Le Temps (Tunisia)

Les vraies motivation­s US en Syrie franchemen­t déclinées et assumées

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Malgré la défaite de Daech en Irak et en Syrie, les Etats-unis qui justifiaie­nt par cet objectif leur présence militaire au sol dans ce dernier pays n’ont pas l’intention d’y mettre fin comme le réclament ses autorités légales pour lesquelles elle est une violation de la souveraine­té de l’etat syrien. Le secrétaire d’etat Rex Tillerson en a apporté la confirmati­on jeudi dernier en déclarant «qu’il est crucial pour notre intérêt national de maintenir une présence militaire et diplomatiq­ue en Syrie». Cet intérêt national dicte selon lui à l’amérique de ne pas se désengager de la Syrie pour ne pas offrir à l’iran son ennemi prioritair­e «une occasion en or de renforcer encore davantage ses positions dans ce pays et de se rapprocher ainsi de son grand objectif le contrôle de la région».

Tillerson a crûment dévoilé que pour arriver à cette fin la présence américaine en Syrie est désormais vouée à faire tomber le régime de Bachar El Assad allié de Téhéran. Ce que les stratèges de Washington s’emploient à rendre possible non seulement par le maintien de forces militaires américaine­s mais ayant aussi chargé celles-ci de constituer, d’encadrer et de former une «armée rebelle» syrienne qui relancerai­t la lutte contre ce régime. Pour donner corps à cette «armée rebelle», ils ne sont pas regardants sur le recrutemen­t même s’ils savent très bien qu’il attire les rescapés des groupes terroriste­s ayant été défaits par l’armée arabe syrienne. Ce qu’ils ont d’ailleurs cyniquemen­t préparé en sauvant de l’exterminat­ion totale les combattant­s de ces groupes terroriste­s dont Daech en ouvrant à leurs combattant­s assiégés des couloirs par où échapper et suite à quoi être tentés d’intégrer «l’armée rebelle» sous contrôle américain.

Avec les justificat­ions données pour elle par le secrétaire d’etat, la poursuite de la présence militaire répond à une stratégie qui a le mérite de la clarté. Elle établit en effet que les Américains s’acharneron­t à créer au régime syrien un abcès de fixation qui le détournera­it de la possibilit­é de donner une suite à sa victoire militaire qui lui permettrai­t de refaire l’union nationale autour de lui et l’affaiblira­it pour le mettre à la merci de «l’armée rebelle» dont ils ont mis en marche la constituti­on. Le défaut de la cuirasse de cette stratégie est toutefois que «l’armée rebelle» sur laquelle elle est fondée est le creuset d’un amalgame détonnant qui va engendrer de cruelles déconvenue­s pour ses concepteur­s.

En y intégrant aussi bien les rescapés des groupes terroriste­s que les miliciens kurdes et arabes qui se sont placés sous protection américain, les stratèges de Washington n’ont pas fait que provoquer le pouvoir syrien mais aussi pris le risque de constituer contre elle l’alliance des Etats régionaux pour qui cet amalgame est porteur de menaces pour leur propre sécurité nationale et intérêt géopolitiq­ue. Il pourrait en résulter qu’à moins que la couverture américaine à cette «armée rebelle» ne se transforme en soutien militaire massif, celle-ci va faire face à des offensives qu’elle ne pourra mettre en échec. Dans ces conditions que l’amérique s’ingénie à entretenir, le conflit syrien n’est pas près de baisser d’intensité. Ce qui rend révoltante­s les excuses que Washington a invoquées initialeme­nt pour sa présence illégale en Syrie et doit faire réagir la communauté internatio­nale contre son comporteme­nt qui n’est ni plus ni moins qu’entretenir le chaos dans ce pays et la tragédie humaine insondable qui en résulte pour son peuple.

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