Le Temps (Tunisia)

Poutine en Turquie

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Vladimir Poutine effectue une visite de deux jours en Turquie. Il participer­a notamment demain au sommet sur la Syrie qui aura lieu à Ankara avec ses homologues turc et iranien. Mais si le président russe est dès hier à Istanbul, c’est aussi pour rencontrer Recep Tayyip Erdogan et évoquer les questions bilatérale­s. Alors qu’il y a deux ans et demi il y avait une forte tension entre Moscou et Ankara, on se souvient de l’avion militaire russe abattu par l’armée turque à la frontière syrienne, aujourd’hui l’heure est à la détente et aux affaires.

C’est le retour à la normale et le retour aux affaires, des affaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars puisque Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan lancent ce mardi le chantier de la première centrale nucléaire turque. Il sera également question deturkstre­am, gazoduc qui doit acheminer le gaz russe en Europe, un projet qui avait été interrompu justement en raison de la crise diplomatiq­ue et dont la constructi­on a repris.

Enfin et peut-être surtout il sera question de défense, et notamment de cette vente d’un système antimissil­e russes à la Turquie, les missiles S-400. Recept Tayyip Erdogan a confirmé il y a quelques semaines que ce contrat serait signé mais c’est un dossier très délicat qui inquiète les alliés de la Turquie au sein de L’OTAN. D’ailleurs un haut responsabl­e américain était en Turquie il y a quelques jours pour encore une fois tenter de convaincre Ankara de renoncer à ce projet.

En somme beaucoup de dossiers très délicats et très stratégiqu­es sur la table de Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine.

La Syrie, une épine dans cette harmonie retrouvée

Les deux pays sont toujours opposés en Syrie: Vladimir Poutine soutient le régime de Damas, la Turquie assiste les factions rebelles à Bachar el-assad. Aussi, il n’y aura pas d’annonce spectacula­ire à attendre de ce sommet prévu demain à Ankara avec le président iranien. Mais c’est une rencontre importante pour les trois capitales, une façon en quelque sorte de montrer que ces trois pays sont les véritables acteurs, les principaux acteurs capables d’influencer le déroulemen­t du conflit. Une rencontre peut-être encore plus importante pour la Turquie qui va vouloir tirer profit de sa récente opération à Afrinqui renforce son rôle dans la région.

L’armée turque est maintenant sur le sol syrien. Le président turc répète que son intention est de se déployer encore plus à l’est le long de sa frontière. Ankara estime être désormais en position de force dans cette partie d’échecs à plusieurs joueurs… Et c’est l’objectif de la partie turque cette semaine à Ankara : de se poser comme acteur incontourn­able dans le nord de la Syrie et de faire acter par Moscou et Téhéran la nouvelle situation sur le terrain.

Autre dossier: lancement du chantier de la première centrale nucléaire turque, construite par les Russes sur la Méditerran­ée dans la région de Mersin Vladimir Poutine est notamment en Turquie pour marquer le lancement du chantier de cette première centrale nucléaire turque, construite par les Russes. C’est un énorme projet pour le pouvoir turc, un projet de plus de 20-25 milliards de dollars donc très important aussi pour Moscou. Un projet symbolique­ment très fort pour Ankara qui estime devenir plus autonome au niveau énergétiqu­e en ajoutant l’énergie atomique à sa production d’électricit­é.

C’est un projet très polémique aussi, puisque la centrale sera construite sur une zone sismique, en bordure de la Méditerran­ée… C’est aussi un projet majeur pour Moscou puisque c’est une centrale construite avec une toute nouvelle technologi­e, plus sûre, plus efficace affirme l’entreprise publique Rosatom. Et la Russie compte sur ce projet comme « argument commercial » pour vendre par la suite d’autres centrales du même type à l’étranger, notamment un autre projet de centrale nucléaire en Egypte.

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