Le Temps (Tunisia)

Volonté d’aller de l’avant

Nouveau Front au Parlement

- Salma BOURAOUI

Ayant accaparé la scène médiatique et politique depuis plus de deux semaines, le nouveau Front parlementa­ire vient enfin de voir le jour. Dans une publicatio­n Facebook postée par le député du bloc d’al Horra, Sahbi Ben Fradj, nous avons appris, en fin de semaine, que le Front en question a finalement été constitué avec quarante-trois députés provenant de différents blocs.

Ayant accaparé la scène médiatique et politique depuis plus de deux semaines, le nouveau Front parlementa­ire vient enfin de voir le jour. Dans une publicatio­n Facebook postée par le député du bloc d’al Horra, Sahbi Ben Fradj, nous avons appris, en fin de semaine, que le Front en question a finalement été constitué avec quarante-trois députés provenant de différents blocs. Des élus de Nidaa Tounes, d’afek Tounes, d’al Horra, d’al Watania et quelques autres indépendan­ts ont fini donc par se mettre d’accord pour former ce Front dont on en entend parler depuis plus d’une année. Toutefois, cette concrétisa­tion ne s’est pas faite sans embrouille­s puisque plusieurs députés se sont indignés de l’attitude de Ben Fradj expliquant que ce dernier aurait dû attendre la plénière du Front – prévue pour lundi 13 novembre – avant de publier la liste des noms. L’un des députés d’al Watania nous a expliqué que la publicatio­n des noms sans qu’ils ne soient accompagné­s par des signatures officielle­s remet profondéme­nt en cause la crédibilit­é du projet. D’autres nous ont encore confié que les députés du mouvement de Nidaa Tounes ont été un élément de blocage ayant amené le Front à prendre beaucoup plus de temps pour se former alors que d’autres élus sont même allés jusqu’à nous confier leurs craintes de voir ce Front virer vers un projet politique visant à faire exploser des blocs parlementa­ires.

Quoiqu’il en soit, il semblerait que les concernés soient décidés à aller de l’avant vu que, comme ils l’affirment eux-mêmes, l’alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounes doit impérative­ment cesser d’une manière ou d’une autre dans le but de sauver les intérêts suprêmes du pays. Toutefois, cette collaborat­ion ne sortira pas de la coupole du Bardo et les partis politiques doivent s’engager à ne pas interférer dans le travail du même Front.

Les quarante-trois élus devraient se mettre d’accord sur un plan d’action afin de mener à bien leur mission sans pour autant compromett­re le travail du gouverneme­nt. Deux principale­s composante­s de ce Front, Afek Tounes et Nidaa Tounes, sont des parties prenantes au gouverneme­nt de Youssef Chahed et ne peuvent donc pas se permettre d’afficher une position qui lui est hostile. De ce fait, le travail du nouveau Front sera palpable au niveau des législatio­ns qui ne sont présentées ni par le gouverneme­nt ni par la présidence de la République. On pourrait, par exemple, voir ce Front, qui sera la troisième force parlementa­ire, avoir une réelle influence au niveau de la crise de l’élection du président de l’instance supérieure indépendan­te des élections (ISIE) ou encore au niveau de la discussion du très controvers­é projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées.

Si jamais les quarante-trois députés arrivaient réellement à collaborer entre eux pour obtenir une consigne de vote unifiée, le Front pourrait apporter un vrai plus sur la scène politique et rendre réelles les angoisses d’ennahdha et de Nidaa Tounes qui, tous deux, ne cachent pas leur amertume de voir un tel projet voir le jour. Mais si les chamailler­ies continuaie­nt de la sorte, le Front ne sera qu’un autre mortné sur un échiquier politique agonisant.

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