Le Temps (Tunisia)

L’art contre la bêtise humaine et la haine

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Exposition d'art visuel "Ward & cartouches fel djebal" et "Aseker essghar" au pied du mont Semmama

C'est au beau milieu de Djebel Sammama (Sbeïtla, Kasserine) guetté par les dangers des terroriste­s ayant élu demeure dans ses entrailles, que l’exposition artistique " Ward & Cartouche 2 ", installée pendant le mois d’octobre 2016 à l’espace Alain Nadaud à Gammarth, sera téléportée les 25 et 26 novembre par voie virtuelle dans le décor naturel et magique de Djebel Sammama. Au moyen de casques, manettes, et d’effets sonores, le visiteur est propulsé en pleine exposition, au milieu des oeuvres réalisées par le tandem artistique internatio­nal Wadi Mhiri et Houda Ghorbel, et convertie en 3D par Saphir Prod (Tunisian video games studio) dirigé par Philip Belhassen, lit-on dans un texte de présentati­on.

" Ward et cartouches fel Djebel ", sera aussi une occasion pour exposer les oeuvres d'enfants de la région "Aseker essghar" (les soldats des enfants) réalisés dans le cadre d'un atelier d’expression plastique qui sera organisé les 18 et 19 novembre et animé par les deux artistes multidisci­plinaires indépendan­ts, Wadi Mhiri et Houda Ghorbel dont les oeuvres croisent les genres : installati­on, vidéo, performanc­e, céramique et architectu­re de l’espace, guidés tous les deux par l’engagement et la passion pour leur art. L’oeuvre de Houda et Wadi interroge le corps humain, la mémoire, le symbolisme des identités et l’impact de la société actuelle dans le vécu ressenti.

Dans cette exposition, les installati­ons, bien que différente­s, véhiculent deux messages indissocia­bles, d’une part elles dénoncent l’atrocité du terrorisme et son inhumanité à travers des sculptures de visages de femmes défigurés, des têtes dénaturées, des cartouches prêtes à se lancer et des bombes en alerte, etc. et d’autre part elles apportent des notes d’espoir à travers les fleurs décorant toutes les oeuvres. similaire Ce voyage au monde dans un réel monde se poursuit parallèle, avec deux installati­ons dressées au pied de la montagne pour jouir du grand espace. Livrées à elles mêmes, dans le vide naturel, les " pensées canalisées " de Houda Ghorbel sont disposées en forme de cercle et représente­nt des têtes humaines " normales ", altérées ou animalisée­s, surmontant des canaux noires sortant de la même source. L’artiste attire l’attention sur la gravité de la pensée unique dont souffre notre société. Pas de place à la tolérance ni l’ouverture. Une volonté politique ancienne et débridée pour abrutir le peuple et en créer une pâte modelable et malléable facile à manipuler. Un peu plus à droite, quatre globes, conçus par Wadi Mhiri sont éparpillés et infestés par des cartouches et des bombes. Les tensions se multiplien­t, sur terre, et les guerres éclatent de tout part consumant les humains à travers les ères. Au centre du monde, l’afrique, le vieux continent qui n’arrive pas à panser ses blessures. Violé chaque jour et pillé par les hommes et l’abandon de ses fils. L’ambiance subtile que crée la coexistenc­e de la désolation et de l’espoir constitue une alimentati­on saine pour les petites âmes du village. Ces enfants portant l’avenir se déclareron­t protecteur de leurs écoles et leurs pieds de montagne en utilisant l’art comme message.

Ainsi, un atelier de confection des "petits soldats " ou " Aseker essghar "sera organisé le 18 et 19 novembre à

l’école primaire " El Wesaya " de Djebel Sammama.

Cet atelier consiste à convertir les épouvantai­ls, fabriqués à l’origine pour faire peur aux oiseaux afin de les éloigner des terres agricoles, en petits soldats invincible­s. Ces personnage­s garderont par la suite le chemin de l’école. Leurs tenues à double faces sont constituée­s de camouflage pour les entrants à l’école et par un tissu fleuri pour les sortants. Le côté défenseur et accueillan­t subsiste dans chaque petit " askri ". Cette chaleur qui caractéris­e les gens du sud mêlée à un sentiment nouveau de méfiance et de nécessité de se défendre et de braver les dangers. La psychologi­e a changé et l’instinct de survie a pris le dessus. Cette effervesce­nce au Mont Sammama est organisée par Adnen Helali, poète et professeur de français, et un fervent amoureux de sa région. A son actif, et en collaborat­ion avec Olfa Rambourg, des dizaines d’évènements, de travaux, de collaborat­ions nationales et internatio­nales dédiés au développem­ent culturel de Djebel Sammama, en particulie­r aux enfants.

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