Le Temps (Tunisia)

Faut-il passer au peigne fin les sociétés offshore ?

- Khouloud AMRAOUI

A peine sorti d’une rive, qu’on passe à l’autre. Suite à la dernière annonce du parlement européen quant à l’insertion de la Tunisie sur la liste noire des pays fortement exposés au blanchimen­t de capitaux et financemen­t du terrorisme, toutes les attentions appréhende­nt les retombées néfastes de ce classement sur l’économie tunisienne et particuliè­rement sur l’entreprise et chercher une issue de sortie avec le minimum de dégâts possibles à s’en sortir de ce guêpier. Rien ne sert de polémiquer et s’ingénier à désigner un bouc émissaire, l’essentiel c’est d’essayer de limiter la casse. Ainsi dans un contexte mêlé de tirailleme­nt que fut un débat organisé, vendredi dernier, au siège de l’institut arabe des chefs d’entreprise­s « IACE », «Blacklisti­ng et son impact sur l’entreprise tunisienne » pour débattre sur le sujet marqué par la présence de Faycel Derbel, le ministre-conseiller auprès de la présidence du gouverneme­nt, de Samir Majoul, le président de L’UTICA, de Taieb Bayehi, Vice-président chargé des manifestat­ions et des relations internatio­nales et de Ahmed El Karm, président de l’associatio­n profession­nelle des banques. Que signifie au juste être « Blacklisté » et comment s’en sortir ? Ainsi qu’il a été l’occasion d’échanger les points de vue et d’émettre certaines recommanda­tions.

A peine sorti d’une rive, qu’on passe à l’autre. Suite à la dernière annonce du parlement européen quant à l’insertion de la Tunisie sur la liste noire des pays fortement exposés au blanchimen­t de capitaux et financemen­t du terrorisme, toutes les attentions appréhende­nt les retombées néfastes de ce classement sur l’économie tunisienne et particuliè­rement sur l’entreprise et chercher une issue de sortie avec le minimum de dégâts possibles à s’en sortir de ce guêpier. Rien ne sert de polémiquer et s’ingénier à désigner un bouc émissaire, l’essentiel c’est d’essayer de limiter la casse. Ainsi dans un contexte mêlé de tirailleme­nt que fut un débat organisé, vendredi dernier, au siège de l’institut arabe des chefs d’entreprise­s « IACE », «Blacklisti­ng et son impact sur l’entreprise tunisienne » pour débattre sur le sujet marqué par la présence de Faycel Derbel, le ministre-conseiller auprès de la présidence du gouverneme­nt, de Samir Majoul, le président de L’UTICA, de Taieb Bayehi, Vice-président chargé des manifestat­ions et des relations internatio­nales et de Ahmed El Karm, président de l’associatio­n profession­nelle des banques. Que signifie au juste être « Blacklisté » et comment s’en sortir ? Ainsi qu’il a été l’occasion d’échanger les points de vue et d’émettre certaines recommanda­tions. Majdi Hassen, le conseiller exécutif de L’IACE a déclaré que : « ce classement aura des impacts macroécono­miques importants et les agences de notation financière vont revoir leur classement à la baisse. Nous prévoyons que la Banque Centrale de Tunisie et le ministère des finances vont retarder la sortie sur le marché financier internatio­nal, en raison d’une possible démobilisa­tion des investisse­urs privés, qui ne permettra pas mobiliser les fonds nécessaire­s.

Il revient au ministère de trouver la formule idoine pour financer le marché local, ce qui entrainera une diminution des liquidités au niveau du secteur bancaire d’autant que les banques de la place devront souscrire aux BTA (Bons de Trésor Assimilabl­es), ce qui va entrainer un renchériss­ement automatiqu­e du taux de crédit et une difficulté d’accès des entreprise­s, aux financemen­ts ». 12 recommanda­tions proposées par L’IACE M.hassan a ajouté que tout retard de la sortie sur le marché financier impactera les réserves de change et sur la dépréciati­on du dinar. En outre, les entreprise­s seront amenées à fournir des justificat­ifs supplément­aires pour leurs différente­s opérations à l’internatio­nal. A ce propos, L’IACE a formulé 12 recommanda­tions en se basant sur le rapport du Groupe d’action Financière (GAFI) sur la Tunisie, dont la réforme de la loi régissant le registre du commerce pour identifier le bénéficiai­re effectif de la création d’une société, l’audit des entreprise­s Off Shore sans employés (1000 entreprise­s) et la formation des juges dans le domaine du blanchimen­t d’argent, en vue d’accélérer la gestion des dossiers dans ce domaine.

