«Esclavage» déguisé !
Une préposée au nettoyage dans un hôtel touristique à Sidi Bou Saïd nous a rapporté qu’elle avait reçu un avertissement de la part de sa cheftaine (gouvernante) parce qu’elle avait souri spontanément en conversant avec une collègue.
Une préposée au nettoyage dans un hôtel touristique à Sidi Bou Saïd nous a rapporté qu’elle avait reçu un avertissement de la part de sa cheftaine (gouvernante) parce qu’elle avait souri spontanément en conversant avec une collègue. En retard de phase, beaucoup de patrons et de chefs dans le secteur privé en particulier, continuent de se comporter en maîtres. Comme l’a noté un commentateur, l’esclavage physique a peut être disparu, mais l’esclavage déguisé persiste à vaste échelle et constitue pratiquement la règle dans le secteur privé pour la gestion des affaires professionnelles, favorisé par ce qui est appelé cyniquement la flexibilité de la loi du travail qui a permis l’application des contrats de travail de courte durée sans aucune obligation pour l’employeur, et ce comme solution à la promotion de l’emploi, face à l’aggravation du chômage. A vrai dire, il faut plutôt parler d’absence de loi notamment quand il n’y a pas de syndicats ouvriers pour défendre les droits des travailleurs. On prône l’application de la loi quand elle sert nos intérêts, comme pour la lutte contre le commerce parallèle, et on l’ignore et la dénigre quand elle nous impose des obligations.
Outre la modicité des salaires, la tâche de trois et quatre ouvriers est confiée à une seule personne au grand détriment de sa santé, parallèlement à des clauses d’assujettissement qui permettent de faire travailler les ouvriers et ouvrières à n’importe qu’elle heure, abstraction faite du planning, comme la nuit ou le matin de bonne heure pour les femmes. Une autre ouvrière dans un autre hôtel touristique nous a rapporté qu’elle venait de perdre son enfant (un nourrisson) parce qu’elle était obligée de travailler la nuit et ne pouvait pas l’entourer de tous les soins nécessaires. D’autres cas de ce genre nous ont été signalés, au point que plusieurs ouvrières ont dit envisager de quitter leur travail pour fuir le stress étouffant dans lequel elles vivent, à cause des mauvaises conditions de travail, et de la tension marquant les relations professionnelles. Certes de tels cas, de telles pratiques ne sont pas, heureusement, courantes, mais elles existent.