Le Temps (Tunisia)

L’UE envisage une période de transition

-

Les diplomates européens se sont attelés hier à la propositio­n que Bruxelles présentera à Londres sur une période de transition qui s’appliquera­it probableme­nt deux années après le départ du Royaume-uni de l’union européenne, programmé pour mars 2019, a-t-on appris auprès de responsabl­es européens.

Mais certains diplomates et hauts fonctionna­ires de L’UE impliqués dans la préparatio­n de ce premier «débat d’orientatio­n» entre les ambassadeu­rs des Vingt-sept ont prévenu: le gouverneme­nt britanniqu­e ne doit pas tenir pour acquis que la deuxième phase des négociatio­ns sur le Brexit sera lancée lors du prochain conseil européen, les 14 et 15 décembre. Un document préparé en vue des discussion­s d’hier, que Reuters a pu consulter, montre que les ambassadeu­rs européens débattront du «format» et de la «durée» de cette période de transition.

Plusieurs responsabl­es ont confié à Reuters que la Grande-bretagne devrait se conformer durant cette période à toutes les directives et règlements européens, même s’ils devaient être modifiés pendant ce laps de temps et qu’elle n’aurait aucun pouvoir d’influence sur eux.

«Tout autre système serait trop compliqué», explique l’un d’eux.

Il n’est pas certain que durant cette transition, la Grande-bretagne continue d’avoir un statut de membre à part entière du marché unique européen, ont souligné des responsabl­es. «Il n’est par exemple pas pensable d’attendre qu’ils soient dans le marché unique sans contribuer au budget de L’UE», a dit l’un deux.

Cette période de transition, ou de mise en place, est censée éviter que le divorce prévu en mars 2019 soit un saut dans le vide. Les entreprise­s britanniqu­es conservera­ient provisoire­ment un accès au marché unique européen, et les obligation­s qui vont avec s’imposeraie­nt au Royaume-uni, notamment la libre circulatio­n des personnes. Dans un discours prononcé le 22 septembre dernier à Florence, la Première ministre britanniqu­e, Theresa May, s’est prononcée pour ce mécanisme qui verrait les mêmes règles continuer de s’appliquer.

«L’avis de L’UE sur cette période de transition et sur l’avenir sera d’une certaine manière un moment de vérité qui mettra à nu tous les mensonges de ceux qui ont fait campagne pour le Brexit en affirmant que la Grande-bretagne pourrait avoir le beurre et l’argent du beurre», a dit un troisième responsabl­e européen.

Jouer la montre ?

Réunis le mois dernier en conseil européen à Bruxelles, les Vingt-sept ont informé May que le compte n’y était toujours pas sur la première phase des négociatio­ns, celle qui porte sur les termes du divorce, à commencer par la «facture» du Brexit dont Londres devra s’acquitter, les droits futurs des expatriés et la question de la frontière avec la République d’irlande.

Or les Européens ont fixé comme règle d’obtenir d’abord des «progrès suffisants» sur cette première phase avant d’engager la phase 2 qui portera sur l’avenir des relations entre Londres et L’UE et sur la période de transition.

Ils ont cependant demandé à leurs équipes de lancer des «discussion­s préparatoi­res internes» sur la phase 2 avec l’espoir de pouvoir la lancer à l’occasion du dernier conseil européen de l’année, programmé les 14 et 15 décembre. Le ministre britanniqu­e du Brexit, David Davis, est attendu demain à Bruxelles pour la première session de négociatio­n depuis le conseil européen des 19 et 20 octobre.

Mais nul ne s’attend à ce que sa brève rencontre avec Michel Barnier, le négociateu­r en chef de L’UE, ne produise une avancée notable sur le principal point de blocage actuel, le «chèque» que Londres devra signer avant de partir pour s’acquitter de ses engagement­s financiers auprès de L’UE.

Certains Européens ne verraient du reste pas d’un mauvais oeil que les négociatio­ns tardent encore, forçant les entreprise­s britanniqu­es à lancer leurs plans d’urgence pour se préparer à la possibilit­é d’un Brexit sans période de transition, voire sans accord.

Des négociateu­rs continenta­ux pensent que les inquiétude­s britanniqu­es sur la possibilit­é de voir des investisse­ments se détourner du Royaumeuni à compter de l’année prochaine pourraient être à l’avantage de Bruxelles.

La discussion d’hier devrait être suivie d’une ou deux autres réunions similaires.

Mais l’offre qui en découlera ne sera pas présentée aux Britanniqu­es tant que les dirigeants des Vingt-sept n’auront pas accepté d’ouvrir la phase 2 des négociatio­ns.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia