Le Temps (Tunisia)

Nouvelle audition de Jeff Sessions par le Congrès

-

La Russie a-t-elle influencé l’élection américaine de 2016 ? L’équipe de Donald Trump a-telle établi des contacts secrets à Moscou pendant la campagne présidenti­elle ? Y a-t-il eu collusion avec la Russie ? Ces questions, résumées dans ce qu’on appelle « l’affaire russe », sont devenues le boulet du président Trump. Il ne se passe pas un jour sans nouvelles révélation­s. Ce mardi 14 novembre 2017, le ministre de la Justice Jeff Sessions sera entendu par une commission de la Chambre des représenta­nts.

Que peut-on attendre de cette audition ? Sans doute pas de nouvelles révélation­s, mais des explicatio­ns. Car la position de Jeff Sessions, conseiller diplomatiq­ue de Donald Trump pendant la campagne présidenti­elle,est devenue très inconforta­ble. Lors d’une audition devant le Sénat en juin dernier, il avait déclaré n’avoir « jamais rencontré ou eu de conversati­on avec un quelconque responsabl­e russe ou étranger concernant une quelconque ingérence dans une campagne ou une élection aux Etats-unis ». Jeff Sessions a ajouté qu’il n’avait « connaissan­ce d’aucune conversati­on de ce type par quiconque appartenan­t à la campagne de Donald Trump ».

Sessions face à ses contradict­ions Cette affirmatio­n a été contredite par un ancien conseiller du président, George Papadopoul­os. Son témoignage met Jeff Sessions en difficulté, estime l’historien et spécialist­e des Etats-unis Corentin Sellin. Le 31 mars 2016, George Papadopoul­os avait assisté à une réunion sur la sécurité nationale présidée par Donald Trump, en présence de Jeff Sessions. Lors de cette réunion, George Papadopoul­os s’était targué de pouvoir organiser une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le candidat républicai­n. Une propositio­n rejetée par Jeff Sessions. Mais un autre conseiller en politique étrangère, Carter Page, s’est rendu à Moscou quelques mois plus tard. Interrogé par les élus américains, il a reconnu l’existence des rencontres avec des responsabl­es russes, et a concédé avoir prévenu Jeff Sessions de ce déplacemen­t en Russie. Un simple oubli de la part du ministre de la Justice qui avait témoigné sous serment devant le Sénat ? En tout cas, il y a un énorme écart entre ses premières déclaratio­ns et les éléments révélés par l’enquête du procureur spécial Robert Mueller. L’opposition démocrate a déjà fait savoir que hier, elle allait mettre Jeff Sessions face à ces contradict­ions.

Quel lien entre les auditions au Congrès et l’enquête du procureur ? Au total, il y a trois enquêtes distinctes en cours. Au début, il y avait quelques tensions entre les parlementa­ires et le procureur. Mais à présent, ces enquêtes évoluent en parallèle avec un échange d’informatio­ns, même si chacune a ses propres objectifs seloncoren­tin Sellin. « Pour l’enquête Mueller, il s’agit d’établir s’il y a des crimes et des délits qui ont été commis et s’ils doivent être sanctionné­s par la justice. Les enquêtes du Sénat et de la Chambre vont se concentrer davantage sur l’aspect politique de l’affaire, pour savoir s’il y a des choses susceptibl­es à défausser le jeu démocratiq­ue », explique-t-il.

Les enquêtes convergent vers la Maison Blanche Trois anciens membres de l’équipe du président ont déjà été mis en examen : Paul Manafort, qui avait dirigé la campagne de Donald Trump, son associé Richard Gates et George Papadopoul­os, dont le témoignage - on l’a vu - ébranle les déclaratio­ns du ministre de la Justice. Pour l’instant, Donald Trump n’est pas visé directemen­t. Mais selon Corentin Sellin, « le feu se rapproche » du président. Interrogé sur Fox News, son chef de cabinet John Kelly pense néanmoins que toute cette affaire sera bientôt finie. « Apparemmen­t, il reste peu de témoins à auditionne­r, explique-t-il. On espère que l’enquête touche à sa fin. Comme pour toute autre personne c’est effectivem­ent perturbant pour le président de faire l’objet d’une enquête. » Depuis des mois, l’affaire russe fait la Une des médias. Pas un jour sans nouvelles révélation­s. Le président se veut serein, mais ses tweets laissent supposer une certaine nervosité. L’espoir de John Kelly d’une fin rapide des enquêtes est-il fondé ? Si on se réfère à d’autres enquêtes de procureurs spéciaux, comme celle menée par Kenneth Starr sous la présidence Clinton, le doute est permis. Les procédures prennent plusieurs années. Même chose pour les enquêtes parlementa­ires. On est sans doute parti pour un marathon qui durera jusqu’à la fin du mandat présidenti­el. Avec des conséquenc­es politiques et électorale­s imprévisib­les.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia