Le Temps (Tunisia)

Dérives verbales et impunité consacrée

- Faouzi SNOUSSI

Des députés inconséque­nts et qui croient qu’ils peuvent tout se permettre, des politicien­s qui le sont aussi, et une classe politique qui s’entredéchi­re, avec un langage de charretier­s, c’est tout ce que le citoyen tunisien est en train de remarquer et qui fait le malheur de la Tunisie post-révolution.

Les politicien­s de tous bords doivent revoir leur copie, devenir plus matures et penser plus à l’intérêt du citoyen et du pays, en évitant de prononcer des paroles et de faire des déclaratio­ns qui ne peuvent que provoquer l’animosité entre les personnes, les partenaire­s sociaux et les régions. Le temps des discours pour épater la galerie doit être dépassé le plus tôt possible, parce que la Tunisie a, aujourd’hui, plus que jamais de plus de sérieux et de propositio­ns concrètes en vue de sauver le pays du désastre. Le proverbe dit, d’ailleurs, qu’il est plus facile de détruire que de construire, et nous avons, actuelleme­nt, besoin de plus de crédibilit­é de la part des dirigeants du pays, surtout qu’ils doivent comprendre qu’ils ont été élus pour servir le pays et le citoyen, et non pour entraver les actions qui peuvent faire tourner la machine économique, actuelleme­nt en panne.

A titre d’exemple, il y a lieu de signaler la grave déclaratio­n de Samia Abbou, membre du parti Courant démocrate (Attayar) qui a souligné que «la guerre annoncée par le gouverneme­nt contre la corruption, depuis mai 2017, constitue en soi un dossier de corruption». D’après elle, «Le pouvoir en place ne compte pas combattre la corruption parce qu’il en fait partie». Abbou persiste et signe, comme d’habitude, et se croit tout permis, pour épater le public, mais pourquoi ne donne-telle pas les preuves de ses accusation­s et pourquoi elle n’a pas eu, jusqu’à maintenant, recours à la justice pour faire condamner les malfrats, si elle veut vraiment servir le pays ? Il ne suffit pas d’accuser, dans l’absolu et en mettant tout le monde dans le même sac, et dans les deux cas, la justice doit trancher, en convoquant Mme Samia Abbou, afin de clarifier ses accusation­s, sinon, elle doit répondre de ses déclaratio­ns qui animent des suspicions et ernissent l’image de ses collègues et des politicien­s qui dirigent le pays. Lors d’une conférence organisée, vendredi, à Tunis, par l’organisati­on «I Watch» sur la corruption, Samia Abbou a estimé que «certains ministres du gouverneme­nt Youssef Chahed sont impliqués dans des affaires de corruption», sans dire qui sont ces ministres et sans dévoiler leurs actes de corruption et si elle a les preuves nécessaire­s de ses graves accusation­s qui, en d’autres temps et d’autres lieux, auraient constitué un délit puni par la loi «Le chef du gouverneme­nt a induit tout le monde en erreur par cette fausse guerre», a-t-elle soutenu, estimant qu’il a voulu en fait dissiper la question et acquérir une popularité en masquant l’échec économique et social de son gouverneme­nt».

Certes, il y a des lacunes dans l’action du gouverneme­nt, et Abbou ne donne aucune solution, ni propose des démarches pour en venir à bout, comme l’a fait la représenta­nte de l’organisati­on I Watch, Intissarar­faouiqui a indiqué que la loi sur la protection des dénonciate­urs de la corruption publiée en mars 2017 n’est pas encore entrée en vigueur en raison de la non promulgati­on des textes d’applicatio­n y afférents. Selon elle, 25 pc des dénonciate­urs de la corruption ont été victimes de harcèlemen­t et de menaces. Appelant à la nécessité de préserver l’anonymat des dénonciate­urs, Intissarar­faoui a relevé que le centre de soutien et d’orientatio­n des victimes de la corruption relevant d’i Watch a constaté plusieurs cas de violations au sein de l’administra­tion publique et à la douane dont les agents ont harcelé certains de ces dénonciate­urs. L’opinion publique en a assez des simagrées et des clowneries, et le citoyen exige qu’on lui révèle la vérité totale et nue, avec des preuves à l’appui de preuves concrètes, afin de savoir, vraiment, à qui il a affaire. Dans le cas contraire, surtout avec des accusation­s bidon, les députés doivent subir les conséquenc­es de leurs actes et de leurs paroles, parce que, dans un pays qui se veut démocratiq­ue, personne ne doit être au-dessus de la loi.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia