totalité de la province riche en pétrole de Deir Ezzor en 2014, profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie déclenchée en 2011.

Aujourd’hui, ils sont pris en étau et sont la cible de trois offensives distinctes; dans la province de Deir Ezzor ils sont visés par le régime ainsi que par une alliance arabokurde et dans l’ouest de l’irak par les troupes gouverneme­ntales. «L’EI contrôle encore des zones à cheval entre la Syrie et l’irak, qui représente­nt 6% du territoire des deux pays ensemble, c’est là que se jouera la dernière bataille», affirme Hicham al-hachemi, expert irakien de L’EI. Cette zone «se rétrécit chaque jour la coalition doit et va priver L’EI de tout refuge sûr en Irak et en Syrie», a rappelé le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition internatio­nale dirigée par les Etats-unis qui aide militairem­ent les forces irakiennes et l’alliance arabo-kurde. Pris au piège des violences, les nombreux civils cherchent à fuir les dernières zones jihadistes. «Ils se trouvent perdus notamment dans les zones désertique­s, où les communicat­ions sont inexistant­es», souligne M. Abdel Rahmane. «Ces dernières semaines, près de 350.000 personnes, dont 175.000 enfants, ont risqué leur vie pour pouvoir se mettre à l’abri et échapper à l’escalade à Deir Ezzor», selon L’ONG Save the Children.

«Deir Ezzor représente la phase finale dans l’éliminatio­n totale de» L’EI, a assuré l’armée syrienne.

Au fil des batailles, les jihadistes ont été chassés de toutes les grandes villes qu’ils avaient conquises, principale­ment Mossoul en Irak, reprise par les forces irakiennes, et Raqa en Syrie, prise par la coalition arabokurde des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS). Celle-ci progressai­t également face à L’EI, le chassant de deux villages sur la rive est de l’euphrate. Ce fleuve divise diagonalem­ent la province de Deir Ezzor, avec l’armée positionné­e notamment du côté ouest et les FDS du côté est. En Irak, les forces gouverneme­ntales ont chassé vendredi L’EI d’al-qaïm, gros bourg du désert au coeur de son dernier bastion dans le pays.

Il ne reste désormais plus aux forces irakiennes qu’à s’emparer de la localité voisine de Rawa et des environs désertique­s pour reprendre à L’EI la totalité des territoire­s occupés depuis 2014.

Mais selon les experts, les revers de L’EI ne signifient ni la défaite définitive ni l’éradicatio­n de l’organisati­on terroriste.

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