Les Kurdes appellent à la mobilisation
Syrie-offensive turque à Afrin
Les autorités kurdes dans le nord-ouest de la Syrie ont appelé hier à la mobilisation générale contre l'offensive des forces turques et de leurs alliés de l'armée syrienne libre (ASL) dans la région d'afrin. "Nous appelons tout notre peuple à défendre Afrin et son honneur", ont-elles déclaré dans un communiqué. Les combats, lancés samedi, se sont étendus. L'artillerie turque a bombardé lundi la ville syrienne de Ras al Aïn, contrôlée également par les Kurdes mais située à 300 km à l'est de la région d'afrin, a annoncé hier un porteparole des Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde. Ce bombardement a fait trois morts.
Des milliers de civils fuient les combats, a rapporté l'observatoire syrien des droits de l'homme, mais les forces gouvernementales syriennes les empêchent de rejoindre les zones tenues par les Kurdes dans la ville d'alep, à 50 km d'afrin. Alep est en majorité contrôlée par l'armée gouvernementale syrienne mais le quartier de Cheikh Maksoud est aux mains des miliciens kurdes. Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a invité hier la Turquie a faire preuve de retenue. L'offensive turque en Syrie, a-t-il dit lors d'une visite en Indonésie, "pourrait être exploitée par l'etat islamique et Al Qaïda" et risque d'aggraver la crise humanitaire dans la région.
Appels à la retenue
La France a elle aussi appelé une nouvelle fois la Turquie à la retenue en Syrie tout en disant comprendre le "souci" d'ankara concernant la sécurisation de sa frontière.
En Turquie, la police a arrêté la nuit dernière plusieurs dizaines de personnes, dont des journalistes et une personnalité politique kurde, accusées de "diffusion de propagande terroriste" sur les réseaux sociaux.
Ces arrestations ont surtout eu lieu dans la province d'izmir, précise l'agence de presse Anatolie. Elles portent à environ 90 le nombre de personnes arrêtées dans 13 provinces de Turquie depuis le début de l'opération "Rameau d'olivier" en Syrie. Parmi les personnes arrêtées figure le dirigeant à Izmir du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde). Lundi, les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance rebelle à laquelle appartiennent les YPG, n'ont pas exclu d'envoyer des renforts dans la région d'afrin pour faire face à l'attaque turque. Ils ont affirmé que 18 civils, dont des femmes et des enfants, avaient été tués dans l'offensive, et 23 autres blessés. L'armée turque a de son côté annoncé déplorer un mort dans ses rangs, un soldat tué dans un accrochage dans la province turque de Kilis, frontalière de la Syrie. Ankara considère la milice YPG comme une organisation terroriste liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui combat le pouvoir central turc depuis 1984.
"Rameau d'olivier"
Le président turc Tayyip Recep Erdogan a promis d'écraser les miliciens kurdes dans la région d'afrin. Il veut également prendre le contrôle de la ville de Manbij, plus à l'est. L'opération "Rameau d'olivier", préparée dans la nuit de jeudi à vendredi par des tirs d'artillerie, a été suivie samedi par des raids de l'aviation et formellement lancée par le président Erdogan. Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a déclaré dimanche qu'ankara entendait créer une zone de sécurité s'avançant d'une trentaine de kilomètres en territoire syrien. Environ 25.000 rebelles de l'armée syrienne libre (ASL) participent à l'opération au côté de l'armée turque dans le but de reprendre la ville arabe de Tel Rifaat et des localités alentour prises par les YPG en février 2016.
L'offensive turque fait suite à de nombreux avertissements lancés ces dernières semaines par le pouvoir turc. Ankara a été particulièrement contrarié par l'annonce que les Etats-unis allaient prendre en charge la formation d'une force de gardes-frontières de 30.000 hommes dans l'est syrien contrôlé par les FDS.