« Nous sommes en lice pour le rachat d’une banque de la place »
Moez Chakchouk, PDG de la Poste Tunisienne au Temps Business & Finances :
De par son acuité et le rôle qu’elle tient dans les rouages économiques, la gestion des entreprises publiques requiert une attention de plus en plus accrue. Néanmoins et en dépit d’une inertie asphyxiante contre vents et marées, certaines entreprises publiques continuent de combattre dans des circonstances bouleversantes. Dans ce cadre, Moez Chakchouk, PDG de la Poste Tunisienne nous fait part des derniers résultats de la poste, les nouveautés ainsi que le plan d’action de la Poste à court et à moyen terme.
Le Temps Business & Finances : On note un changement remarquable au niveau technologique de la poste, y a-t-il des nouveautés à ce propos ?
Moez Chakchouk: L’année 2011, n’est pas l’année charnière pour le développement technologique de la Poste. La Poste était toujours précurseur à ce niveau. En tant qu’une institution financière, la Poste est toujours en avance au niveau technologique, là où il y a une nouvelle innovation. Il faut citer deux événements : le premier, c’est que la plateforme de paiement électronique de la Poste a été créée en 2000, cinq ans avant l’introduction de la première plateforme chez les banques. De même pour le paiement mobile, on était précurseur, lancée en 2009 avec Tunisie Télécom à l’époque, alors que les banques ne l’ont introduit que tardivement. Tout ça prouve que la Poste était, toujours, devancière et innovante sur le plan électronique. Deuxième chose importante pour la Poste, dans le monde, on parle beaucoup du système « Blockchain » ou « Chaîne de blocs », une nouvelle technologie qui permet aujourd’hui de développer de ce qu’on appelle « un système décentralisé », un système qui permet de créer les cryptomonnaie. En 2015, on a lancé les premiers tests, et il y a eu un effet très positif à l’échelle internationale par ce que la poste est la première institution en Afrique qui a commencé à faire ce test là au niveau technologique. Du coup, le résultat de ce test est lancé pour la première fois en une application commerciale, qui est « Digicash » le 20 mars 2017 et actuellement l’application continue à évoluer. Lorsqu’on dit poste, sonne encombrement. C’est pour cette raison qu’on a mis en disposition un système du fil d’attente. Toutefois, il ya des Tunisiens qui ont tendance à tenir la queue. Par contre, il y a une certaine jeunesse qui rechigne d’aller au bureau de la poste pour éviter la file d’attente. Donc, on a localisé les lieux des bureaux de la Poste dans une carte graphique numérique, leurs horaires de travail aussi et on a mis en disposition un indicateur dans certains bureaux qui donne une idée sur leurs taux d’encombrement. Cette application est entrée en vigueur depuis 2016.
La nouveauté, c’est de réserver un ticket d’attente dans les bureaux de poste équipés du système de gestion de la file d’attente. La Poste tunisienne a lancé une application mobile disponible en téléchargement gratuit pour Android afin de faire gagner du temps
à est ses possible adhérents. tels que de bénéficier de Grâce connaître à cette de plusieurs application, le bureau avantages de il poste le plus réserver proche son de ticket sa position à distance géographique, et savoir si le bureau de poste est encombré ou pas.
Par ailleurs, l’application Tn.post vous permet d’être informé sur: La position géographique de plus de 1000 bureaux de poste, des agences Rapid-post et des colis postaux, ainsi que ceux les plus proches de votre lieu.
Cette application sera améliorée en introduisant de nouvelles nouveautés permettant de mesurer la durée d’attente moyenne pour le client. Laquelle entrera en vigueur au cours de cette année.
Quel est le plan d’action et la stratégie adoptées par la Poste Tunisienne à court et à moyen terme ? On a lancé depuis 2016 notre plan stratégique échelonnée jusqu’à 2020. Ce plan d’action est axé sur un concept important, qui est la transformation digitale de la Poste. Aujourd’hui, le numérique doit être intégré dans le métier de la Poste. Il faut également renforcer la transformation en interne de la Poste. Nous avons commencé à réaliser certaines actions, mais il reste encore à faire dans ce sens. La transformation digitale, n’est pas limitée sur une année ou deux mais il faudra une dizaine d’années pour transiter vers une poste 100% numérique en interne comme sur le Frontoffice. Une grande besogne à entreprendre.
Le plan d’action se focalise également sur l’amélioration des revenus. Nous avons deux catégories de revenus ; les revenus des services financiers, constitués d’épargne, du système des comptes courants et des mandats. Et les revenus des services postaux composés des courriers, les colis et le Rapid-post. Il y a aussi d’autres services qui ne génèrent pas beaucoup de revenus. Concrètement, la Poste est basée sur deux principaux piliers : Financier et Postal. A travers cette stratégie qu’on a mis en 2016, c’est de construire deux autres piliers : le pilier logistique qui comporte la partie transport ainsi que la partie entreposage et le pilier numérique. Audelà des paiements, il ya d’autres services numériques tels que les billets électroniques. On a entamé l’expérience de la vente des tickets électroniques avec les JCC, et elle a connu le succès. Il est temps, bien évidemment de dématérialiser la paperasse encombrante des documents administratifs.
