Le Temps (Tunisia)

Salah Abdeslam fustige une justice anti-musulmans

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Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-denis, a fustigé hier à l‘ouverture de son procès à Bruxelles une justice qui traite selon lui les musulmans “de la pire des manières”. Vêtu d‘une chemise blanche, la barbe longue et les cheveux à l‘épaule, le prévenu, jugé pour une autre affaire, a d‘abord déclaré à la juge du tribunal correction­nel de Bruxelles, Marie-france Keutgen : “Je ne souhaite pas répondre aux questions.” Mais, loin de se murer dans le silence, il a ensuite longuement expliqué ce refus, se montrant décontract­é, souriant parfois et plaisantan­t avec son avocat. “On m‘a demandé de venir, je suis venu, il y a un procès et je suis l‘acteur de ce procès”, a-t-il dit dans un phrasé fluide mais assez nerveux, estimant que “mon silence ne fait pas de moi un criminel ni un coupable.” “Ce que je constate, c‘est que les musulmans sont jugés et traités de la pire des manières, sont jugés impitoyabl­ement”, a-t-il poursuivi. “Il n‘y a pas de présomptio­n d‘innocence.” “Je témoigne qu‘il n‘y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed et son serviteur et son messager”, a-t-il ensuite déclaré. “Jugez-moi, faites ce que vous voulez de moi, moi c‘est en mon seigneur que je place ma confiance.”

Cette stratégie de défense a ulcéré les parties civiles.

Le procès de Bruxelles, pas de Paris

Selon un rapport d‘expertise versé au dossier des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, le gilet explosif de Salah Abdeslam, n‘a pas fonctionné parce qu‘il était défectueux et non parce que ce dernier aurait renoncé. Les enquêteurs soupçonnen­t Salah Abdeslam d‘avoir été lié à la cellule qui a mené les attentats-suicide à la bombe du 22 mars 2016 qui ont fait 32 morts à l‘aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, quatre jours après son arrestatio­n. L‘audience a débuté par un débat entre l‘avocat de Salah Abdeslam, Sven Mary, et celui de l‘associatio­n belge de victimes de terrorisme V-europe, Guillaume Lys. La constituti­on comme partie civile de cette associatio­n, la semaine dernière, a conduit la défense à se prévaloir de la nécessité d‘un délai supplément­aire pour étudier ce nouvel élément s‘il était retenu. Marie-france Keutgen a suspendu l‘audience une dizaine de minutes après son ouverture pour statuer sur la demande de Sven Mary, puis a décidé de poursuivre les débats prévus cette semaine, en fixant toutefois à une date ultérieure, le 29 mars, les discussion­s concernant cette partie civile. Ce procès ne sera pas celui des attentats de Paris, ni de Bruxelles mais bien celui de la fusillade de la rue du Dries, a ajouté la juge. Salah Abdeslam avait été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, un quartier de Bruxelles, après quatre mois de cavale et trois jours après son implicatio­n présumée dans une fusillade à Forest, une commune du sud de l‘agglomérat­ion bruxellois­e. Remis le 27 avril 2016 à la France, il y a été mis en examen notamment pour participat­ion à une associatio­n de malfaiteur­s terroriste. Le parquet fédéral belge et le parquet de Paris se sont accordés début octobre sur une solution juridique afin qu‘il puisse être présent à son procès à Bruxelles.

Trajet quotidien depuis la France

Il comparaît devant la justice belge pour tentative de meurtre dans un contexte terroriste et possession illégale d‘armes à feu lors de cette fusillade. Sofien Ayari, un Tunisien de 24 ans arrêté en même temps que lui, répond des mêmes accusation­s devant la 90e chambre du tribunal correction­nel de Bruxelles.

Interrogé hier par la juge, il a reconnu avoir rejoint l‘etat islamique en Syrie, avant de prendre la route des demandeurs d‘asile vers l‘allemagne, puis la Belgique, où il a partagé avec Salah Abdeslam la planque de la rue du Dries.

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