L’ONU récolte 2 milliards de dollars d’aides d’urgence
Guerre au Yémen
Guerre au Yémen
Après trois ans de conflit, et 10 000 morts, le Yémen traverse actuellement « la pire crise humanitaire dans le monde », selon les Nations unies. Deux millions de déplacés manquent de tout. Pour venir en aide aux 13 millions de Yéménites qui survivent difficilement dans leur pays, L'ONU a organisé mardi 3 avril 2018 à Genève une conférence de donateurs, et a recueilli plus de 2 milliards de dollars.
Les résultats de la conférence du 3 avril sur le Yémen sont encourageants, selon le secrétaire général de L'ONU. « Les promesses annoncées représentent plus de 2 milliards de dollars, et si vous comparez avec le milliard de dollars récolté l'an dernier, nous avons pratiquement doublé les dons », relate M. Guterres.
Les Nations unies réclamaient 3 milliards de dollars d'aide d'urgence. « Mais lors de la conférence des donateurs de l'an dernier, nous avions récolté 1 milliard et finalement, nous avons eu plus de dons que prévu : 1,7 milliard de dollars car les donateurs ont été plus généreux », précise le secrétaire général.
« Les ressources humanitaires ne sont pas suffisantes »
Antonio Guterres qualifie la situation au Yémen de « pire crise humanitaire dans le monde ». D'où cet appel : « Aussi importantes soient-elles, les ressources humanitaires ne sont pas suffisantes. Nous avons besoin de toutes les parties impliquées dans ce conflit pour faire respecter le droit international humanitaire. » Et l'ancien numéro un du HCR d'appeler à « un processus politique sérieux pour aboutir à une solution politique » dans ce pays. « Les crises humanitaires ne se sont jamais résolues uniquement par des réponses humanitaires. Les solutions ont toujours été politiques et au Yémen, c'est ce dont nous avons besoin. »
« On n’a pas d’autre solution que de faire ce qu’on peut »
Tout juste rentré de deux années passées au Yémen comme chef de la délégation du Comité international de la Croix-rouge (CICR), Alexandre Faite participait à la conférence de Genève. En attendant un règlement politique du conflit, les besoins sont très importants, « énormes », nous fait-il remarquer. Et la situation se dégrade encore.
« Le fait qu’il faille un règlement politique, c’est absolument évident », mais « en attendant ce règlement politique, ma foi, on n’a pas d’autre solution que de faire ce qu’on peut, avec l’aide humanitaire, et en espérant le meilleur respect possible du droit international humanitaire. »
« On meurt au Yémen faute de pouvoir soigner les maladies »
« Sur les deux années où j’ai été là-bas, j’ai vraiment vu que la situation du pays devenait de plus en plus mauvaise, continue M. Faite. Au Yémen, les effets directs du conflit, des hostilités, sont déjà relativement importants, mais de manière très significative. Il y a aussi tous les effets indirects. »
« Aujourd’hui, explique Alexandre Faite, on meurt au Yémen faute de pouvoir soigner des maladies qui sont facilement soignables. On meurt du choléra. On n’a pas accès à l'électricité de ville. On est dans une situation dans le pays qui est en train de tomber vraiment très, très bas. Et c’est une situation très inquiétante. »
« Réaffirmer la nécessité que le commerce reprenne ses droits »
Pour l'ancien chef de la délégation du CICR, « cet argent sera le bienvenu. Il sera très nécessaire pour faire face à tout ce qui s’annonce. » Mais la priorité désormais, selon Alexandre Faite, c'est la levée totale du blocus saoudien sur les marchandises. « Même s'il a été allégé, il paralyse encore plus le pays. »
« Dans cette conférence, il a été réaffirmé l’importance de l’aide humanitaire. Il a été réaffirmé l’importance du droit international, humanitaire en particulier. Et ce qui m’a plutôt réjoui, c’est qu’il a été réaffirmé la nécessité que le commerce - donc l’entrée des biens de nécessité -, reprenne ses droits », conclut M. Faite.