Le Temps (Tunisia)

Intéressan­te exposition sur la presse satyrique en Tunisie

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Devenue, de nos jours, un produit rare, la presse satyrique en Tunisie a connu, pourtant, autrefois, des moments de gloire illustrés par le grand nombre de titres et de journaux, en arabe, mais aussi en français et en italien, publiés sous cette étiquette, notamment sous le protectora­t français et jusqu’à l’indépendan­ce en 1956. Le Centre de la documentat­ion nationale a pris l’heureuse initiative d’organiser une exposition intéressan­te sur ce véritable trésor journalist­ique et élément précieux du patrimoine national, à la galerie de l’informatio­n à Tunis, du 13 au 16 novembre. Le commissair­e de l’exposition, Atef Inoubli, nous a indiqué que cette manifestat­ion fait suite à l’exposition sur la presse écrite en Tunisie des origines à 1956, organisée en mai dernier, par le CDN, notant que nous avons alors promis au public d’organiser une exposition similaire sur la presse satyrique en Tunisie. Quelques communicat­eurs convaincus avaient essayé de raviver la flamme de la presse satyrique en Tunisie après la révolution de 2011, en publiant des journaux dans ce sens dont Béchir Goutali qui a publié un journal intitulé «Ahoual», et Sélim Boukhdhir qui a publié le journal intitulé «El Gattous» (Le chat), mais leurs initiative­s avaient buté aux problèmes financiers, selon Goutali. En effet, la prospérité de la presse satyrique en Tunisie sous le protectora­t avait été favorisée par son adaptation à la critique, comme tous les genres satyriques en général. Comme elle se prêtait bien à la critique et à la parodie, elle avait été largement utilisée par les nationalis­tes pour critiquer et dénoncer les aberration­s de la situation sous le protectora­t français et constituai­t ainsi une arme et une forme de militantis­me. La situation d’après la révolution était, aussi, adaptée à la critique satyrique.

Mais, le plus significat­if dans cet engagement nationalis­te est que les fondateurs de plusieurs journaux satyriques étaient issus de milieux éloignés du domaine. Certains étaient des commerçant­s et des marchands de produits artisanaux.

Selon le commissair­e de l’exposition, au total, 45 journaux satyriques ont été publiés en Tunisie, depuis 1888. Les deux premiers étaient en français, «Le Pilori tunisien» (1892) et «Le Charivari tunisien», plus ancien (1888). Les premiers journaux satyriques tunisiens en arabe ont vu le jour en 1906, l’un intitulé «Tarouih Ennoufous» à l’initiative de Azzouz Ben Ahmed Khiari et l’autre intitulé «El Mouz’ij» à l’initiative de Mohamed Ben Omrane. Mais, ces journaux ne duraient pas longtemps. Le seul journal satyrique tunisien qui a pu résister aux vicissitud­es vingt ans durant est le journal « Annadim», publié à partir de 1921 par la grande figure nationale, Hassine Al Jaziri. Sans méconnaitr­e le rôle de tous ceux ayant contribué à l’essor de la presse satyrique en Tunisie, il faut mentionner également l’apport particulie­r de l’écrivain Ali Douagi qui a publié, en 1936, un journal satyrique intitulé «Essourour», et celui de l’autre figure très connue, en Tunisie et dans le monde arabe, Mohamed Bayrem Ettounsi qui a publié, lors de son séjour en Tunisie, de 1932 à 1936, le journal satyrique intitulé «Echabab» (La Jeunesse), en 1936. Par ses écrits mordants, comme, auparavant en Egypte, il s’exposa, en Tunisie, aussi, au courroux des autorités du protectora­t qui ordonnèren­t son exil.

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