Un message aux journalistes?
Kidnapping du fils d’un correspondant régional de la TAP
C’est une histoire rocambolesque qui laisse perplexe et surtout inquiet. Le fils du journaliste Mouldi Zouabi, correspondant de l’agence Tunis Afrique Presse (TAP) et Secrétaire Général de la section nord-ouest du SNJT, a été kidnappé jeudi à Jendouba et séquestré dans une voiture pendant plus de 3 heures avant d’être relâché en pleine nature.
C'est une histoire rocambolesque qui laisse perplexe et surtout inquiet. Le fils du journaliste Mouldi Zouabi, correspondant de l'agence Tunis Afrique Presse (TAP) et Secrétaire Général de la section nord-ouest du SNJT, a été kidnappé jeudi à Jendouba et séquestré dans une voiture pendant plus de 3 heures avant d'être relâché en pleine nature. L'enfant de 12 ans est encore sous le choc de cette terrible épreuve. A l'heure où ces lignes sont rédigées, ses ravisseurs n'ont pas encore été identifiés et arrêtés.
Le kidnapping s'est passé vers 19h au centre de Jendouba, à proximité de la maison familiale. L'enfant marchait seul dans la rue quand une voiture s'est approchée de lui et on l’a contraint de force à y monter. A bord du véhicule quatre individus, tous des hommes et deux d'entre eux avaient les visages cachés. Les deux autres portaient, selon les déclarations du père, une barbe assez longue. Un détail qui a ou non son importance puisque cette barbe est souvent assimilée à des extrémistes et que le journaliste avait dans le passé été menacé par des groupuscules extrémistes.
Le garçon a subi pendant trois heures un long interrogatoire durant lequel ses ravisseurs lui ont posé toutes sortes de questions, toutes relatives à ses parents et à leurs professions. Même s'il n'a pas subi de sévices corporels, l'enfant est encore sous le choc, surtout qu'il a été rudement intimidé et que ses bourreaux ont menacé de tuer son père s'il ne leur disait pas la vérité, toute la vérité. Ce n'est qu'au bout de trois heures que l'enfant a été relâché dans un endroit isolé, éloigné de la ville alors qu'il faisait sombre. Il a dû marcher longtemps avant de trouver un café dans lequel il s'est réfugié et a pu contacter ses parents. Entre temps, le journaliste Mouldi Zouabi a reçu un appel téléphonique de la part d'un inconnu qui l'a informé que son fils était avec lui et qu'il allait le rappeler pour fixer les termes d'accord de sa libération. Heureusement que le supplice de l'enfant n'a pas duré des jours et des semaines, mais cette expérience n'en reste pas moins traumatisante pour lui, sa famille et son entourage.
Une enquête a été ouverte suite à ce malheureux épisode et les autorités travaillent d'arrache-pied pour déterminer les circonstances de ce kidnapping et à arrêter les ravisseurs, mais ce geste n'était-il pas un avertissement pour son journaliste de père et tous les professionnels du métier ? N'est-ce pas là une mise en garde pour semer la peur et raviver l'inquiétude dans le rang des journalistes ?
Mouldi Zouabi n'a t-il pas fait l'objet, à maintes reprises, de menaces de mort ? Cet enlèvement relève-t-il d'un différend d'ordre personnel ou bien professionnel ? C'est ce que cherche aujourd'hui à déterminer l'enquête en cours. Toujours est-il que le message d'intimidation est passé, mais ce que ne savent pas ces criminels, qui s'en sont lâchement pris à un enfant sans défense, c'est que la terreur n'atteint pas le coeur des braves et que ni les menaces, ni la censure et encore moins la violence ne sauront plus brimer la liberté de parole en Tunisie qui restera à jamais libre car chèrement acquise.