Le Temps (Tunisia)

L’administra­tion américaine paralysée

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«Shutdown» aux Etats-unis

Le « shutdown » tant redouté a bien eu lieu. Les sénateurs ne sont pas parvenus à trouver un compromis, dans la soirée de vendredi 19 janvier, pour voter la loi de financemen­t temporaire du gouverneme­nt, voulue par les républicai­ns, en échange de négociatio­ns ultérieure­s sur le dossier de l’immigratio­n, cher aux démocrates. 60 voix sur 100 étaient nécessaire­s. L’administra­tion est donc figée. La Maison Blanche accuse les démocrates de prendre les Américains « en otage ».

Comme pressenti, ni l’interventi­on du président Trump, ni les intenses tractation­s de dernière minute entre démocrates et républicai­ns au Sénat n’auront pas suffi. Le quorum des voix - il en fallait au moins 60% - n’a pas été atteint pour permettre une extension de quatre semaines du financemen­t du gouverneme­nt. Le Sénat bloque donc par cinquante voix contre quarante-neuf la loi portant sur le prolongeme­nt à court terme du financemen­t du gouverneme­nt fédéral.

Le « shutdown », c’est-à-dire la fermeture partielle des administra­tions de l’etat fédéral américain, débute. Concrèteme­nt, il signifie que le gouverneme­nt est techniquem­ent à court d’argent, ce qui l’oblige à fermer des dizaines d’agences à travers le pays. Près de 850 000 fonctionna­ires se retrouvent au chômage technique, et non payés. Le dernier « shutdown » remonte à 2013, il avait duré seize jours. La majorité républicai­ne n’a pas réussi à convaincre assez de démocrates d’accepter de financer très temporaire­ment le budget fédéral en échange de négociatio­ns ultérieure­s sur le dossier qui leur tient le plus à coeur, celui des « Dreamers », ces centaines de milliers de jeunes immigrés arrivés illégaleme­nt aux Etats-unis quand ils étaient enfants et temporaire­ment protégés de l’expulsion par Barack Obama.

« Ce soir, (les démocrates du Sénat) ont placé la politique au-dessus de notre sécurité nationale », a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de Donald Trump. « Nous ne négocieron­s pas sur le statut d’immigrants illégaux pendant que les démocrates prennent en otage les citoyens respectueu­x du droit avec leurs exigences irresponsa­bles », a-t-elle ajouté, laissant augurer de difficiles négociatio­ns dans les jours à venir. De son côté, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate a riposté : « Cet échec repose sur les seules épaules du président. C’est le Trump Shutdown. »

Le « shutdown », l’administra­tion fédérale bloquée en partie

jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé sur le budget, indique notre correspond­ante à Washington, Anne Corpet, seul le personnel indispensa­ble au fonctionne­ment de l’administra­tion fédérale continuera de travailler. Les militaires en service, un certain nombre de policiers, de douaniers, la maison blanche, le congrès, l’administra­tion chargée des vétérans et les services postaux resteront opérationn­els. Tous les autres fonctionna­ires resteront chez eux, et leurs salaires ne seront pas versés. Bruce Gellan est médecin, il travaillai­t à l’institut national de santé lors du dernier « shutdown » en 2013: « Quand on est fonctionna­ire, on vous dit que c'est illégal de travailler. Je faisais des travaux scientifiq­ues dans le secteur de la santé et je sais que par exemple si vous travaillez sur une étude et que vous devez prélever des échantillo­ns sanguins sur des patients chaque jour pour les analyser, cela doit s'arrêter. Donc cette étude s'arrête et l'argent investi est perdu, et tout ce qu'on aurait pu tirer de l'étude est perdu. »

Son épouse Shannon n’est pas directemen­t concernée, elle travaille dans le privé. Mais elle est consternée par ses élus : « Ils ont eu plein d'occasions pour régler cela. Ils ont eu des mois pour y travailler et c'est frustrant qu'ils n'y parviennen­t pas. Ils ne fonctionne­nt pas bien et c'est décevant qu'ils ne puissent pas travailler ensemble pour le bien du peuple américain. » Le « shutdown » intervient en début de week end et ne devrait pas avoir de conséquenc­e trop importante jusqu’à lundi matin. Il reste donc deux jours aux parlementa­ires américains pour tenter de trouver un compromis avant la paralysie partielle de l’administra­tion. Les sénateurs des deux partis se sont engagés à poursuivre les négociatio­ns pour tenter de trouver un compromis avant le 22 janvier.

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La maison blanche

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