Le Temps (Tunisia)

Hariri accepte «l’invitation» de Macron

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Liban-arabie

Le président français Emmanuel Macron a invité le Premier ministre libanais Saad Hariri, démissionn­aire, à venir en France les jours prochains avec sa famille. L’intéressé a accepté hier matin. Le chef de la diplomatie française Jean-yves Le Drian, arrivé mercredi soir à Riyad, a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, avec qui il a discuté des modalités du départ du Premier ministre libanais pour Paris. A Beyrouth, le proche dénouement de cette crise est accueilli avec satisfacti­on. Au Liban, la classe politique et la rue sont soulagées de voir toucher à sa fin la situation « exceptionn­elle et inédite » dans laquelle se trouvait Saad Hariri, comme l’a décrit le chef druze Walid Joumblatt. Ces dernières heures, rapporte notre correspond­ant à Beyrouth, Paul Khalifeh, le président libanais Michel Aoun avait durci le ton contre Riyad, l’accusant de détenir le Premier ministre démissionn­aire. Les milieux de la présidence libanaise affirment que Michel Aoun est satisfait de ce que L’orient-le Jour appelle la « formule magique » d’emmanuel Macron. Il s’agit d’un compromis entre l’exigence du chef de l’etat libanais d’une présence physique de Saad Hariri à Beyrouth, et le refus saoudien de le laisser partir, tantôt parce qu’il possède aussi la nationalit­é saoudienne, tantôt pour des raisons de sécurité, écrit le quotidien francophon­e.

Le président libanais est d’autant plus satisfait que la « formule magique » de Macron permet aussi d’exfiltrer la famille de Saad Hariri, qui serait également détenue, selon Michel Aoun. Pour le quotidien arabophone Al-ittihad, Michel Aoun a « libéré » Saad Hariri après avoir « haussé le ton ». C’est justement pour éviter une saisine du Conseil de sécurité de L’ONU que Mohammed Ben Salman a finalement accepté de laisser partir le Premier ministre libanais. Le président français a toutefois assuré que M. Hariri regagnerai­t Beyrouth par la suite pour « y confirmer sa démission, si tel est effectivem­ent son choix », écartant d’emblée l’hypothèse d’un exil, précise L’orient-le Jour.

La démission toujours pas acceptée Pour Misbah Ahdab, ancien député sunnite et président du mouvement La modération civile, l’invitation lancée par le président Emmanuel Macron à Saad Hariri est « très pertinente ». Saad Hariri « a annoncé plusieurs fois qu’il retournera­it au Liban, il n’est pas rentré au Liban, etc. », ce qui a généré de la confusion. Pour lui, Saad Hariri, remis en liberté, « pourrait s’exprimer, pourrait demander une immunité donc finalement c’est une façon de mettre fin à une situation un peu confuse ». Pourtant, si le prochain départ de Saad Hariri pour Paris règle – provisoire­ment - le seul cas physique du Premier ministre, la crise politique provoquée par sa démission surprise reste irrésolue. D’abord, si le patron du Grand Sérail, siège du gouverneme­nt, décidait de démissionn­er ou de se rétracter, il devrait le faire à partir du pays qu’il gouverne, a insisté le président libanais Michel Aoun. En outre, l’épisode devrait laisser des séquelles dans la tectonique des plaques régionales. « Un déséquilib­re a été créé par cette démission, constate Misbah Ahdab. Il faut voir comment créer un nouvel équilibre. Ce que nous aimerions voir maintenant, c’est un endroit neutralisé, donc immunisé, le Liban. Mais pour cela, il faudrait faire un travail interne et faire un vrai accord entre tous les partis. » Enfin, symbolique­ment, ce subit coup de pression de Riyad sur la souveraine­té libanaise, devrait durablemen­t marquer les conscience­s au pays du Cèdre. Les Libanais, eux, ont fait montre d’une unité rare, comme un reflet de lumière renvoyé au royaume wahhabite.

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