Pouvez-vous nous parler des résultats de la Poste relatifs à l’année 2017?
Tout d’abord, on est ravi d’apprendre que selon un classement récemment réalisé par l’economiste Maghrébin sur les entreprises publiques privées (selon le CA), la Poste tunisienne a gagné 6 places par rapport au classement 2014 en occupant le 26ème rang dans le classement 2016. En 2017, on a fait un très bon progrès en termes de Chiffre d’affaires. La poste a pu réaliser une croissance de l’ordre de 15% de son C.A, ce qui est d’une grande importance pour la poste et pour l’économie nationale en général. En 2017, nous sommes aux alentours de 400 millions de dinars en termes de C.A. En termes d’épargne, on a réussi à décrocher un taux de croissance de revenus de l’ordre de 14 %. Egalement, on a réalisé un taux de croissance sur les mandats de l’ordre de 20% et la monétique de l’ordre de 32%. Les revenus des services postaux affichent aussi des résultats positifs. Ceci est expliqué par le fléchissement des courriers contre l’accroissement du taux des colis et du Rapid- Post. Pour la première fois, et malgré la concurrence, on a enregistré un regain de la croissance des revenus du service de rapide post qui a connu une relance avec un taux de croissance de 8%.
La Poste Tunisienne envisage t- elle de changer son statut et se diriger vers la « bancarisation » de son réseau ?
La Poste est une entreprise publique à caractère industriel et commercial. On est plus qu’une banque, on n’est pas une institution financière. On a une stratégie à quatre piliers. Les piliers logistique et postal ne sont pas parmi les activités de la Banque. Donc, la Poste en elle-même ne peut pas se transformer en une Banque. Il y a plusieurs pays tels que la France et le Maroc qui sont pour la filialisation de la banque et la création d’une banque postale. En Tunisie, il ya des contraintes réglementaires. On ne peut pas suivre les même pas. Pour nous, notre chemin c’est de garder le statut de la poste tout en développant l’entreprise publique citoyenne. Il faut souligner qu’on n’est pas en concurrence avec les banques. Toujours selon notre cheminement, la poste reste fidèle à sa vocation avec ses services ; financiers, postaux, logistiques et numériques. On vise à renforcer la poste en interne et à transformer la poste en utilisant son capital humain ; 10 milles employés à travers 1100 bureaux. Ce qui est important, c’est que nous sommes en train de faire ce que les autres banques ne font pas. On cite l’exemple de notre coopération avec les institutions de micro finances. En effet, nous préparons les’’ des programmes pour que microcrédits soient livrés à partir de la Poste Tunisienne. Ce programme a pour objectif de compléter les banques, du fait qu’elles refusent cette catégorie de clientèle. Pour la banque postale, pourquoi ne pas investir au niveau d’une banque qui va concurrencer les autres banques. Nous sommes d’ailleurs en lice pour le rachat d’une banque de la place. Nous nous attèlerons à la transformer en banque digitale. Nous viserons des catégories bien déterminées telles que les Tunisiens résidants à l’étranger.
Y-t-il une volonté d’introduire la Poste Tunisienne en Bourse ?
On ne veut pas toucher au statut de la Poste. En effet, la poste investit plus dans les zones défavorisées. Certaines régions sont entièrement couvertes, à l’instar de Tataouine ou un bureau de poste dessert 3000 habitants alors que dans d’autres régions la couverture est beaucoup moins importante, à l’instar de l’ariana où il existe un seul bureau de poste pour 24.000 habitants. Donc, l’intérêt d’introduire des capitaux privés à la Poste n’est pas justifié. Actuellement, la subvention de l’etat pour la Poste Tunisienne diminue de plus en plus. Le souci majeur des recrutements à la poste et qui entravent notamment la création de guichets spécifiques ou de nouveaux bureaux. Comme vous le savez il y a des restrictions majeures sur les recrutements dans la fonction publique. Nous attendons la réforme de l’administration Tunisienne et des entreprises publiques afin d’avoir plus de souplesse dans la gestion. Par ailleurs, le concours déjà ouvert le recrutement de 169 agents ne peut même pas combler les 70% des postes demeurés encore vacants. L’autre problème est lié à l’investissement précaire au sein de la poste après la révolution.
L’intérêt d’introduire des capitaux privés à la Poste n’est pas justifié
Pour nous, notre chemin c’est de garder le statut de la poste tout en développant l’entreprise publique citoyenne. Il faut souligner qu’on n’est pas en concur re nce avec les banques.
La transformation digitale est un travail de longue haleine. Il faudra une dizaine d’années pour avoir une Poste 1 00 % numérique en interne tout comme sur le Frontoffice
En 2017, la poste a pu réaliser une croissance de l’ordre de 15% de son C.A. Aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 400 millions de dinars en termes de Chiffre d’affaires