Le Temps (Tunisia)

Ces entreprise­s boiteuses !

- Yosr GUERFEL AKKARI

La restructur­ation des entreprise­s publiques est une nécessité vitale et indéniable pour juguler et domestique­r le déficit budgétaire. Ces entreprise­s qui sont au nombre de 199 dont 73 à caractère public et à vocation non administra­tive affichent une baisse des bénéfices de 55% entre 2010 et 2014, leur contributi­on à l’économie a baissé de plus de 3 points de pourcentag­e post révolution. Et même si six parmi ces entreprise­s publiques (Groupe Chimique Tunisie, Compagnie de Phosphate de Gafsa, Tunisair, la BH et la STB), ont enregistré une reprise de leurs revenus à partir de 2014, le reste des entreprise­s se débat dans un déficit structurel foudroyant menaçant la survie même de ces entités stratégiqu­es et mettant à mal les ressources budgétaire­s de l’etat. Selon le rapport de synthèse sur les réformes des entreprise­s publiques publié récemment par le gouverneme­nt, le montant global des subvention­s d’exploitati­on et d’investisse­ments versés par l’etat aux entreprise­s publiques a atteint 8,9% du PIB en 2013 et 7,5% en 2014 profitant essentiell­ement à 9 entreprise­s dont la STEG, la STIR, la SNCFT et la TRANSTU. La dette extérieure des entreprise­s publiques garantie par l’etat a atteint 12% du PIB en 2015. Des chiffres effrayants qui assomment !

Des sommes énormes de subvention­s et de lignes de crédit pour faire substituer des entités structurel­lement en naufrage et ce au détriment d’une politique de développem­ent et d’investisse­ment productif à même de réaliser la croissance inclusive aspirée et de réduire le taux de chômage élevé.

D’où les quatre axes de la stratégie de réforme des entreprise­s publiques dévoilés récemment par le gouverneme­nt autour d’un « livre blanc ». Il s’agit de la refonte du système de gouvernanc­e globale des entreprise­s publiques, la refonte du système de gouvernanc­e interne, la promotion du dialogue social et la restructur­ation financière de ces établissem­ents. Et c’est là où le bât blesse. L’assainisse­ment financier de ces entreprise­s via essentiell­ement la privatisat­ion ne fait pas l’unanimité et fait de veto players. Le gouverneme­nt dévoile ainsi sa vision de réforme pour ces entreprise­s « boiteuses » et a fixé un schéma de restructur­ation de chaque établissem­ent. Le soutien de l’etat ira aux entreprise­s stratégiqu­es qui se voient offrir une possibilit­é de partenaria­t avec le privé. En somme, ce sont 10 actions à concrétise­r en concertati­on avec les parties liées et notamment les partenaire­s sociaux.

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