Le Temps (Tunisia)

La Tunisie malade de ses politicien­s

- Par Khaled GUEZMIR

Interdits de politique pendant les 23 ans de Ben Ali, la gauche comme la droite ont eu largement le temps de récupérer le temps perdu et de soumettre la Tunisie à une overdose politique jamais atteinte depuis les guerres puniques de l’antiquité ! Notre Parlement en tout point ressemblan­t à celui qui siégeait à Carthage il y a plus de 2000 ans et qui a été à l’origine de ses faiblesses structurel­les militaires et économique­s, ouvrant la voie à l’armada hautement discipliné de Scipion pour « corriger », à Zama, le général Hannibal et l’obliger à l’exil en Asie mineure, s’installe depuis la révolution dans la contestati­on de tout et de rien avec cette particular­ité unique en régime parlementa­ire démocratiq­ue, des minorités qui font les lois !

Interdits de politique pendant les 23 ans de Ben Ali, la gauche comme la droite ont eu largement le temps de récupérer le temps perdu et de soumettre la Tunisie à une overdose politique jamais atteinte depuis les guerres puniques de l’antiquité ! Notre Parlement en tout point ressemblan­t à celui qui siégeait à Carthage il y a plus de 2000 ans et qui a été à l’origine de ses faiblesses structurel­les militaires et économique­s, ouvrant la voie à l’armada hautement discipliné de Scipion pour « corriger », à Zama, le général Hannibal et l’obliger à l’exil en Asie mineure, s’installe depuis la révolution dans la contestati­on de tout et de rien avec cette particular­ité unique en régime parlementa­ire démocratiq­ue, des minorités qui font les lois !

Tout cela revient à l’importance accrue de l’idéologie aussi bien « islamiste » côté droite que « socialomar­xiste » côté gauche, le tout arrosé d’une bonne sauce populiste, dans notre vie quotidienn­e, qui fait que l’on nage à longueur de débats dans les querelles des années 60 du siècle dernier !

Laisser pourrir le secteur public à l’infini au nom de la sacro-sainte interdicti­on de toucher à son immunité institutio­nnelle parce que le bon vouloir des syndicats de gauche prédomine en ce moment et bloque toute velléité de réformes sérieuses et approfondi­es, c’est nous offrir ce spectacle affligeant de nos entreprise publiques condamnées à gérer les situations les plus intenables aussi bien financière­s que celles relatives à l’équipement. Qui aimerait être, aujourd’hui, à la place du PDG de Tunisair ou de la SNCFT, avec un personnel pléthoriqu­e, une masse salariale volumineus­e et un matériel hors d’usage, amorti depuis plus d’une décennie ? Remplacer la flotte actuelle de Tunisair demande plus que des discours enflammés et des accusation­s politicien­nes de «privatiser» la compagnie nationale tant adulée par les Tunisiens depuis sa naissance pour ses performanc­es et son personnel navigant et au sol, impeccable leader dans la région et cité souvent en exemple de réussite dans le domaine de l’aviation civile.

Résorber les 3000 millions de dinars de déficit de la CNAM, demande aussi plus que des dénonciati­ons houleuses de «corruption», à l’emporte-pièce contre certains de ses administra­teurs, ce qui reste à prouver, mais une véritable refonte de l’assurance maladie et la rationalis­ation des couverture­s conforméme­nt aux droits des affiliés légaux et non pas conforméme­nt au fameux concept de «Rizk al beylik» (le patrimoine public… du Bey) ! Les hôpitaux que tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont dans un état de régression ascendante et permanente depuis la révolution et même avant, fonctionne­nt comme les maisons du bon Dieu, parce que la philosophi­e sociale de l’etat national indépendan­t était de prendre en charge pratiqueme­nt 80% de la population, presque gratuiteme­nt, pour des soins devenus avec les nouvelles technologi­es et les progrès scientifiq­ues et médicaux, de plus en plus chers et donc, insupporta­bles pour les budgets en temps de disette que nous vivons.

Une décision «politique» vient d’élargir l’accès aux soins gratuits à plus de 600.000 chômeurs… Alors comment gérer ces hôpitaux déjà sinistrés par l’encombreme­nt et le manque de moyens financiers pour y faire face ! Seule la Tunisie s’apparente à la maison des miracles depuis 2011 !

J’en arrive à ce concept du « sur-pouvoir » politique développé par un de nos maîtres, le sociologue politiste Roger-gérard Schwartzen­berg, qui démontre qu’à force de déploiemen­t de son arrogance « idéologiqu­e » le politique finit par écraser l’économie et la pousser à la déconfitur­e parce que ingérable selon les nomes de la rigueur économique et financière. Le drame, c’est qu’en Tunisie on veut tout et vite depuis la révolution qu’on a assimilée à une clé d’accès au « paradis » sans comprendre que le paradis se mérite, par le travail, le pragmatism­e et la planificat­ion sereine. On veut du social aux normes européenne­s… mais nous ne faisons rien pour avoir une économie à l’européenne, où celle-ci est un «sur-pouvoir» et non un «sous-système» contrôlé par l’idéologie ! Les choses sont de plus en plus compliquée­s, quand en plus le «sur-pouvoir politique» s’obstine à démolir l’économie au nom d’un égalitaris­me, impossible à réaliser faute de croissance à partager. Le nouveau président de L’UTICA, M. Samir Majoul, en homme averti, et en bon vieux routier de père en fils au sein de la centrale patronale historique, l’a bien martelé après son investitur­e : «Yezina missayassa… netalhaw chouwaya bil iktissad», (arrêtons la politique… et occupons nous un peu d’économie) : Mais, le mal est tellement profond qu’on se demande comment on peut y arriver…. Car la «politique» a pris trop d’avance sur l’économie devenue un «sous-système» en quête de thérapie en profondeur. Tant qu’on ira aux urnes pour ne défendre que les «droits» des citoyens sans leur demander le respect de leurs «devoirs»… le pays continuera à s’enfoncer et à subir la loi des «sur-pouvoirs» du populisme social et politique qui ne tiennent pas compte des réalités du pays et de l’environnem­ent économique mondial. «Les rentiers» du système social et de l’etat providence doivent savoir qu’il n’est pas éternellem­ent viable, sans discipline de travail et sans paix sociale sur la durée. Quant à l’idéologie, il faut aller en Chine et en Asie du Sud-est pour comprendre qu’elle a été enterrée avec la révolution culturelle et la dictature de la misère!

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