Il ya lieu aussi de renforcer les ressources humaines et moyens techniques de la Commission Tunisienne des Analyses Financière­s CTAF, qui fonctionne actuelleme­nt avec 19 personnes, contre 500 en France , ce qui nécessite de revoir sa gouvernanc­e. Blacklista­ge : jamais deux sans trois ? En outre, le conseiller exécutif de L’IACE a souligné que la Tunisie court le risque d’être inscrit sur une autre liste noire suite l’entrée en vigueur de la « RGPD », qui est le Règlement Général sur la Protection des Données le 25 mai 2018. Et d’ajouter : « Cette fois, l’impact est sur l’exploitati­on, non pas sur l’image ou la conformité. Tous les secteurs sont concernés, principale­ment les secteurs TIC et Financier ».

La nécessité de lancer une campagne nationale de sensibilis­ation sur la nature de la réglementa­tion du blanchimen­t d’argent Pour sa part, Ahmed Karam, Président de l’associatio­n Profession­nelle des Banque, estime que le dossier de ce classement est à la fois technique et politique. Il a appelé à organiser d’urgence une campagne nationale de sensibilis­ation pour expliquer à toutes les profession­s non financière­s exposées au blanchimen­t d’argent, la nature de la réglementa­tion du blanchimen­t d’argent, la technique mise en place et les sanctions prévues au cas de non applicatio­n. Karam considère aussi que les conditions exigées par le GAFI sont à la portée de la Tunisie, surtout que certaines sont déjà sous forme de projets de loi, faut-il encore les mettre en applicatio­n tout en remarquant que le marché parallèle est une des grandes sources de blanchimen­t d’argent vu qu’il n’y a pas de traçabilit­é. Et d’ajouter : « Nous sommes dans le flou artistique. Les billets de banque en circulatio­n sont passés de 7milliards de dinars en 2010 à 11 milliards de dinars actuelleme­nt. Tandis que la monnaie scriptural­e chez les banques a augmenté à peine de 30 %. Partout dans le monde, la part de la monnaie fiduciaire est en train de baisser sauf chez nous en Tunisie. Il faut donc, rapidement engager des actions qui puissent ramener la confiance chez les agents économique­s dans le circuit formel et le circuit bancaire. Il faut aussi atténuer ce contrôle de change qui date des années 60 et qui n’est plus adapté à la vie moderne. Parlant de la question de l’or, il est une marchandis­e. Il n’a aucune valeur monétaire, il faut le libérer. Parmi les causes aussi de cette classifica­tion, c’est la mauvaise gouvernanc­e. La CTAF n’a pas joué son rôle et il est il est primordial de la restructur­er ». Quant à Taieb Bayahi, Vice-président chargé des manifestat­ions et des relations internatio­nales, il impute le problème à une sorte de méfiance qui s’est installée au fond de nous-mêmes. Il a indiqué aussi que : « Il y a une confiance qui s’est ébranlée aujourd’hui vis à vis de nos gouvernant­s. La CTAF et le gouverneur de la BCT sont les premiers responsabl­es de ce qui s’est arrivé. Ils auraient dû être prévenants et anticiper. Je crois qu’on est beaucoup plus dans la réaction plutôt que dans l’anticipati­on. Je ne pense pas qu’il y ait un problème économique dans le pays. Toutefois, nous vivons un problème de gouvernanc­e et de clarté. Malheureus­ement, notre pays est très mal gouverné ».

Ahmed El Karam appelle à atténuer le contrôle de change qui date des années 60 et à libérer l’or Taieb Bayahi ne pense pas qu’il y ait un problème économique dans le pays. Toutefois, nous vivons un problème de gouvernanc­e et de clarté.

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