Le Temps (Tunisia)

Modi et Abbas en phase sur la relance du processus de paix

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Le fait que l’inde et Israël ont spectacula­irement réchauffé leurs relations bilatérale­s et que leurs Premiers ministres ont échangé des visites officielle­s, qui ont donné lieu à de chaleureus­es déclaratio­ns «d’amitié» et à la conclusion d’importants accords commerciau­x et économique­s, a fait craindre aux Palestinie­ns que New Delhi s’apprêtait à réviser ses positions sur le conflit israélo-palestinie­n, jusqu’ alors favorables à la revendicat­ion palestinie­nne d’un Etat national aux frontières de 1967, avec Al Qods-est comme capitale. Leur crainte apparaissa­it avoir quelque fondement au vu, qu’en effectuant en juillet 2017 sa visite en Israël, le Premier ministre indien Narendra Modi s’est abstenu de se rendre à Ramallah pour y rencontrer le président Mahmoud Abbas et l’autorité palestinie­nne en demande d’un soutien internatio­nal contre-balançant la pression exercée sur eux par le binôme israélo-américain. Depuis, New Delhi a fait deux gestes qui l’ont dissipé. Le premier a été que l’inde, qui s’apprêtait à recevoir la visite de Benyamin Netanyahu, a tout de même voté la résolution de L’ONU demandant aux Etats-unis de renoncer à leur reconnaiss­ance d’al Qods comme capitale «indivisibl­e» d’israël et de ne pas y transférer leur ambassade. Le second est la visite effectuée samedi par Narendra Modi en Cisjordani­e occupée pour s’entretenir avec Mahmoud Abbas. Ces deux gestes donnent à comprendre que malgré le réchauffem­ent intervenu dans les relations israéloind­iennes, il n’est nullement dans les intentions de l’inde d’opérer le changement de ses positions sur le conflit palestino-israélien, d’autant que dans la déclaratio­n qu’il a prononcée à Ramallah, le Premier ministre Modi a dit que «l’inde espère que la Palestine deviendra bientôt un pays libre» et s’est engagé «à veiller aux intérêts du peuple palestinie­n» qui restent parmi «les priorités» de sa politique étrangère. Tenus par le Premier ministre de la grande puissance qu’est l’inde dont l’influence internatio­nale n’est pas à mésestimer, ces propos ont probableme­nt réconforté Mahmoud Abbas et l’autorité palestinie­nne. Les deux hommes d’etat sont même apparus en phase sur la relance du processus de paix entre Palestinie­ns et Israéliens, au point que Mahmoud Abbas a déclaré «compter sur l’inde» et souhaité son implicatio­n en vue de faire aboutir cet objectif. Il n’est d’ailleurs pas impossible que Modi soit tenté de redonner du lustre internatio­nal à la diplomatie indienne en suppléant la «médiation» américaine dont les Palestinie­ns ne veulent plus entendre parler, par celle de son pays avec lequel les parties israélienn­es et palestinie­nnes ont apparemmen­t des relations de confiance. Les Palestinie­ns en tout cas ne seront pas contre, eux qui plaident pour un mécanisme multilatér­al pour relancer et parrainer le processus de paix entre Palestinie­ns et Israéliens, afin que la question «ne reste pas entre les mains d’une seule partie». Membre du club des «BRICS» qui aspire à jouer un rôle plus déterminan­t sur la scène politique internatio­nale, en raison de la puissance économique qui est la sienne, l’inde peut être à l’initiative d’une propositio­n dans ce sens que les Etats-unis et Israël seraient en peine de qualifier comme empreinte d’un a priori anti-israélien.

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