La faute de Washington
Une bonne partie de la réponse peut être attribuée au refus du président Barack Obama de déployer des troupes de combat contre L’EI, en faveur d’une présence légère utilisant des forces locales aidées par les frappes aériennes et la formation des États-unis. Cette approche a été tentée pour la première fois en Irak, mais a échoué lorsque les forces de mobilisation populaire ((FMP, aussi appelées Hachd el-chaabi) soutenues par l’iran ont saisi le territoire. Les conséquences de cette décision, que les États-unis ont en grande partie choisi d’ignorer, atteindront leur paroxysme en avril, lorsque les commandants des FMP prévoient de se présenter aux élections législatives irakiennes. En Syrie, les Kurdes se sont avérés être un allié plus fiable. Mais leur allégeance aux États-unis a un coût. Obama était prêt à négliger les liens de leurs combattants avec le PKK, en utilisant de subtiles distinctions pour différencier des groupes indiscernables. Sans avoir jamais vraiment tenu compte de l’appréhension d’erdogan, Obama a choisi de ne prendre en compte que superficiellement les préoccupations de la Turquie.
Incohérence Quand Trump est arrivé au pouvoir, son manque d’intérêt pour les détails et son inclination pour la démagogie ont exacerbé les tensions. Un élément clé de la présidence de Trump a été son désir de se faire plaisir auprès de ses invités en faisant des promesses qu’il ne peut pas tenir (comme ce fut le cas lors d’une récente réunion avec les démocrates du Congrès sur l’immigration). Ce penchant à plaire semble avoir abouti à ce que Trump fasse des promesses à Erdogan, que les décideurs du Pentagone à la tête des politiques américaines sur l’irak et la Syrie n’ont jamais eu l’intention de tenir.
Mais contrairement aux législateurs américains, Erdogan dispose d’une armée qui obéit à son bon vouloir. La Turquie considère le PKK comme une menace existentielle et considère le PYD comme son appendice syrien mortel. Les messages confus de l’amérique, délivrés par un président non qualifié en matière de politique ou de diplomatie, ont enflammé un rapport critique qui, à son tour, a mis en péril la lutte contre L’EI. En dépit de l’affirmation de Trump, lors du discours sur l’état de l’union, selon laquelle L’EI est presque vaincu, quelque 3 000 combattants sont toujours en Syrie, en prennent même parfois le contrôle de certains territoires.
Bref, la politique américaine est vouée à l’échec. Non seulement elle encourage des adversaires comme l’iran et ses alliés. Mais elle met également en péril près de 2 000 soldats américains qui collaborent avec les Kurdes en Syrie. Les instincts d’obama ne l’ont pas trompé. Les invasions à grande échelle réussissent rarement à déraciner les menaces djihadistes. Mais la sous-traitance par l’amérique de ses batailles à des combattants locaux en Syrie a créé de nouveaux dangers. Si Trump entend rompre avec le passé et jouir des mérites qu’il s’attribue, les États-unis doivent trouver une nouvelle façon de parvenir à leurs objectifs de sécurité sans déployer des divisions entières. Pour le moment cependant, les États-unis proposent à la Turquie – et à la région – leur seule incohérence et de nouvelles fausses promesses.