Le Temps (Tunisia)

Les Libanais se mobilisent sur la Toile

-

En faveur de Saâd Hariri

Après avoir présenté à la surprise générale sa démission à partir de Riyad, le 4 novembre dernier, le chef du gouverneme­nt libanais Saad Hariri a suscité un vaste mouvement de solidarité, qui s’est exprimé aussi sur les réseaux sociaux. Les internaute­s réagissent aux informatio­ns selon lesquelles leur Premier ministre serait assigné dans une résidence surveillée en Arabie saoudite. L’affaire Hariri a provoqué un remous sans précédent sur les réseaux sociaux au Liban, qui jouent un rôle de premier plan dans la mobilisati­on pour exiger le retour du chef du gouverneme­nt. Une fois n’est pas coutume, la classe politique et la population se sont montrées sur la même longueur d’onde. De nombreux hashtags en arabe, en anglais et en français, sont apparus sur la Toile, comme « Saad prisonnier » ou « Libérez mon Premier ministre ». Ces mots-clés ont été partagés des dizaines de milliers de fois.

La majorité des Libanais se sont placés au-dessus des affiliatio­ns partisanes, estimant que l’humiliatio­n infligée à leur Premier ministre constituai­t une atteinte à leur souveraine­té nationale. Des milliers de commentair­es appelant au retour du Premier ministre ou dénonçant l’attitude des autorités saoudienne­s dans cette affaire ont circulé, et des centaines d’articles de la presse internatio­nale ont été partagés. Cette dernière semaine, les Libanais n’ont jamais été autant connectés. Les partisans de l’arabie saoudite étaient invisibles, submergés par le flot de commentair­es et de hashtags pro-hariri. Le hashtag « Nous n’abandonnon­s pas nos otages dans les prisons », qui est un slogan du Hezbollah, a continué à circuler. On a aussi vu de nouveaux mots-clés, comme « Pitié et compassion », une allusion à la mine fatiguée et à la larme versée par Saad Hariri lors de son interview. Malgré la gravité du moment, les Libanais, toujours prompts à utiliser n’importe quel événement pour inventer des blagues, ne se départisse­nt pas de leur sens de l’humeur. Certaines sont fines, d’autres déplacées, comme cette image d’un troupeau de chameaux accompagné­s d’un commentair­e dégradant : formation d’un bouchon sur la route de l’aéroport après le rappel par l’arabie saoudite de ses ressortiss­ants.

Toutefois, d’autres créations ont une certaine valeur esthétique, comme cette photo où l’on voit le président de la République libanaise Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri, le chef du Parlement Nabih Berry et Mohammad Raad, le chef du bloc parlementa­ire du Hezbollah, en uniformes et casques militaires avec le commentair­e suivant : « Il faut sauver le soldat Saad », en allusion au film de Steven Spielberg Saving Private Ryan, de 1998.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia