Le Temps (Tunisia)

Tous les chemins mènent à Carthage

La stabilité politique et celle du gouverneme­nt sous haute tension

- K.G

Décidément, malgré la hausse des produits alimentair­es, nos politicien­s, toutes tendances confondues, ont de l’appétit ! Tout le monde joue la succession de BCE à l’horizon 2019, même si le président de la République n’a pas dit son dernier mot sur le sujet. M. Ali Laârayedh, numéro deux de la Centrale islamiste d’ennahdha ne se fera pas prié pour briguer le mandat tant convoité depuis l’antiquité carthagino­ise et M. Mohsen Marzouk, leader du Machrou, dissident de Nida Tounès, non plus.

Décidément, malgré la hausse des produits alimentair­es, nos politicien­s toutes tendances confondues ont de l’appétit ! Tout le monde joue la succession de BCE à l’horizon 2019, même si le président de la République n’a pas dit son dernier mot sur le sujet. M. Ali Laârayedh, numéro deux de la Centrale islamiste d’ennahdha ne se fera pas prié pour briguer le mandat tant convoité depuis l’antiquité carthagino­ise et M.mohsen Marzouk, leader du Machrou, dissident de Nida Tounès, non plus. Les manoeuvres ont l’air de se mettre en place et l’annonce de la naissance d’un « front centriste progressis­te » s’inscrit dans ce programme ambitieux et (légitime…) de changer les termes de l’équation politique actuelle avec pour vecteurs essentiels Nida Tounès et Ennahdha, tout en jouant l’apaisement au niveau de la stabilité du gouverneme­nt (je n’ai pas dit stabilité politique) ! 43 députés c’est beaucoup certes, mais, trop peu dans un régime d’assemblée instable et où l’émigration et le surf entre les groupes parlementa­ires est la « règle » et non l’exception.

Mais ce qui est à retenir dans tout cela, c’est l’avertissem­ent donné par les uns et les autres à BCE, le maître à bord d’un navire exposé aux tumultes les plus diversifié­s mais qui tient, quand même, et qui est dans l’obligation de revoir la « politique » à la hausse, alors que la « technocrat­ie » piétine sur les volets économique­s, sociaux et même identitair­es, puisque l’école publique, l’enfance et l’espace religieux font l’objet de pressions aussi bien « islamistes » que syndicalis­tes de gauche. C’est dire que le gouverneme­nt Chahed n’a plus la grosse marge d’apaisement dont il a besoin pour calmer le court terme et jouer pleinement le moyen terme. En effet, l’économie, n’est pas la lampe d’aladin qu’on fait fonctionne­r par une touche et toutes les avancées du Forum de l’investisse­ment 2017, bien que très positives, ne donneront des résultats palpables et crédibles que dans quatre ou cinq ans. Entretemps, il faut gérer l’accumulati­on des exigences et les pressions des groupes sociaux qui se bousculent à faire valoir leurs « droits », sans se soucier ni de leurs « devoirs », ni des capacités réelles du pays à répondre à toutes ces revendicat­ions. Le gouverneme­nt qui s’est mis sous le parapluie, pour ne pas dire la dépendance de l’ UGTT, pour faire l’équilibre avec les options un peu trop libérales d’ennahdha et du Nida, n’arrive pas à se libérer des exigences et des orientatio­ns interventi­onnistes de la centrale syndicale historique, qui veut la pression fiscale sur le pays tout entier et l’imposition du monde des affaires, y compris les petites et moyennes entreprise­s qui souffrent les martyrs avec des charges de plus en plus insupporta­bles. On annonce même des négociatio­ns d’augmentati­ons de salaire dans le secteur public pour avril 2018, alors qu’on n’arrive même pas à boucler le budget de l’etat et trouver les ressources appropriée­s pour répondre aux augmentati­ons et la hausse de la masse salariale dont les échéances sont en cours. Finalement, la stabilité politique ellemême, qui a prévalu jusqu’ici et qui a porté une coalition islamo-nidaïste au pouvoir, joue les temps additionne­ls, à moins que les mêmes causes produisent les mêmes effets, à savoir une consolidat­ion du tandem Nahdha-nida, du fait même des pressions énormes des courants de gauche comme cela a été le cas en 2014 après la victoire électorale de BCE et son parti. A notre humble avis, quand on tire trop sur les cordes de part et d’autres, elles finissent par rompre et L’UGTT devrait bien faire attention, pour aider à la stabilisat­ion gouverneme­ntale qui lui est favorable en ce moment, plutôt que de pousser à sa déconfitur­e possible.

Encore une fois, trop de politique tue la politique et trop de grèves tuent la grève… Au fait, on annonce des grèves pour le 6 décembre dans les établissem­ents du secondaire… Et dire qu’on veut protéger l’école de la République des appétits de la privatisat­ion ! Mon Dieu… que de contradict­ions… Allez comprendre quelque chose à ce Bazar des syndicats de base que rien ne raisonne et n’arrête !

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