Le Temps (Tunisia)

Importante­s manoeuvres militaires entre Séoul et Washington

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Des exercices navals massifs et sans précédent étaient menés depuis le weekend et jusqu’à hier par les marines américaine­s et sud-coréennes, dans les eaux situées entre le Japon et la péninsule coréenne. Pas moins de trois porte-avions américains y participen­t. Cette démonstrat­ion de force vise la Corée du Nord, dont le programme nucléaire est au coeur de la tournée asiatique du président américain Donald Trump, qui s’est terminé hier. Avec trois porte-avions, 11 navires de guerre américains et 7 destroyers sudcoréens, ces manoeuvres constituen­t la plus importante démonstrat­ion de force des Etats-unis depuis une décennie : la dernière fois que trois de ses porte-avions ont mené un tel exercice, c’était il y a dix ans, au large de l’île de Guam dans le Pacifique. L’opération comprend des simulation­s d’attaques sur des infrastruc­tures nordcoréen­nes, des exercices de surveillan­ce maritime, de défense anti-aérienne et de ravitaille­ment en mer.

L’objectif est d’afficher les capacités de dissuasion des deux alliés, face à un régime de Pyongyang qui multiplie tirs de missiles et essais nucléaires. Ce sont aussi les premiers exercices conjoints depuis que Séoul et Washington ont annoncé fin octobre une hausse du déploiemen­t d’armements américains stratégiqu­e sur la péninsule.

Les critiques de Pyongyang Pyongyang a protesté lundi 13 novembre dans une lettre envoyée au secrétaire général de L’ONU. Le régime y qualifie ces manoeuvres à proximité de ses côtes « d’exercices de guerre nucléaire » et accuse les Etats-unis de vouloir « conduire l’humanité à la catastroph­e. » Le Nord critique aussi les récents survols de la péninsule par des bombardier­s nucléaires américains B-52 et promet de persévérer dans ses ambitions nucléaires. Il faut noter que Pyongyang s’est abstenu de tout essai nucléaire ou balistique depuis deux mois. Mais cette retenue n’est pas nécessaire­ment liée aux manoeuvres en cours ou au renforceme­nt des pressions : chaque année, le régime évite les tirs de missiles à l’approche de l’hiver.

Séoul joue les équilibris­tes Ces exercices montrent aussi que l’unité souhaitée par Donald Trump face à la Corée du Nord n’est pas si simple à obtenir. Les Etats-unis souhaitaie­nt des exercices trilatérau­x auxquels aurait aussi participé la marine japonaise. Tokyo était d’accord, mais des sources diplomatiq­ues (1) affirment que Séoul a refusé. La Corée du Sud cherche sans doute à ménager la Chine : les deux pays ont récemment décidé de normaliser leurs liens très dégradés par le récent déploiemen­t sur le territoire sud-coréen d’un système américain d’intercepti­on de missiles. Pékin a commencé à lever ses sanctions visant les entreprise­s sud-coréennes, et en contrepart­ie Séoul a promis que sa coopératio­n militaire avec le Japon et les Etatsunis ne se transforme­rait pas en alliance trilatéral­e. Coincée entre un Nord nucléarisé, un puissant voisin chinois et un allié américain de plus en plus vindicatif, la Corée du Sud est ainsi obligée de jouer les équilibris­tes.

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