Interrogations à l'histoire
«Gafsa Année Zéro» de Néjia Ben Mabrouk
Le film : « Gafsa Année Zéro » de la réalisatrice tunisienne Néjia Ben Mabrouk, projeté aux JCC dans la section : « Compétition- Longs-métrages documentaires » est un coup de gueule contre la situation peu enviable qui perdure depuis plus d’un siècle et dans laquelle se débat le bassin minier. Et durant 128 minutes, les paroles et les images ne trompent pas. C’est un état des lieux, in situ que la caméra filme et décortique au lendemain de la révolution tunisienne de 2011 et les années qui suivirent qui avaient entraîné leur lot d’événements tristes ou heureux et les changements vécus par le peuple tunisien. Le film remonte également le temps pour raconter l’historique de cette région particulièrement en compagnie d’un personnage hors du commun qui a rassemblé et collectionné jalousement des documents, des textes et des photos depuis la création de la Compagnie des phosphates de Gafsa, la (CPG), en l’occurrence au lendemain de la découverte des mines par Philippe Thomas, en 1895. Un fond documentaire des plus précieux, d’autant plus que les noms des personnes qui y figurent sont cités et datent parfois de plus d’un siècle. Cela pourrait constituer un musée. Une autre mine aux souvenirs. Et pour revenir aux mines de phosphate, elles représentent un vrai trésor pour le pays. Pourtant, les mineurs qui font l’extraction, n’en gagnent presque rien. Les détails sont béants et la situation est inchangée. Le film se situe entre l’histoire, l’état actuel des choses, même après la révolution et l’avenir qui ne semble pas aussi heureux qu’on l’ait cru. Sur fond de débat politique et revendications syndicales, le passé se confond au présent et les différentes étapes engendrées par la révolution sont narrées avec des reportages sur place, à l’appui. Une évocation pour l’histoire où les acquis sont en de ça des espérances. L’amertume se lit sur les visages et les acquis peu probants.
Lotfi BEN KHELIFA