Le Temps (Tunisia)

Vers une désescalad­e?

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Regain de tension entre Israël et la bande de Gaza. Après l’explosion d’une mine au passage d’une de ses patrouille­s à la frontière qui a blessé 4 soldats, Israël a mené une série de bombardeme­nts dans la bande de Gaza la nuit dernière : 18 sites ont été visés. C’est l’une des confrontat­ions les plus violentes entre les deux parties depuis la guerre de 2014. Mais aujourd’hui, l’heure est plutôt à la désescalad­e. Côté gazaoui, l’explosion qui a touché une patrouille israélienn­e est vue comme un acte « de légitime défense » face à Israël qui exerce un blocus sur la bande de Gaza. La situation économique et humanitair­e de l’enclave palestinie­nne s’est profondéme­nt détériorée ces derniers mois. Et les factions de Gaza en tiennent le gouverneme­nt israélien et les autorités de Ramallah pour responsabl­es. Pas de condamnati­on donc à Gaza de l’attaque qui a déclenché les hostilités de samedi. Mais pas de revendicat­ion non plus. Aucun groupe armé ne veut porter pour le moment la responsabi­lité de cet incident que les factions espèrent isolé. « Ce n’est pas dans notre intérêt d’aller à la confrontat­ion ouverte avec Israël », assure Daoud Shehab, le porte-parole du Jihad islamique. « Nous voulons que Gaza reste calme », affirme pour sa part Ghazi Hamad, l’un des cadres du Hamas. Si les groupes armés de Gaza ont répondu aux premiers raids israéliens ce samedi, ils n’ont pas réagi après la dernière vague de frappes. Aucune partie ne souhaite une escalade. La force de frappe d’israël est nettement supérieure à celle des groupes gazaouis : « Nous ne voulons pas d’une guerre, car nous n’avons pas les mêmes armes que les Israéliens », dit le porteparol­e du Jihad islamique. Mais Ghazi Hamad prévient : « Cela n’arrêtera pas les Palestinie­ns ». Des Palestinie­ns asphyxiés, juge-til. Et ce cadre du mouvement islamiste réclame un desserreme­nt du blocus sur la bande de Gaza. « Les gens ne le toléreront plus », prévient-il.

« En théorie, je pense que le Hamas, le Jihad islamique palestinie­n et Israël ne veulent pas d’une escalade, explique Omar Chaabane, politologu­e et directeur du groupe de réflexion palestinie­n Palthink. Ils se sont fait passer le message clairement. Mais cela ne veut pas dire que des groupes, ici ou là, ou même que des individus ne vont pas essayer non de déclarer une grande guerre mais de se faire entendre par les Israéliens, de dire que la situation à Gaza n’est plus supportabl­e et que les Israéliens ne devraient pas se sentir en sécurité ». « La question est de savoir si le Hamas peut empêcher 100% de ces initiative­s, poursuit-il. Le Hamas fait de son mieux pour éviter une escalade. Mais aucun gouverneme­nt ne peut prévenir totalement la violence. Parce que cette colère, ce désespoir parmi la population est croissant. Et vous ne pouvez pas contrôler 2 millions de personnes quand 90% d’entre elles vivent dans des conditions très difficiles ».

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