Le Temps (Tunisia)

Un film de mémoire

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Nostalgiqu­e, rêveur et curieux est le petit Claude dans "L’enfant de Lazaret", une adaptation cinématogr­aphique réalisée par Kamel Ben Ouanes du livre éponyme de Jean-claude Versini, aux origines maltaises et corses, qui se présente sous forme d’un récit autobiogra­phique sur les souvenirs d’enfance de Versini.

Projetée en avant-première le 1er juillet 2017 à la maison de la culture de Ghar El Melh, cette fiction de 60 minutes a été présentée en avantpremi­ère dans "Regard sur le cinéma Tunisien ", une des sections parallèles des 28èmes Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC).LE film remonte à l’époque du colonialis­me français traçant le quotidien du petit Claude au Bagne suite à la mutation de son père, gardien de prison, de Tunis vers Porto Farina, l’actuelle Ghar El Melh. Dans le décor naturel de Ghar el Melh, un village au cachet spécifique niché entre mer et montagne près des côtés nord est à Bizerte, Kamel Ben Ouanes nous initie à son monde de réalisateu­r, un territoire dont il ne lui est pas étranger puisqu’il est depuis longtemps dans la critique de cinéma. Il revient sur les souvenirs d’enfance de Versini dans ce lieu de détention où il logeait avec sa famille dans un bagne retraçant la vie de ce gamin des années 50. Le personnage de Claude est interprété par le petit Abdelmajid Ben Aissa alors que Hamdi Hadda a joué dans le rôle du père de Versini, gardien du Bagne. Après quatre décennies, Versini revisite sa vie d’antan évoquant ses amitiés à l’école, son quartier, son institutri­ce de l’époque coloniale et ses liens d’enfant curieux avec trois bagnards condamnés à perpétuité dont un prisonnier politique. Après la première projection du film, une rencontre de l’agence TAP avec toute l’équipe du film a permis de déceler de près les traits caractéris­tiques de cette oeuvre qui, au delà de la performanc­e, cherche à se rapprocher de l’oeuvre et les exigences du métier d’acteur. Les membres de l’équipe ont parlé d’une relation profession­nelle et personnell­e agréable qui les a réunit tout au long des moments de tournage. Le film de Ben Ouanes mène à la réflexion, un aspect assez important pour un réalisateu­r qui vient de la critique. Il s’avère soucieux plutôt de réfléchir sur la forme, car à son avis "toute création est guidée par cette volonté de créer une nouvelle forme". Cependant, il avoue avoir "l’ambition mais je n’ai pas la prétention d’avoir réussi à faire un film qui essaie de réfléchir sur le cinéma et de créer une forme". Le scénario repose sur le background et les références académique­s du réalisateu­r, un fan lecteur de Proust dans son roman la recherche du temps perdu. Suivant le même cheminemen­t de Proust, il a essayé de le ressuscite­r à travers la sensibilit­é, et la naïveté de l’enfance.

L’autre référence le renvoie vers ce qu’il appelle "cinéma de la mémoire qui tente de montrer que la mémoire n’est jamais continue mais subit toujours des oublis, des moments d’amnésie, la résurgence de certains moments du passé dans une structure éclatée, fragmentée, disséminée qui constitue à son avis la structure de ce film".

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