Le Temps (Tunisia)

En Libye, le compromis suisse

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La situation des migrants d’afrique de l’ouest regroupés dans des camps en Libye ne peut laisser indifféren­t. Surtout quand on sait le sort funeste de ces hommes, femmes et enfants arrivant dans ce pays livré aux passeurs et aux milices. Pays hôte de la troisième réunion du Groupe de contact pour la Méditerran­ée centrale – rassemblan­t treize pays européens et africains sur la question des migrants – la Suisse se doit d’avoir une parole forte, lundi prochain, à Berne. La conseillèr­e fédérale Simonetta Sommaruga veut la porter en proposant d’évacuer en urgence les population­s les plus vulnérable­s des camps. La Suisse se déclare aussi prête à prendre sa part des 40 000 migrants que le Haut-commissari­at aux réfugiés (HCR) demande à l’europe d’accueillir. Berne veut, enfin, pouvoir intervenir en Afrique et sur la route migratoire pour éviter des drames. Voilà pour les bonnes intentions.

Si L’UDC critique cette politique, elle est pourtant le fruit d’un compromis très suisse. En souhaitant agir à la source des migrations en Afrique, le Conseil fédéral accède en effet à une requête de longue date de ce parti. Même si ce n’est pas sans risque. L’italie est, par exemple, fortement suspectée de traiter avec les milices libyennes afin de réduire les arrivées sur son territoire. L’UE tout entière s’est compromise en signant un accord avec la Turquie pour qu’elle retienne les migrants sur son sol. Quitte à prêter le flanc aux chantages d’un Erdogan en pleine dérive autocratiq­ue. En appliquant avec zèle les reconduite­s à la frontière prévues par les accords de Dublin, la Suisse a aussi appliqué une politique migratoire restrictiv­e. Plus personne, il est vrai, ne pense en Europe que l’on peut accueillir ici «toute la misère du monde». Mais il est bon qu’un pays comme la Suisse réaffirme en actes que l’asile est un droit en vertu des Convention­s de Genève.

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