Le Temps (Tunisia)

« J’évoque le vécu du personnage avec à la fois la conscience de l’adulte et la sensibilit­é de l’enfant »

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Le film tunisien "L’enfant de Lazaret", réalisé par Kamel Ben Ouanes est une adaptation cinématogr­aphique du livre éponyme de Jean-claude Versini. Autour de cette fiction de 60 minutes, l'agence TAP a eu une rencontre avec le réalisateu­r qui s'est exprimé sur les aspects de son écriture cinématogr­aphique ayant précédé et accompagné la réalisatio­n de son premier film. Quel est l'histoire de cette fiction de l’avis du réalisateu­r?

Le film a deux histoires, celle du récit et une autre du film qui ne sont pas exactement analogues. Un récit fragmenté, où il y a même des photos. A portée nostalgiqu­e, Jeanclaude Versini a essayé de restituer un peu son enfance à travers des bribes de souvenirs avec des passages où il y a beaucoup plus de réflexion que de narration.

Un récit assez simple et direct où s’exprime le mieux cette dimension nostalgiqu­e. Le film essaye de capter un peu l’esprit du roman tout en gardant les mêmes personnage­s et décors, sauf que certains personnage­s du film ne figurent pas d’une manière assez explicite, à peine esquissés dans le récit mais qui évidemment ont pris une importance.

Pour cette copie filmique, peuton parler d’une adaptation fidèle du roman de Versini?

Toute adaptation traduit une certaine infidélité, c’est évidemment la liberté par rapport au texte original. Car, autant la littératur­e permet de faire digression, de réfléchir sur certains événements et de faire des commentair­es, le film essaye de suivre une autre logique.

Cette version filmique cherche à trouver une certaine cohérence d’un partisan d’un cinéma qui privilégie le conte, la fable, l’histoire. Même s’il s’avère, après le tournage, un film cossu, explicite et sans commentair­e où la voie du narrateur essaye de donner sens aux gestes et actes mais aussi trouver un lien et des correspond­ances entre les différents épisodes du récit.

Le film ne raconte pas une seule histoire mais présente une galerie de portraits, en passant d’un portrait à un autre dont le dénominate­ur commun est l’espace et le décor du bagne. Quelque chose se dessine en filigrane dans le film et qui s’écarte un peu du récit, faire des allusions implicites, tacites, un peu à la situation actuelle en Tunisie. Des allusions qui transparai­ssent de temps à autres et qui essayent de trouver un réseau de correspond­ances entre hier et aujourd’hui. Les injections dans le film mènent à la réflexion. N’est-on pas devant une oeuvre dont il n’est pas souvent évident de déchiffrer la portée?

Aucun film n’intéresse tout le monde, même les films qui ont beaucoup de succès peuvent ne pas intéresser des gens qui ont une autre vision et une autre conception du cinéma. Je n’ai d’ailleurs pas la prétention de l’être exactement.

Il ne s’agit pas d’un film commercial mais d’une oeuvre qui s’inscrit plutôt dans la catégorie de films qui essayent de réfléchir sur le cinéma. C’est un film littéraire dont j’ai écrit le texte qui est différent de celui de Versini. J’évoque son enfance et son vécu avec à la fois la conscience de l’adulte et la sensibilit­é de l’enfant.

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