Le Temps (Tunisia)

Pour qui? Et pourquoi ainsi?

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La tenue de l’épisode 13, comme ainsi nommé par les organisate­urs du festival internatio­nal : « Jazz à Carthage », nous renvoie à une question, devenue sempiterne­lle, celle relative au lieu d’organisati­on de ce genre de manifestat­ion artistique. D’ailleurs, les festivals de Jazz en Tunisie constituen­t encore et toujours un véritable complexe aussi bien pour leurs organisate­urs, que pour les parties étatiques et privées pour le public et pour ls journalist­es. Et déjà, « Jazz à Carthage » n’a nullement lieu à Carthage ! C’est plutôt un : « Jazz à Gammarth » et cela sonnerait encore mieux et plus juste pour innover, un tant soit peu. Car ses organisate­urs semblent avoir suivi les pas de Gustave Flaubert dans son roman « Salammbô » qui commence ainsi : « C’était à Mégara, dans les faubourgs de Carthage... » Flaubert avait bien défini le lieu de son histoire, car là, nous sommes à l’entrée de l’actuelle Gammarth. Mais pour certains Tunisiens, la Tunisie, c’est Carthage et viceversa ! Mais cela est valable seulement dans l’histoire ! On reste ébahis devant ces choix et bouche bée, alors que Tunis vient d’avoir sa Cité de la Culture qui compte une salle de concerts qui rivalise avec les plus grands opéras à tous les niveaux techniques et acoustique­s, en plus de sa capacité d’accueil des spectateur­s potentiels. Et on allait l’oublier, le ministère des affaires culturelle­s est le premier partenaire de ce festival. Sic ! Et si le Jazz est une musique populaire, elle est restée élitiste sous nos cieux et institutio­nnelle sur les bords. Et hormis les journalist­es dont les organismes se chargent de leur transport, les autres devront-ils se déplacer à leurs frais ? La réponse est négative, car le lieu des spectacles n’est pas la porte à côté. Et si c’était à Carthage ? On aurait au moins pris le TGM. Les frais du transport en taxi, pour quelques spectacles, « boufferait » le quart du salaire du chevalier de la plume, critique musical, de surcroit. Le travail est souvent mal récompensé, dit le proverbe. A bon entendeur, salut.

Lotfi BEN KHELIFA

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