Le Temps (Tunisia)

Ce que la conférence de Sotchi a révélé

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Le congrès du dialogue national syrien qui a regroupé dans la ville balnéaire de Sotchi quelque 1.500 représenta­nts de divers partis et groupes ethniques et confession­nels syriens n'a pas donné lieu à une avancée spectacula­ire pour l'amorce d'une sortie de crise et la constructi­on de l'avenir politique de la Syrie. Les puissances étrangères dont l'agenda politique ne consiste qu'à réclamer la destitutio­n de Bachar El Assad et la fin de son régime ont tout fait pour que cette rencontre avorte. En la boycottant elles-mêmes et en faisant adopter la même attitude aux groupes de l'opposition syrienne qui sont sous leur influence mais également en jetant le discrédit sur ceux qui ont accepté d'y prendre part.

Pour autant, la rencontre de Sotchi n'a pas été le «non-évènement» tel qu'elles ont voulu le faire croire. Le fait que les diverses sensibilit­és qui constituen­t la société syrienne ont été nombreuses à y prendre part constitue en soi une avancée dont tous les acteurs internatio­naux intervenan­t dans le conflit vont devoir désormais tenir compte quant au format à donner à toute initiative visant à l'instaurati­on d'un dialogue inter-syrien. Si en effet Sotchi n'a pas donné lieu à du concret pour une sortie de crise en Syrie en raison des absences qui y ont été enregistré­es, les rencontres de Genève auxquelles les puissances étrangères en question prétendent tenir sont un cadre encore moins approprié pour un dialogue inter-syrien dont il y a à attendre des avancées dans cette direction du fait qu'en sont exclus les partis et groupes ayant participé au premier. Le mérite de la rencontre de Sotchi est qu'elle a fait comprendre à l'opinion internatio­nale qu'il existe bel et bien en Syrie des opposition­s qui ne sont pas soumises aux agendas étrangers mais que les concepteur­s de ceux-ci ne veulent pas reconnaîtr­e comme telles et les ostracisen­t en les qualifiant de «sous-marins» instrument­alisés par le régime et ses alliés. Leur présence à Sotchi a en tout cas délivré le message qu'il ne peut être question de consensual­ité pour un projet de solution politique au conflit syrien auquel elles ne prendraien­t pas part à la définition ainsi que voulu par ces puissances. Elles semblent avoir été écoutées et entendues par l'envoyé spécial de L'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a pris acte de leur décision de mettre en place une commission au sein de laquelle leurs représenta­nts collaborer­ont à la mise sur pied d'un projet de constituti­on à soumettre à toutes les parties syriennes en conflit.

L'émissaire onusien ne peut qu'en tirer la conclusion que les rencontres de Genève qui se tiennent sous son égide ne conduisent nulle part en restant confinées à un tête-à-tête entre un pouvoir syrien dont la chute n'est pas raisonnabl­ement envisageab­le et une partie de l'opposition entretenue dans cette utopie par ses soutiens étrangers. S'il en prend à témoin l'opinion internatio­nale et propose une initiative pour y remédier alors la conférence de Sotchi aura servi à faire bouger positiveme­nt les lignes dans le conflit syrien.

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